Tout va bien

La guerre commerciale bat son plein. De manière surprenante l’euro résiste. En cause, des flux de capitaux qui continuent d’affluer sur le Vieux-Continent, notamment sur les actions européennes qui sont fortement décotées. Sur le court terme, c’est le principal facteur qui explique la bonne tenue de l’euro.

Fini les craintes de récession ! Ça, c’était l’an dernier. Tout le monde s’accorde sur le fait que l’économie américaine est en pleine santé, malgré les inquiétudes liées à la guerre commerciale. Merci qui ? Les 10% les plus riches. Selon une passionnante étude de Moody’s publiée la semaine dernière, ce sont eux qui soutiennent l’économie américaine.  Les 10% de ménages gagnant +250k$/an représentent désormais 49.7% des dépenses (vs 36% en 1994) – un record historique. Leur consommation a bondi de 12% entre 2023-2024, tandis que celle des classes moyennes a baissé du fait de la vague d’inflation. En outre, la valorisation des actifs (immobilier, bourse) a boosté leur patrimoine net de +45% depuis 2019 (+35.000 milliards $).  Au total, 1/3 du PIB américain dépend désormais de cette consommation élitiste. Est-ce un signal de fragilité ? Pas nécessairement. Certes, en cas de recul boursier ou de baisse de l’immobilier, cela pourrait un peu gripper la machine. Mais ils conserveraient même dans ce scénario négatif un pouvoir d’achat élevé, ce qui limiterait automatiquement la casse.

La situation est diamétralement opposée en Europe où la consommation (peu importe la catégorie sociale) reste morose. Elle est même nettement en-dessous de sa moyenne de long terme. En cause, une incapacité à augmenter suffisamment les salaires en période d’inflation, une productivité (et donc une création de richesse) qui est toujours négative et l’absence de soutien public au pouvoir d’achat (n’oublions pas que les Américains ont distribué les chèques aux ménages pendant la Covid et que Musk souhaite de nouveau agir de la sorte grâce à la baisse des dépenses publiques). Economiquement, il n’y a pas photo, les États-Unis sont en bien meilleure position que la zone euro, à la fois cette année mais aussi sur le plus long terme.

En Chine, aucune nouvelle statistique. En revanche, des rumeurs de plus en plus insistantes à propos d’une éventuelle relance massive de l’économie au mois de mars. Le marché des changes évoque un plan de relance de 10% de l’économie. En théorie, ce serait massif. Il faut toutefois voir dans les faits ce qui cela recouvre. Il n’est pas impossible que le plan de relance tant évoqué consiste surtout à faire rouler de la dette existante, afin d’éviter que le secteur immobilier ne soit davantage en difficulté. Tant qu’il n’y a pas de stratégie claire de soutien des dépenses des ménages, nous doutons que l’économie chinoise puisse redémarrer fortement. Cela fait déjà six trimestres consécutifs que la Chine est en déflation. L’exemple japonais nous montre de manière limpide qu’une fois entré en déflation, il est extrêmement difficile d’en sortir. Cela peut même durer des décennies…

L’autre fait marquant de la semaine dernière est la stabilisation de la roupie indienne, malgré des signaux mitigés. Les interventions de la banque centrale semblent plutôt efficaces. Attention toutefois, le marché indien est connu pour connaître d’importantes fluctuations, parfois plus élevées que sur les autres marchés émergents. En outre, on assiste depuis septembre dernier à une décollecte massive de la part des investisseurs étrangers qui quittent le marché boursier indien, ce qui exerce une forte pression à la baisse sur la devise. Nous n’excluons pas que la chute de la roupie reprenne, étant donné le sentiment plutôt négatif des fonds à l’égard de l’Inde (il s’agit d’ailleurs d’un changement d’attitude complet par rapport à l’optimisme un peu béat qui régnait en 2024).

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro résiste en dépit de la perspective d’une taxe douanière prohibitive à l’égard des marchandises européennes. Cette résistance de la monnaie unique s’explique en grande partie par le fait que les flux de capitaux continuent d’affluer en Europe depuis l’étranger, notamment pour être investis sur les actions européennes qui sont fortement décotées par rapport aux actions américaines (différentiel de 33% !). Bien-sûr, ce phénomène ne va pas jouer éternellement. Mais il aide à court terme l’euro. Cela permet par exemple à la paire EUR/USD de se stabiliser autour du point pivot situé à 1,05.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,03881,04091,05501,0590
EUR/GBP 0,81890,82010,83110,8401
EUR/CHF 0,92900,93290,94800,9505
EUR/CAD 1,47901,48341,50901,5125
EUR/JPY 154,99156,10158,02159,00

Les annonces à suivre

Semaine dense au niveau des statistiques et des banques centrales. Dès ce matin, Eurostat va publier le chiffre de l’inflation en zone euro au mois de février (précédent à 2,5% sur un an). Aucune surprise à attendre. Nous nous attendons toujours à ce que la Banque Centrale Européenne (BCE) baisse son taux directeur de 25 points de base lors de sa réunion de jeudi. C’est complètement anticipé par le marché. Enfin, il faudra surveiller en fin de semaine les derniers chiffres du marché de l’emploi américain pour le mois de février. Il y a quelques tensions, notamment un allongement de la durée d’indemnisation chômage. Rien d’inquiétant. Mais il est évident que le marché du travail ralentit. Il faudra aussi, à plus long terme, évaluer l’impact des licenciements massifs qui sont attendus du côté du secteur public dans le cadre de la politique de baisse des dépenses mises en avant par Elon Musk.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 03/03/202511:00EURPrix à la consommation (Février)Première estimation pour le mois de février. Précédent à 2,5% sur un an.
Le 06/03/202514:15EURRéunion de la banque centraleBaisse du taux directeur de 25 points de base.
Le 07/03/202514:30USAEmploi américain en févrierPrécédent à 4%.

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