Pauvre France

À long terme, nous sommes convaincus que le dollar va rester fort, en particulier face à l’euro. Cela s’explique par la surperformance économique et boursière de l’économie américaine, un niveau élevé de productivité (3% cette année selon nous) et par la rareté des avoirs en dollars qui fait que structurellement le billet vert est haussier.

La volatilité est restée contenue sur le marché des changes la semaine dernière. Seul point notable : les fonds spéculatifs ont renforcé considérablement leurs positions acheteuses sur le yen japonais. L’incertitude concernant l’éventualité d’une nouvelle hausse des taux par la Banque du Japon au quatrième trimestre ne semble pas avoir exercé une influence durable sur le positionnement des investisseurs.
On observe également un certain attentisme sur les paires en USD qui est logique juste avant le scrutin de novembre. Historiquement, le billet vert baisse de 5% sur les cinq séances suivant l’élection. Beaucoup de fonds se positionnent à l’achat sur le dollar juste avant le scrutin, et prennent leurs bénéfices dans la foulée. Cette année, il faudra aussi compter avec la réunion de la Réserve Fédérale (Fed) qui a lieu les 6 et 7 novembre. Elle pourrait réserver des surprises. En septembre, la Fed a baissé son taux directeur de 50 points de base. Si on regarde l’évolution des bons du Trésor américain à deux ans, qui ne sont pas administrés par la Fed et qui représentent bien les anticipations du marché monétaire, une nouvelle baisse d’ampleur similaire est attendue en novembre. Ce n’est pas gagné d’avance. Mais si cela devait se produire, ce serait un facteur baissier supplémentaire à court terme pour le dollar américain. À long terme, nous sommes toujours haussiers sur le dollar en raison de la surperformance économique et boursière de l’économie américaine, du regain de productivité (probablement 3% cette année alors qu’elle est négative en zone euro) et de la rareté des avoirs en dollars qui fait que structurellement le billet vert est haussier.
La vraie actualité de la semaine dernière, c’était le projet de budget français pour 2025 qui doit être soumis à la Commission Européenne à la fin du mois. En théorie, cela n’a pas d’impact direct sur le marché des changes. Mais si la France entre dans une spirale de dette incontrôlable et de consolidation budgétaire douloureuse, cela risque d’être un facteur négatif pour l’euro. Nous avons deux mauvaises nouvelles. La première, c’est que les dépenses publiques vont encore augmenter de 2,1% – contrairement à ce qui avait été dit précédemment. Cela signifie qu’une grande partie de l’effort budgétaire va reposer sur la hausse de la fiscalité – qui ne peut que comprimer la croissance. La seconde, c’est qu’il est probable que nous soyons engagés dans une stratégie de baisse du déficit qui va s’étaler sur quatre à cinq ans…voire plus si les 60 milliards d’euros d’économies estimés en 2025 ne sont finalement pas atteints – ce qui est probable. La conséquence de cela, c’est que nous sommes sur une complète inversion économique au sein de la zone euro. L’Allemagne et la France sont désormais les canards boiteux, tandis que l’Europe du Sud – le fameux club Med – sont les exemples à suivre. En 2023, le Portugal a réussi à dégager un excédent budgétaire et envisage de baisser l’impôt sur les sociétés à 15% en 2027, par exemple. Dans l’immédiat, il n’y a pas de raison de paniquer. Nous ne sommes pas face à un scénario de crise de la dette, comme en 2012. En revanche, les difficultés françaises renforcent le manque d’attractivité de l’Europe. Au lieu que les excédents européens se recyclent sur le Vieux-Continent, ils vont aux États-Unis ce qui soutient la devise américaine au détriment de l’euro. C’est un mouvement de fond qui explique pourquoi le dollar reste si fort (il est surévalué de 9% par rapport aux devises majeures selon nos calculs). Ce qui est certain, c’est que les prochaines années vont être difficiles pour la France, pour ses entreprises et ses contribuables.

Le point technique

Sur le marché des changes, la paire EUR/USD est plutôt orientée à la baisse avec la possibilité d’un test de la zone de support située à 1,08 à moyen terme, si la tendance actuelle perdure. Plusieurs facteurs favorisent une dépréciation de la monnaie unique : la hausse des taux de rendement du côté américain et surtout la progression des prix de l’énergie en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Il faudra d’ailleurs surveiller de près la situation sur place. Une envolée plus importante du pétrole traduirait un regain d’aversion au risque sur les marchés financiers qui n’est habituellement pas favorable à l’euro. Au niveau des autres paires majeures que nous surveillons, c’est le calme plat avec le maintien des tendances existantes.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,08331,08901,11001,1111
EUR/GBP 0,82900,83100,83980,8421
EUR/CHF 0,92890,93110,94110,9500
EUR/CAD 1,47991,48901,51091,5167
EUR/JPY 159,11159,99162,53163,10

Les annonces à suivre

Dans un monde idéal, la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait baisser son taux directeur de 50 points de base. L’économie européenne a cruellement besoin d’un boost rapide, en particulier le secteur manufacturier qui s’effondre. Malheureusement, ça n’arrivera pas. La BCE reste concentrée sur une éventuelle boucle prix-salaire qui n’existe pas, ce qui l’incite à seulement baisser son taux directeur de 25 points de base. C’est trop peu. C’est déjà intégré dans les cours. Surtout, ça ne va pas permettre aux secteurs fortement dépendants du niveau des taux de retrouver un peu d’air frais. Tout porte à croire, dans ce contexte, qu’on ne sortira pas de la stagnation économique de sitôt.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 15/10/202409:45FRAIndice des prix à la consommation (Septembre)Précédent à 0,5% sur un mois.
Le 17/10/202414:15EURRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base.
Le 17/10/202414:30USAVentes au détail (Septembre)Précédent à 0,1% sur un mois.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.