C’est cette semaine, a priori, que nous connaîtrons le nom du prochain locataire de la Maison Blanche. Toutefois, de nombreuses incertitudes demeurent. Le scrutin peut être contesté, par exemple. Il n’est donc pas improbable que les investisseurs privilégient les valeurs refuge, en priorité le dollar et l’or, en attendant d’y voir plus clair.
En Europe, la situation macroéconomique n’est pas réjouissante. Les dernières statistiques montrent que la récession en Allemagne commence à peser sur les autres pays européens. En France, les discussions sur le budget entraînent un accroissement de l’aversion au risque – les ménages ne soutiennent pas la croissance, tandis que les entreprises sont logiquement enclines à être prudentes quant aux investissements. Nous estimons que le projet de budget présenté par le gouvernement (qui peut être amendé) va entraîner une baisse du PIB comprise entre 0,8 point et 1 point l’an prochain. Cela signifie que la croissance pourrait être proche de zéro. Il ne suffira d’ailleurs pas de grand-chose pour causer une récession. Si le commerce international ralentit, cela pourrait nuire aux exportations – qui ont été un élément de soutien de l’économie – et provoquer une récession. L’Europe du Sud ne s’en sort pas trop mal. C’est malheureusement insuffisant pour enclencher un cycle vertueux en Europe.
Ce qui est frappant, c’est que rien ne semble être en mesure de permettre une sortie de la stagnation économique. Nous avons la chance d’avoir une baisse du loyer de l’argent qui intervient au même moment qu’une baisse des intrants dans le cycle de production (énergie et métaux industriels). Mais, patatras, il y a l’incertitude fiscale et la hausse des taxes en face.
Cette situation va structurellement favoriser une fuite des capitaux en Europe, qu’on observe déjà, et un euro faible. Même si beaucoup de facteurs entrent en compte à court terme, une économie forte induit en général une monnaie forte sur le long terme. C’est justement ce qui se produit outre-Atlantique. Dans les dernières enquêtes d’opinion menées auprès des entreprises et des ménages américains, on perçoit bien un peu d’attentisme en lien avec le scrutin présidentiel – c’est normal. Tous les indicateurs sont toutefois au vert. Alors qu’en France, la croissance potentielle a chuté après la Covid autour de 0,8%, elle a augmenté autour de 2,2% outre-Atlantique. Tout est dit. Comment l’euro peut prétendre rivaliser durablement avec le dollar dans ces conditions ?
Le point technique
À l’approche du scrutin, les Trump trades* ont le vent en poupe. Le dollar américain était en nette hausse lors des dernières séances face à quasiment toutes les contreparties, mais surtout le yuan chinois, le peso mexicain et l’euro. Le taux de rendement des obligations souveraines américaines a augmenté également – ce qui constitue un élément de hausse du dollar. La volatilité commence à s’accroître sur le marché des changes. Enfin, les devises émergentes sont toutes en baisse face au dollar ainsi que les prix des matières premières. Bien évidemment, ces Trump trades pourraient être rapidement débouclés s’il apparaît clairement que Trump a perdu.
*en référence aux actifs financiers qui pourraient bénéficier d’une victoire de Trump.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0709 | 1,0745 | 1,0901 | 1,0922 |
EUR/GBP | 0,8233 | 0,8279 | 0,8413 | 0,8445 |
EUR/CHF | 0,9290 | 0,9323 | 0,9488 | 0,9503 |
EUR/CAD | 1,4945 | 1,5001 | 1,5190 | 1,5222 |
EUR/JPY | 163,33 | 164,98 | 167,11 | 167,34 |
Les annonces à suivre
Sans surprise, l’élection présidentielle américaine est évidemment le principal point d’attention de cette semaine…Elle amène son lot d’incertitudes. Le résultat est très difficile à prédire car dans 7 ou 8 États clés, le vote pourrait basculer d’un côté ou de l’autre. Cela renforce la possibilité d’une élection contestée et de troubles électoraux. La campagne a été verbalement violente des deux côtés. Historiquement, les fonds spéculatifs se positionnent à l’achat sur le dollar américain les semaines précédant le scrutin. C’est justement ce qui s’est produit. Dans la foulée des résultats, ils prennent généralement leurs bénéfices, ce qui tend à faire chuter le dollar. Cette fois-ci ce n’est pas certain. Tout va dépendre du résultat. Il n’est pas improbable qu’on assiste à des recomptages dans certains États, à de nombreux recours juridiques qui feront que nous n’aurons pas immédiatement le nom du vainqueur. Bref, c’est une période potentiellement de très forte volatilité qui s’annonce. Dans ces circonstances, il n’est pas exclu que les investisseurs se ruent sur les valeurs refuge : le dollar et l’or, en priorité.
La Réserve Fédérale aura la lourde tâche de baisser de nouveau les taux directeurs cette semaine. Sauf catastrophe (exemple : émeutes etc.), nous pensons qu’elle va suivre sa feuille de route et baisser son taux directeur de 25 points de base. La Banque d’Angleterre, qui n’a pas à potentiellement gérer une crise politique, devrait agir de manière similaire.
Enfin, les législateurs chinois se réunissent depuis ce matin, jusqu’au 8 novembre, pour éventuellement discuter d’un plan de relance budgétaire. Beaucoup d’analystes considèrent que la Chine pourrait annoncer un plan si Trump est élu. Là encore, les incertitudes sont nombreuses. Nous doutons toutefois que la Chine va opérer une dévaluation de sa monnaie (ce qui est évoqué par des analystes) en cas de victoire du candidat républicain. C’est présenté comme une mesure de rétorsion face à la mise en place de tarifs douaniers à hauteur de 60% sur toutes les importations américaines en provenance de Chine.
Le maître-mot de cette semaine : prudence.
Pensez absolument à bien couvrir vos positions. La volatilité pourrait ne pas uniquement concerner les paires en USD.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 05/11/2024 | X | USA | Scrutin présidentiel | Forte volatilité, possibilité que l’élection soit contestée. |
Le 07/11/2024 | 13:00 | UK | Réunion de la banque centrale | Probable baisse du taux directeur de 25 points de base |
Le 07/11/2024 | 19:00 | USA | Réunion de la banque centrale | Scénario central : baisse du taux directeur de 25 points de base |
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