Le redoutable spectre de l’inflation

Le point macro

L’inflation est inconfortablement élevée dans les pays développés. Au Canada, l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), a accéléré à 4,1% sur un an en août contre 3,7% en juillet. Il s’agit de la plus forte hausse depuis mars 2003. La progression des prix s’explique en partie par des facteurs temporaires liés à la réouverture de l’économie après la phase de confinement (exemple : hausse des prix des billets d’avion). Mais d’autres facteurs pourraient entrainer une hausse durable de l’inflation, comme la progression des salaires. On observe déjà ce phénomène aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La pénurie de main d’œuvre dans ces deux pays a engendré des tensions sur les salaires très exacerbées. Outre-Manche, les salaires moyen, bonus compris, ont continué d’augmenter à 8,3% en juillet contre 8,2% en juin selon les données publiées la semaine dernière. Aux Etats-Unis, les salaires bondissent également. Dans certains Etats américains, McDonald’s propose un salaire minimum de 18$ de l’heure contre un salaire minimum fédéral de 7,25$ de l’heure.

Pour l’instant, les banquiers centraux continuent d’affirmer que les pressions inflationnistes sont temporaires et qu’il ne faut pas craindre une boucle prix-salaire durable. Mais il convient de surveiller ce risque à court terme. Il pourrait d’ailleurs peser dans l’approche qu’adoptera la banque centrale américaine (Fed) dans la gestion du tapering (baisse des rachats d’actifs, en français). Si ce risque venait à se matérialiser, les banques centrales n’auraient pas d’autre choix que d’augmenter les taux directeurs pour éviter une inflation élevée durable.

En zone euro, le risque d’une boucle prix-salaire est proche de zéro. Les dernières statistiques publiées par Eurostat la semaine dernière montrent que les salaires au niveau du bloc ont baissé pour la première fois depuis 2011. Cela devrait apaiser ceux qui craignent un bond de l’inflation. En termes de politique monétaire, l’absence de boucle prix-salaire laisse plus de marge de manœuvre à la BCE pour maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante aussi longtemps qu’elle le jugera nécessaire. A l’occasion d’un discours devant les étudiants de la grande école HEC, Christine Lagarde, présidente de la BCE a fait part de son optimisme concernant la dynamique économique en zone euro. « La reprise dans la zone euro est plus rapide qu’attendu il y a six mois, principalement en raison d’une campagne de vaccination rapide » a-t-elle rappelé.

Enfin, les derniers indicateurs américains qui ont été publiés étaient dans l’ensemble positif. Les ventes au détail en août ont augmenté de 0,7% sur un mois et de 2% si on exclut du calcul les automobiles et le gaz. Les hausses les plus importantes ont été observées au niveau des ventes en ligne, des ventes de fournitures et des marchandises. A l’inverse, les ventes d’automobiles continuent de chuter à cause d’un prix jugé trop élevé. Il semble donc qu’en dépit de la résurgence de la pandémie outre-Atlantique et des craintes concernant l’inflation, le consommateur américain se porte bien dans l’ensemble. La tendance sur le marché de l’emploi est également solide. Les revendications hebdomadaires au chômage pour la semaine se finissant le 11 septembre ont légèrement augmenté (+2000). Mais la tendance à long terme est toujours à la baisse.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’euro a fini en baisse en variation hebdomadaire face à ses principales contreparties, à l’exception du franc suisse (+0,8%). La progression de l’euro face à la monnaie helvétique s’explique en partie par une probable intensification des interventions de la Banque Nationale Suisse (BNS) sur le marché des changes. Il y a un peu plus d’une semaine de cela, un représentant de la BNS avait indiqué que le CHF est surévalué face à l’euro. Du point de vue de l’analyse technique, la paire EUR/CHF est désormais entrée dans un canal haussier qui pourrait la propulser vers 1,11, à court terme.
La paire EUR/GBP fait toujours du surplace (-0,10% en variation hebdomadaire). Elle reste dans un canal étroit entre 0,85 et 0,86. On voit mal ce qui pourrait changer la donne, dans l’immédiat.

Enfin, l’EUR/USD poursuit sa dépréciation avec un repli de -0,7% sur la semaine écoulée. Le prochain seuil technique à surveiller est la zone de support située à 1,1661. Il est probable que l’EUR/USD finisse l’année à proximité des 1,15. C’est la cible de beaucoup de banques d’investissement de premier plan.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,16001,16611,18651,1920
EUR/GBP 0,84010,84640,85960,8651
EUR/CHF 1,07211,08171,10001,1110
EUR/CAD 1,45651,47671,51721,5374
EUR/JPY 127,10127,80130,06131,10

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Les annonces à suivre

Le moteur du marché cette semaine sera la réunion de la banque centrale américaine programmée ce mercredi. Le niveau de l’inflation aux Etats-Unis ces derniers mois est problématique selon plusieurs membres du Comité de politique monétaire (FOMC en anglais). Mais il n’y a aucune urgence pour réduire le soutien qu’apporte la banque centrale à l’économie et aux marchés financiers. Le consensus des économistes table sur une amorce du tapering (mentionné plus haut) en novembre. La réunion de cette semaine devrait permettre de mettre à jour les prévisions économiques. Une attention particulière sera portée aux projections concernant l’inflation afin de savoir si la banque centrale juge toujours que les pressions inflationnistes sont temporaires. En outre, le président de la Fed, Jerome Powell, pourrait donner quelques indices aux participants de marché sur le timing exact du tapering et sa composition.
Les autres réunions de banques centrales devraient aboutir à un statu quo monétaire (Banque Nationale Suisse et Banque d’Angleterre).

Deux échéances sont prévues au niveau politique : les élections législatives anticipées au Canada ce jour et les élections fédérales en Allemagne dimanche 26 septembre. Mais l’impact sur le marché des changes devrait être marginal.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
22/0920:00Réunion de la banque centraleMise à jour des prévisions macroéconomiques et décision de politique monétaire.
20:30Conférence de presse de J. PowellIndications concernant le calendrier du tapering.
23/0909:30Réunion de la banque centralePolitique monétaire inchangée.
13:00Réunion de la banque centralePolitique monétaire inchangée.
24/0910:00Indice IFO du climat des affaires (Septembre)Hausse attendue à 100,4 contre 99,4 précédemment.

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