Le point macro
Le principal thème sur le marché des changes était l’inflation la semaine passée. Ce sera également le cas cette semaine. Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation en octobre a provoqué un électrochoc. L’indice est ressorti à 6,2% sur un an. C’est largement au-dessus du consensus (5,8%) et du chiffre de septembre (5,4%). Il s’agit de la plus forte hausse observée depuis novembre 1990. Les tensions importantes au niveau des chaines d’approvisionnement internationales et la crise énergétique sont les deux principaux facteurs poussant les prix à la hausse. La Réserve Fédérale américaine considère que le phénomène est temporaire. On peut en douter. Il apparait de plus en plus évident que l’inflation élevée va persister plus longtemps que prévu, certainement une grande partie de l’année 2022. En outre, une boucle prix-salaire semble s’amorcer aux Etats-Unis dans certains secteurs en tension, particulièrement dans les services. Cela va alimenter la hausse généralisée des prix.
L’Europe n’est pas à l’abri des tensions inflationnistes. En Allemagne, l’inflation a atteint 4,5% sur un an en octobre. C’est en ligne avec le consensus. Outre les perturbations au niveau des chaines d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie, la progression des prix outre-Rhin s’explique aussi par l’effet de base lié à la diminution temporaire de la TVA. On peut espérer qu’une fois ce phénomène terminé, l’inflation reflue un peu. Mais elle devrait rester plus élevée qu’avant la pandémie. Cela va alimenter les tensions entre la Banque Centrale Européenne et une partie de la classe politique allemande qui appelle de ses vœux une normalisation de la politique monétaire en zone euro pour contrer l’inflation. La réunion de décembre de la banque centrale va être compliquée.
Dans les pays émergents, la normalisation de la politique monétaire est déjà bien amorcée. Les niveaux d’inflation sont souvent beaucoup plus élevés que dans les pays développés. Au Brésil, l’inflation a atteint 10,67% sur un an en octobre selon la première estimation. C’est un peu plus qu’en septembre (10,25%) et que la prévision des analystes (10,45%). Il y a un peu plus de deux semaines de cela, la banque centrale brésilienne avait augmenté son taux directeur principal en le portant à 7,75%. D’autres hausses de taux sont à venir. Le différentiel de politique monétaire entre les pays émergents et la plupart des pays développés va favoriser le retour des stratégies de carry trade sur le marché des changes, comme nous le mentionnions il y a quelques semaines de cela. Ces stratégies qui consistent à profiter des écarts de taux d’intérêt entre les pays avaient quasiment disparu ces dix dernières années en raison de la baisse généralisée des taux au niveau mondial et de la mise en œuvre de politiques d’assouplissement quantitatif. C’est un changement majeur qui se produit actuellement.
Le point technique
Sur le marché des changes, le dollar index (qui mesure le dollar par rapport à un panier représentatif de devises étrangères) est en nette progression du fait des craintes inflationnistes. Depuis la rentrée de septembre, il a grimpé de 92 à environ 95. Tout porte à croire que la hausse va se poursuivre à moyen terme. Face à l’incertitude entourant l’évolution des prix, les cambistes se réfugient sur les valeurs refuges, en premier lieu le dollar américain. Conséquence de cela, l’EUR/USD continue sa lente baisse. Une étude publiée la semaine dernière par la banque ING indique que l’euro est toujours surévalué par rapport au dollar américain. En un mois, la dépréciation atteint 0,70% – ce qui est limité. Le prochain objectif pour la paire se situe à 1.1359. On ne voit pas, à ce stade, ce qui pourrait provoquer un revirement de tendance.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,1270 | 1,1359 | 1,1670 | 1,1774 |
EUR/GBP | 0,8380 | 0,8456 | 0,8631 | 0,8691 |
EUR/CHF | 1,0423 | 1,0483 | 1,0634 | 1,0703 |
EUR/CAD | 1,4255 | 1,4332 | 1,4612 | 1,4660 |
EUR/JPY | 128,07 | 129,40 | 132,22 | 133,36 |
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Les annonces à suivre
De nouveaux chiffres de l’inflation sont attendus cette semaine :
- L’indice des prix à la consommation au Royaume-Uni est prévu à 3,2% sur un an en octobre. Il sera scruté de près par les cambistes. Un chiffre élevé pourrait renforcer les attentes de hausse des taux par la Banque d’Angleterre. Les cambistes anticipent un durcissement monétaire en début d’année prochaine.
- L’indice des prix à la consommation en zone euro est annoncé à 4,1% sur un an en octobre. C’est très au-dessus de l’objectif de la Banque Centrale Européenne. Mais cela ne devrait pas troubler l’institution qui continue de soutenir que l’inflation élevée est temporaire. L’évolution des prochains mois nous permettra de vérifier si elle a raison.
Vous l’aurez compris, l’inflation va être le thème majeur du marché des devises en cette fin d’année, et probablement une grande partie de l’année prochaine.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
---|---|---|---|---|
16/11 | 14:30 | Ventes au détail (Octobre) | Hausse de 0,7% contre 0,8% précédemment. | |
17/11 | 08:00 | Indice des prix à la consommation (Octobre) | Hausse à 3,2% sur un an contre 3,1% précédemment. | |
11:00 | Indice des prix à la consommation (Octobre) | Le consensus anticipe une hausse de 4,1% sur un an – très au-dessus de l’objectif de la BCE. | ||
18/11 | 14:30 | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Novembre) | Légère baisse prévue à 21,5 contre 23,8 en octobre. |
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