Patience

Retour au calme sur le marché des devises. La Chine assouplit un peu sa politique monétaire tandis que les États-Unis sont en stand-by et que la zone euro se prépare à dégainer une nouvelle baisse des taux. Attention toutefois, l’été est toujours propice à un regain de volatilité. Il faut être prudent.

Finalement, il va falloir faire preuve de patience. Au cours des derniers jours, plusieurs membres de la Réserve Fédérale américaine (Bostic, Williams en particulier) ont laissé entendre que les taux vont rester inchangés en juin et en juillet car il faudra plusieurs mois afin d’évaluer l’impact de la guerre tarifaire sur l’inflation et la croissance. « Ce ne sera pas en juin ni en juillet que nous aurons une meilleure visibilité de la situation », a indiqué Williams, président de la Fed de New York. Dans le meilleur des cas, ce ne sera qu’en septembre qu’une baisse des taux aura lieu, certainement de -25 points de base. Le marché monétaire a rapidement ajusté ses anticipations dans la foulée sans que cela ne provoque trop de remous sur les paires en USD. C’est la bonne nouvelle de la semaine.

Petite surprise du côté chinois avec une baisse inattendue du taux de réserve obligatoire des banques. Contrairement aux banques centrales des pays développés qui n’ont plus recours à cet outil, la Chine l’utilise abondamment afin d’injecter de la liquidité dans l’économie. Une baisse du taux permet aux banques de prêter davantage. Mais cela a pour effet négatif d’accroître l’endettement. Depuis la crise financière de 2007-08, la base monétaire en Chine a augmenté en moyenne de 13% par an. C’est massif. En se basant sur le taux de change actuel de la paire USD/CNY, elle est deux fois plus importante que celle des États-Unis. Concrètement, cela signifie que la croissance chinoise est en grande partie artificielle, stimulée par un excès d’argent dans le système économique et financier qui conduit inexorablement à une explosion de la dette et des investissements non productifs. Rien de très joyeux…

L’Europe fait également grise mine, notamment la France dont la prévision de croissance pour cette année a été révisée à la baisse à 0,6% par la Commission Européenne contre 0,8% initialement. La conjoncture est toujours défavorable, marquée par une contraction des dépenses en capital des entreprises en France depuis la mi-2023, après un fort rebond post-Covid. Il est peu probable que les 20 milliards d’euros mis sur la table à l’occasion de la grande messe annuelle de « Choose France », et qui seront débloqués sur plusieurs années, seront suffisants pour compenser le manque d’investissement des entreprises françaises qui pourrait encore continuer longtemps d’après les enquêtes menées auprès des chefs d’entreprise. Comme toujours, on ne s’attaque pas aux nœuds du problème. Les événements médiatiques qui permettent de montrer à quel point nous sommes un hôte accueillant, c’est bien. Ce qui est mieux, c’est de créer et d’entretenir un terreau fertile pour les entreprises au quotidien. Soyons concrets : les entreprises ont besoin d’une fiscalité et d’un coût du travail compétitifs, d’un prix de l’énergie concurrentiel, de foncier disponible, de normes et réglementations adaptées, ainsi que d’une main-d’œuvre qualifiée. C’est sur ces paramètres que nous devons muscler notre jeu. Le reste n’est que badinage et opération de communication savamment orchestrée. Espérons que les choses vont changer. Sinon, nous risquons d’être condamnés à avoir une croissance atone.

Le point technique

Sur le marché des changes, la volatilité est en baisse. Nous continuons de penser que la bonne performance de l’euro depuis le début d’année n’a pas vocation à durer. Elle ne reflétait pas un retour de la confiance des investisseurs concernant l’économie de la zone – celle-ci est d’ailleurs en berne. Elle était en réalité la conséquence de flux de capitaux massifs qui sont venus se recycler sur les actions européennes décotées. Ces flux ont commencé à se tarir à partir du mois d’avril. Si cela continue, l’euro pourrait perdre un peu de sa superbe.

Attention si vous êtes exposés au yen japonais. La dernière publication du régulateur boursier américain montre que les spéculateurs sont très massivement positionnés à l’achat sur la devise. Lorsqu’il y a un tel consensus de marché, ce n’est jamais sain. C’est souvent dans ces circonstances qu’on observe un revirement brutal de tendance.

Enfin, pas de grands mouvements sur le dollar australien après la décision largement attendue de la baisse des taux de 25 points de base par la Banque de Réserve d’Australie.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,11231,12001,13991,1434
EUR/GBP 0,83190,83700,85000,8538
EUR/CHF 0,91900,92470,93990,9430
EUR/CAD 1,54101,55591,57121,5758
EUR/JPY 160,19160,99163,90164,50

Les annonces à suivre

C’est une nouvelle semaine qui sera marquée par les statistiques américaines. La confiance du consommateur, mesurée par le Conference Board, sera publiée demain pour le mois de mai. En outre, le PCE core, qui est l’indicateur préféré de la Fed pour suivre l’inflation, est prévu en fin de semaine. Peu importe le chiffre final, cela ne devrait pas infléchir la trajectoire de la politique monétaire pour l’instant. Comme nous l’avons rappelé plus haut, elle est en stand-by au moins pour tout l’été (sauf accident de liquidité sur les marchés financiers, mais c’est une hypothèse peu probable).

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 27/05/202516:00USAConfiance des consommateurs (Mai)Précédent à 86.
Le 30/05/202514:00ALLInflation (Mai)Précédent à 0,4% sur un mois.
Le 30/05/202514:30USAPCE core (Avril)Précédent à 2,6% sur un an.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.