Questionnements de rentrée

Le marché des changes table sur une baisse des taux par la Fed dès le mois de septembre. Attention, il va falloir peut-être attendre un peu plus, surtout si les chiffres de l’inflation américaine continuent d’envoyer des signaux contradictoires.

Comme quasiment tous les étés, le marché des changes s’interroge sur l’état réel de l’économie américaine. Cette fois, les inquiétudes ont été ravivées à la suite d’une publication du NBER (équivalent américain de l’INSEE) indiquant qu’il y a 71% de probabilité que l’économie soit déjà en récession depuis mai 2025.
Nous sommes dubitatifs. La méthodologie utilisée incite à la prudence. Elle repose sur l’analyse de milliers de données sur une très longue période alors que les structures de l’économie et du marché de l’emploi ont substantiellement évolué entre 1929 et aujourd’hui. Par ailleurs, les créations d’emplois dans les secteurs cycliques sont loin d’être à des niveaux préoccupants, tout comme celles hors fonction publique et santé. Enfin, plus globalement, l’économie américaine se porte bien. Les investissements des entreprises, le secteur manufacturier, le commerce international et même l’immobilier sont en meilleure forme aujourd’hui qu’il y a un an. Nous sommes plutôt en phase de stabilisation. D’après nous, l’inquiétude devrait plutôt porter sur l’évolution de l’inflation à court terme que sur la possibilité d’une récession.
C’est d’ailleurs ce que la Réserve Fédérale (Fed) a mis en avant lors de sa réunion du mois de juillet. Une majorité de membres du FOMC (l’organisme qui décide de l’évolution des taux) a indiqué sa perplexité quant à l’évolution de l’inflation, en raison de l’effet des taxes douanières. Pour l’instant, le marché ne semble pas s’en préoccuper outre-mesure et table toujours sur une baisse des taux en septembre. À rebours du consensus, nous ne serions pas surpris si la Fed attend encore un peu et ne baisse ses taux que plus tard dans l’année (baisse possible de -50 points de base en deux fois en octobre et en décembre). Si la Fed venait à prendre à revers le marché – comme nous l’anticipons – cela pourrait soutenir temporairement le dollar. À garder en tête.
En zone euro, le sujet tourne toujours autour de la dette. Cette fois-ci, c’est la France qui est le maillon faible. En 2026, notre pays va devoir émettre 310 milliards d’euros de dette si on s’en tient aux prévisions du gouvernement Bayrou qui ont peu de chances de changer substantiellement. C’est énorme. C’est énorme surtout quand on sait que la dette française est en concurrence avec les autres dettes européennes pour trouver des acheteurs étrangers. Pendant longtemps, les investisseurs se sont reportés sur la dette française car l’Allemagne – qui est considérée comme l’émetteur le plus fiable de la zone euro – s’endettait peu. Les choses vont changer l’an prochain. Les émissions de dette allemande vont atteindre 330 milliards d’euros. S’ajoute à cela la dette italienne qui est aujourd’hui perçue comme moins risquée que la dette française, tout simplement parce que le gouvernement Meloni a fourni des efforts pour baisser le déficit. Nous allons nous retrouver l’an prochain dans une situation inédite. Notre dette va être en concurrence avec celle de l’Allemagne et de l’Italie et comme les investisseurs vont privilégier plutôt celle de ces deux pays, notre taux d’emprunt va continuer de monter inexorablement – ce qui est le cas depuis 2021.
Quel effet sur le taux de change de l’euro ? Faible, comme on a pu le constater ces dernières séances dans la foulée de l’annonce du vote de confiance prévue le 8 septembre. Pourquoi ? Pour l’instant, les déboires français ne provoquent pas de contagion financière au reste de la zone euro. C’est pour cette raison que la Banque Centrale Européenne (BCE), qui se réunit le 11 septembre, devrait s’abstenir de commenter publiquement la situation financière et d’intervenir.

Le point technique

Fondamentalement, la tendance est toujours positive pour l’euro, malgré quelques prises de profit au cours des dernières séances. Nous visons toujours une paire EUR/USD à 1,20 en fin d’année, par exemple.

Parmi les perdants du marché des changes de cette année, on retrouve la roupie indienne. Les taxes douanières américaines de 50% à l’égard des importations indiennes l’ont fait dévisser. C’est la devise la plus faible d’Asie en 2025, avec une fuite des capitaux étrangers de près de 5 milliards de dollars depuis juillet. Ça va être très difficile de restaurer la confiance des investisseurs étrangers.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,14881,15101,17341,1822
EUR/GBP 0,85100,85550,86880,8712
EUR/CHF 0,92100,92500,94000,9422
EUR/CAD 1,57771,58801,60991,6134
EUR/JPY 168,99170,12171,99173,00

Les annonces à suivre

C’est la reprise. Comme d’habitude, le marché surveillera les chiffres de l’inflation en zone euro en août. Attention, ils n’auront aucun impact sur la conduite de la politique monétaire de la BCE. Par la voie de sa présidente, elle a confirmé il y a plusieurs semaines ne pas envisager de baisser les taux en septembre.

Le chômage américain sera plus important à prendre en compte. Les révisions à la baisse des créations d’emplois en mai et en juin dévoilées en juillet avaient été un facteur ravivant les craintes de récession américaine. Si le marché de l’emploi ralentit fortement, cela pourrait accentuer la pression sur la Fed pour qu’elle abaisse ses taux rapidement – et il y a fort à parier que le président Donald Trump publie un communiqué acerbe visant la banque centrale.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 02/09/202511:00Zone euroInflation en aoûtFaible impact. La Banque Centrale Européenne a indiqué ne pas vouloir baisser ses taux en septembre.
Le 05/09/202514:30USAEmploi en aoûtÀ surveiller de près en raison des fortes révisions pour mai et juin.

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