Ça se gâte pour l’Europe et pour l’euro. Au lent décrochage économique s’ajoute désormais le risque de crise politique en France. On ne peut qu’être pessimiste dans ces conditions pour la monnaie unique. La bonne nouvelle de la semaine, c’est qu’une crise des pays émergents nous semble peu probable, même si le dollar reste fort dans les années à venir.
Le lent décrochage de la zone euro se poursuit. Évidemment, les turpitudes politiques en France et le risque de censure du gouvernement n’arrangent rien. La semaine passée, le taux d’emprunt de la France a bondi au-dessus de celui de la Grèce pour des maturités allant jusqu’à neuf ans, par exemple. Mais le problème est plus profond. L’Europe est incapable de faire face à la concurrence chinoise et américaine. Le coût des intrants, en particulier de l’énergie, est trop élevé en Europe. Le continent européen est également un déversoir pour la surproduction chinoise, ce qui pousse l’inflation à la baisse (positif pour les consommateurs) mais contribue au processus de désindustrialisation. La situation est telle que la France est désormais plus pauvre que le plus pauvre des 50 États américains, le Mississippi. Les autres pays européens ne sont pas dans une meilleure position. Dernier problème en date : le renforcement de l’attractivité financière américaine au détriment de la zone euro. Outre-Atlantique, les rendements sur les titres de dette et sur les actions sont sans commune mesure avec ce qui existe sur le Vieux-Continent. Résultat : les épargnants préfèrent logiquement vendre leurs avoirs en euros (par exemple des actions françaises) et acheter des avoirs en dollars pour bénéficier d’un rendement aussi important que possible. Ces flux massifs de capitaux qui vont de l’Europe vers les États-Unis expliquent en grande partie la chute récente de l’euro. Et ça ne devrait pas s’arranger dans les mois à venir ! L’Europe semble de plus en plus condamnée à être un vaste musée pour la classe moyenne européenne et américaine.
À l’inverse, l’économie américaine continue d’afficher une solidité impressionnante. Avec un déficit public qui devrait être autour de 5-7% du PIB dans les années à venir, et qui permet d’irriguer l’économie américaine en capitaux, le risque d’une récession est très faible (à moins qu’elle ne commence par une crise financière). Le marché de l’immobilier est peu dynamique, mais résilient. Les ménages américains dans leur majorité ont un patrimoine financier qui a explosé ces derniers mois, avec la hausse fulgurante de la bourse américaine. Enfin, la politique de tarifs douaniers de Trump pourrait être un nouveau facteur incitant les entreprises étrangères à relocaliser leur savoir-faire, leurs capitaux et leurs usines aux États-Unis. Ce n’est pas le meilleur des mondes. Mais ça y ressemble étrangement. C’est, sans surprise, un contexte favorable pour le dollar américain.
Par le passé, les cycles haussiers du dollar étaient synonymes de crise des pays émergents. Mais ça, c’était avant. Les pays émergents possèdent des fondamentaux plus solides. Ils ont mieux géré la crise Covid que les pays du G10. Enfin, ils ont un niveau de dette extérieur souvent inférieur à 60% du PIB et n’ont pas de problème majeur de soutenabilité de leur dette.
Prenons l’Argentine. Il y a quelques trimestres de cela, le pays était au bord de la banqueroute. Le président Javier Gerardo Milei a mis en œuvre une thérapie de choc : baisse de 30% des dépenses publiques (seules les allocations universelles aux ménages ont été sanctuarisées), diminution du nombre de fonctionnaires (-75,000 en un an), suppression de plus de 50 agences de l’État, fin des transferts budgétaires aux provinces etc. Les premiers résultats sont encourageants : la croissance redémarre, la dérive des prix a été stoppée (inflation divisée par dix) et le déficit budgétaire qui était autour de 6% du PIB à son arrivée au pouvoir devrait être résorbé l’an prochain. Cela a créé quelques remous sur le peso, sans surprise. Mais ils ont été rapidement endigués par la banque centrale.
La Turquie était également dans une situation proche. Le retour à l’orthodoxie budgétaire et monétaire porte ses fruits : contrôle de l’inflation, dédollarisation du système financier, accroissement de la liquidité du marché des capitaux, amélioration nette de la balance des paiements via une baisse des importations, hausse de la note de crédit du pays et baisse de la volatilité du taux de change de la monnaie locale.
En résumé : une crise des pays émergents nous paraît peu probable, même si le dollar reste fort dans les années à venir.
Couverture de changes 2025
Comme nous l’avons signalé, la volatilité fait son grand retour sur le marché des changes. Le renforcement du dollar n’arrange pas les affaires de nombreux importateurs en cette période de préparation des budgets prévisionnels et de validation des cours budget pour l’année 2025. Si vous souhaitez échanger avec nos équipes sur les tendances qui se dessinent, les stratégies de couvertures adaptées à vos objectifs ou faire un audit global de la gestion de vos flux en devises étrangères, vous pouvez réserver un échange avec notre salle de marché. C’est gratuit, sans engagement, et cela nous permet d’échanger avec nos lecteurs !
Le point technique
Sur le marché des changes, l’EUR/USD s’est un peu stabilisé la semaine dernière. Mais ce n’est certainement que temporaire. Tous les signaux sont allumés pour avoir une baisse plus importante de l’euro. Nous ne faisons pas partie de ceux qui considèrent qu’un retour à la parité soit envisageable à court terme. En revanche, nous pourrions avoir une chute vers 1,04-1,0350 dans les mois à venir. Prudence. C’est peut-être aussi le moment d’ouvrir son portefeuille de couvertures à d’autres stratégies que les traditionnels contrats à termes. Vous pouvez retrouver un aperçu de ces stratégies en vidéo ici.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0400 | 1,0420 | 1,0644 | 1,0705 |
EUR/GBP | 0,8244 | 0,8289 | 0,8401 | 0,8422 |
EUR/CHF | 0,9249 | 0,9289 | 0,9401 | 0,9421 |
EUR/CAD | 1,4583 | 1,4605 | 1,4802 | 1,4843 |
EUR/JPY | 157,35 | 158,00 | 161,13 | 161,99 |
Les annonces à suivre
Comme chaque début de mois, l’attention va se porter sur l’emploi américain. C’est l’une des dernières statistiques majeures avant la réunion de la Réserve Fédérale américaine (Fed) de décembre. Elle permettra peut-être au marché de trancher une épineuse question : est-ce que la Fed va baisser ses taux de 25 points de base ou faire une pause ? Chez Mondial Change, nous tablons toujours sur une baisse de taux. Contrairement à d’autres analystes, nous ne considérons pas que le résultat de l’élection présidentielle américaine de novembre ait changé quoi que ce soit au processus d’assouplissement monétaire entamé en septembre.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 02/12/2024 | 16:00 | USA | ISM manufacturier (Novembre) | Précédent à 46,5. |
Le 04/12/2024 | 16:00 | USA | ISM non manufacturier (Novembre) | Précédent à 56. |
Le 06/12/2024 | 14:30 | USA | Rapport sur l’emploi (Novembre) | Précédent à 4,1% pour le taux de chômage. |
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