Effondrement de la lire turque, Fed en mode pause en attendant d’y voir plus clair, BNS qui n’exclut pas d’intervenir directement sur le marché des changes…Le moins qu’on puisse dire, c’est que la volatilité est de retour sur les devises.
À surveiller cette semaine : de nouvelles tensions commerciales sont possibles au fur à mesure qu’on se rapproche du 02 avril – date de mise en place de nouvelles taxes douanières par l’administration Trump.
Comme prévu, la Banque d’Angleterre et la Réserve Fédérale américaine (Fed) n’ont pas modifié leur politique monétaire. Du côté de la Fed, le taux a été maintenu entre 4,25% et 4,50%. En outre, elle a abaissé sa prévision de PIB pour 2025 à 1,7% contre 2,1%. La croissance américaine pourrait donc chuter sous son potentiel (estimé à 2%). Mais la récession redoutée par tant d’analystes semble encore loin. Sans surprise, cette prévision est sujette à beaucoup d’incertitudes en raison des aléas de la guerre commerciale et de la difficulté à savoir combien d’emplois seront supprimés via le DOGE (probablement un million d’emplois directs et indirects, selon nos estimations). Du côté de l’inflation, la Fed a relevé sa prévision de PCE core (qui permet de mieux mesurer l’inflation structurelle) de 2,5% à 2,8%. Ce n’est pas surprenant. Là encore, on évite un scénario catastrophe. La banque centrale, à juste titre, ne redoute pas une flambée inflationniste liée aux taxes douanières. Point important : les dot-plot (prévision d’évolution des taux par les membres du FOMC) ont été mis à jour. La prévision médiane est toujours de deux baisses de taux pour un total de 50 points de base cette année. Quatre membres anticipent désormais aucune baisse des taux en 2025 contre seulement un lors de la réunion de décembre. De notre côté, nous prévoyons toujours une seule baisse des taux, ce qui est cohérent avec notre prévision d’inflation à 3%. Aucun mouvement au niveau des taux n’est anticipé pour le mois de mai. La probabilité d’une baisse des taux est de 16% sur le marché monétaire.
La Banque Nationale Suisse (BNS) a été la seule à agir la semaine passée. Comme attendu, le taux directeur a été abaissé de 25 points de base à 0,25%. En outre, la banque centrale a confirmé être disponible pour intervenir directement sur le marché des changes si le franc continue de se renforcer. Dans sa communication, la BNS a souligné les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale et, par conséquent, sur les perspectives économiques suisses. Cela suggère que les prochaines réunions de politique monétaire pourraient déboucher sur des décisions inattendues. L’évolution du franc suisse, influencée par le sentiment de risque des marchés mondiaux, continuera d’avoir un impact significatif sur l’inflation suisse, en particulier pour les biens importés. Avec une inflation globale de 0,3 %, le risque de voir celle-ci glisser en territoire négatif est réel. On ne peut donc pas exclure, à moyen terme, que la BNS soit contrainte de renouer avec les taux négatifs.
Point à garder en tête : il y a un petit vent de panique dans les salles de marché et chez les investisseurs institutionnels. Chose rare, les institutionnels américains ont importé massivement de l’or. On parle bien de lingots d’or, depuis les fonderies suisses, pour un montant de plusieurs milliards de dollars pour le seul mois de février. C’est totalement inhabituel. En période d’aversion au risque, beaucoup d’investisseurs achètent de l’or mais via des produits financiers. C’est en revanche très surprenant qu’ils décident de se porter sur l’or physique qui implique, notamment, un coût de stockage élevé. Pourquoi ce comportement qui sort de l’ordinaire ? Certains évoquent le risque d’une récession. D’autres s’attendent à ce que l’administration Trump ait pour ambition de mettre en place une gigantesque dévaluation du dollar et, comme ce fut le cas dans les années 1930, le meilleur moyen de s’en préserver, c’est d’acquérir un actif tangible. Est-ce un risque crédible ? A priori non…Mais avec l’administration américaine actuelle, on ne peut jamais être sûr de rien.
Enfin, du côté des pays émergents, le fait notable de la semaine passée est l’effondrement à un point bas historique de la lire turque face au dollar et à l’euro, après l’arrestation du maire d’Istanbul, principal opposant au régime du président Erdogan. Cela rappelle à quel point la volatilité et le risque politique peuvent aller de pair dans les pays émergents, surtout ceux où les règles de droit sont bafouées. La tâche de la banque centrale turque, afin de rassurer les investisseurs étrangers, va être immense.
Le point technique
L’euro continue d’être soutenu par la rotation en cours sur les actions, qui bénéficie aux actions européennes. Selon les données de Goldman Sachs, la semaine dernière, les achats d’actions européennes ont atteint un point haut de quatre semaines. C’est la lame de fond qui soutient depuis le début de l’année la monnaie unique. Néanmoins, nous ne voyons pas ce qui pourrait permettre à l’euro d’aller beaucoup plus haut. Notre cible pour les prochaines semaines est toujours à 1,07 (notamment à cause de la perspective de nouvelles taxes douanières à partir du 02 avril). Attention, il y aura beaucoup de zigzags avant d’atteindre les 1,07. Le marché est extrêmement volatil
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0689 | 1,0755 | 1,0977 | 1,1005 |
EUR/GBP | 0,8230 | 0,8280 | 0,8470 | 0,8531 |
EUR/CHF | 0,9398 | 0,9420 | 0,9600 | 0,9629 |
EUR/CAD | 1,5399 | 1,5422 | 1,5600 | 1,5645 |
EUR/JPY | 157,99 | 158,99 | 162,24 | 163,00 |
Les annonces à suivre
Au niveau de l’agenda économique, la semaine est calme. L’indice IFO du climat des affaires aura assez peu d’importance puisque les données ont été obtenues avant l’annonce par Berlin de son massif plan de relance. Même problème avec l’estimation du PIB américain au quatrième trimestre de 2024. C’est un indicateur qui permet de regarder dans le rétroviseur…alors que le marché a besoin d’être rassuré sur la dynamique économique en cours. Beaucoup d’analystes – pas les meilleurs – redoutent une récession américaine en 2025. Enfin, l’inflation en France sera publiée vendredi, sans trop d’importance. Les pressions inflationnistes sont contenues. C’est en soi une bonne nouvelle puisque cela va permettre à la Banque Centrale Européenne de se concentrer sur la relance de la croissance.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 25/03/2025 | 10:00 | ALL | IFO climat des affaires | Précédent à 85,2. |
Le 27/03/2025 | 13:30 | USA | PIB au T4 | Précédent à 2,3% sur un an. |
Le 28/03/2025 | 08:45 | FR | Inflation (Mars) | Première estimation. |
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