Tourments asiatiques

C’est complètement passé inaperçu. Et pourtant, c’est d’une importance cruciale. Le yuan chinois ne cesse de se déprécier face au dollar (mais reste plutôt stable face à l’euro). C’est le signal de tensions importantes entre les USA et la Chine. À surveiller avant l’arrivée au pouvoir de Trump !

Évidemment, l’actualité politique française a pesé sur les marchés financiers – mais pas tant que cela. L’euro ne s’est pas effondré. L’indice boursier CAC 40 à Paris a connu des séances dans le vert. Mieux encore, le CAC Small, qui est l’indice boursier pour les petites et les moyennes entreprises, a affiché une certaine résilience. C’est pourtant l’indice boursier qui est le réceptif au climat politique et économique en France.
En réalité, il fallait regarder du côté de l’Asie la semaine passée. Le won sud-coréen a fait un plongeon inattendu face au dollar américain, à un point bas de deux ans, après que la loi martiale fut temporairement instaurée. Surtout, le yuan chinois continue sa lente dépréciation face au dollar (-5% en deux mois). C’est le signe que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine passera aussi par le marché des changes. D’ailleurs, la Chine a dégoupillé une autre grenade la semaine dernière. Pékin a interdit les exportations de gallium, de germanium et d’antimoine lorsque ces métaux, essentiels pour la transition énergétique, sont utilisés à des fins militaires aux États-Unis. C’est une mauvaise nouvelle pour les Américains. Dans le cas du germanium, par exemple, ils sont obligés d’importer 50% de leurs besoins. Le germanium est un métal industriel qui est indispensable dans l’électronique, les systèmes de fibre optique, les installations d’énergie solaire ou encore la vision infrarouge qui a des applications duales, aussi bien civiles que militaires. Il faut s’attendre à ce que les prochains mois soient rythmés entre la Chine et les États-Unis.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro reste en difficulté. Outre le différentiel de politique monétaire, la contre-performance économique européenne et le risque politique français, nous pensons que le différentiel d’attractivité financière entre l’Europe et les États-Unis va être un puissant moteur de baisse de l’euro à court et à moyen terme. La bourse française est à la traîne (en négatif depuis le début de l’année) tandis que la bourse américaine enchaîne les plus hauts. Conséquence : on observe une décollecte de la part des épargnants et des institutionnels sur les actifs français et plus largement européens au profit d’achats d’actifs américains. Tout cela génère des flux massifs qui traversent l’Atlantique et qui viennent soutenir structurellement le dollar. À l’inverse, c’est un élément de faiblesse pour l’euro.

Bien que nous pensions que la parité soit une cible difficile à atteindre pour l’EUR/USD dans l’immédiat, nous considérons que la tendance baissière est toujours d’actualité, avec un premier objectif à 1,0350 qui pourrait être atteint dès le premier trimestre de l’année prochaine.

Face aux autres devises majeures, l’euro devrait également être faible – notamment face à la livre sterling. Le mouvement baissier est bien enclenché sur la paire EUR/GBP.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,03501,03901,07221,0745
EUR/GBP 0,82000,82100,83230,8329
EUR/CHF 0,92120,92450,93450,9388
EUR/CAD 1,46881,47021,48231,4845
EUR/JPY 157,01157,80159,90160,34

Les annonces à suivre

Cette semaine, les banques centrales seront au cœur de l’actualité. La Banque Centrale Européenne (BCE), la Banque Nationale Suisse (BNS) et la Banque du Canada (BoC) devraient chacune baisser leur taux directeur de 25 points de base cette semaine. Attention, la BNS pourrait aussi évoquer la possibilité d’une intervention directe sur les taux de change pour limiter l’appréciation du franc suisse. La devise helvétique a augmenté de 4,7% face à l’euro en l’espace de six mois sur fond de décrochage économique européen et de hausse du risque politique en France.

En Asie, la Central Economic Work Conference devrait avoir lieu dans les jours à venir – la date définitive n’a pas été fixée. C’est un rendez-vous crucial, car c’est à cette occasion que le gouvernement chinois définit les priorités économiques pour l’année à venir. À son issue, seuls les grands domaines d’intervention seront dévoilés ; avec probablement une attention particulière pour l’immobilier et l’industrie exportatrice. Il faudra attendre la session annuelle du Parlement en mars 2025 pour avoir des données chiffrées sur l’objectif de croissance et les montants d’investissement qui seront alloués. Patience. Nous doutons, dans tous les cas, que la Chine annonce un grand plan de relance budgétaire. Pour l’instant, le levier monétaire a surtout été actionné, avec un effet positif limité sur la dynamique économique.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 11/12/202414:30USAPrix à la consommation (Novembre)Précédent à 2,6% sur un an.
Le 11/12/202415:45CANRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base à 3,50%.
Le 12/12/202409:30CHRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base et risque élevée d’intervention sur le marché des changes pour freiner la hausse du CHF.
Le 12/12/202414:15EUR
Réunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base.

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