Surprise espagnole, et déception française

Le terrain de jeu se met en place pour la rentrée : la BCE et la Fed vont baisser leur taux directeurs en septembre, la BoE a toujours une marge de manœuvre évidente pour le faire le 1er août. Enfin, il y a beaucoup de rumeurs sur le marché monétaire concernant une possible intervention de la Banque du Japon pour venir au secours du yen…Ce n’est pas crédible, selon nous.

Nous entrons progressivement dans la période estivale où les statistiques sont moins nombreuses. Bonne nouvelle : le FMI a publié ses dernières projections macroéconomiques la semaine passée qui permettent d’établir un cadre pour les prochains mois. Ce n’est pas si mauvais que cela. Les Etats-Unis vont continuer de surperformer le reste du monde avec une croissance attendue à 2,6%. Le Canada va être la principale économie à bénéficier du dynamisme américain avec une hausse du PIB estimée à 1,3%. En Europe, la situation est un peu plus morne, sans surprise. La croissance est attendue nettement sous le seuil symbolique de 1% : 0,2% en Allemagne, 0,7% en Italie, 0,7% au Royaume-Uni et 0,9% en France. La prévision pour la France pourrait être toutefois nettement revue à la baisse dans les semaines à venir en raison des importants efforts budgétaires qui sont nécessaires pour faire baisser le déficit et qui vont, irrémédiablement, peser sur la croissance. Certains en Allemagne souhaitent même qu’on impose une limite d’endettement à la France. Cela souligne à quel point le niveau de la dette commence à inquiéter. Chez Mondial Change, nous tablons sur une croissance de 0,7% cette année. Cela nous semble plus réaliste. Il y a toutefois une exception en Europe. C’est l’Espagne. L’économie espagnole bénéficie de l’amélioration de la situation dans le secteur immobilier et de l’effet positif du tourisme ce qui pourrait lui permettre d’avoir une croissance…de 2,4% cette année. C’est presque la performance américaine !
Parmi les facteurs de fragilité en Europe, il y a l’industrie. La production industrielle dans la zone euro s’est effondrée de 3% depuis janvier 2021. Les mauvais élèves sont l’Allemagne et l’Italie avec une baisse respective de 5% et de 7%. A l’inverse, en France, on peut considérer que ça tient à peu près avec une baisse de seulement 1% sur la période. Cela s’explique par la moindre sensibilité du secteur industriel français à la Chine et par les quelques mesures de soutien prises par le gouvernement. Elles ont notamment eu des effets vertueux sur les créations d’emplois dans l’industrie.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’économie est toujours en bonne santé. Même si c’est encor trop tôt pour savoir ce qui va advenir à l’élection présidentielle de novembre, la probabilité d’une élection de Trump se renforce à la suite de la tentative d’assassinat. A titre de comparaison, après la tentative d’assassinat contre Reagan en 1984, le républicain avait gagné la présidentielle facilement. Il avait remporté 525 grands électeurs contre seulement 13 pour son concurrent démocrate. L’histoire ne se répète pas…mais on ne peut pas nier qu’il y a un avantage Trump en ce moment. D’ailleurs, c’est ce que le marché pense. Les « Trump trades » se sont considérablement renforcés depuis quelques séances : long (acheteur) dollar, short (vendeur) obligations, short peso et short Chine. Beaucoup de choses peuvent arriver en l’espace de quatre mois donc il faut être prudent.
Enfin, un mot d’Israël, même si c’est moins sur le devant de la scène médiatique. La situation sur place est toujours compliquée. Depuis le 7 octobre – date des attentats terroristes du Hamas – environ 46 000 entreprises ont fermé et ce nombre pourrait grimper à 60 000 d’ici la fin de l’année selon le quotidien de gauche Maariv. Paradoxalement, la devise tient. Le shekel israélien s’est renforcé de 2,2% face à l’euro sur les trois derniers mois. Cela s’explique par la décision de la Banque d’Israël de privilégier la stabilité du taux de change plutôt que la relance économique. Elle a refusé de baisser les taux directeurs alors que l’économie est en récession. C’est un choix inattendu. Elle semble considérer qu’une baisse du loyer de l’argent n’aura qu’un effet marginal sur la dynamique économique lorsque celle-ci est freinée par la guerre avec le Hamas.

Le point technique

Sur le marché des changes, il n’y a pas de grands changements de tendance. Les cambistes évoquent depuis plusieurs séances des interventions possibles de la Banque du Japon (BoJ) pour sauver le yen. Nous sommes dubitatifs. Quand bien même ce serait vrai, tant que la banque centrale ne remonte pas significativement ses taux, le yen faible restera la norme. Tout au plus pouvons-nous espérer un petit renforcement face au dollar lorsque la Réserve Fédérale américain (Fed) va baisser ses taux (probabilité de 95%). Mais ce sera à très court terme. Notons enfin que la Banque Centrale Européenne (BCE) prépare le terrain à une nouvelle baisse des taux de 25 points de base en septembre. Du côté de la Banque d’Angleterre (BoE), nous pensons toujours qu’une baisse des taux le 1er août est envisageable.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06991,08011,10501,1109
EUR/GBP 0,83330,83810,85000,8549
EUR/CHF 0,95110,95330,97120,9801
EUR/CAD 1,47331,48091,50091,5123
EUR/JPY 167,90168,11172,33173,56

Les annonces à suivre

Cette semaine, il y a une seule incertitude. C’est la Banque du Canada (BoC). Les économistes sont partagés sur l’opportunité d’une nouvelle baisse des taux de 25 points de base alors que l’inflation montre des signes évidents de reprise. De notre point de vue, la BoC peut se permettre d’attendre avant d’assouplir de nouveau la politique monétaire. Nous pensons donc que la réunion du 24 juillet aura peu d’effet sur le taux de change du dollar canadien.
L’indice PCE core pour l’économie américaine est la statistique la plus importante de la semaine. Toutefois, elle ne devrait pas faire dévier la politique monétaire américaine. L’inflation continue de refluer avec un maintien de l’inflation dans les services qui n’est pas problématique. La baisse des taux est toujours en ligne de mire.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 24/07/202415:45CANRéunion de la banque centraleDébat entre les économistes sur l’opportunité d’une nouvelle baisse des taux.
Le 25/07/202410:00EURIndice IFO du climat des affaires (Juillet)Précédent à 88,6.
Le 26/07/202414:30USAIndice PCE core (Juin)Précédent à 2,6% sur un an.

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