Pour leur dernier grand rendez-vous de l’année 2022, les principales banques centrales (Banque d’Angleterre, Banque Nationale Suisse, Banque Centrale Européenne et Réserve Fédérale américaine) ont misé sur la sécurité. Elles ont toutes augmenté leur taux directeur de 50 points de base, conformément aux attentes. Aucune surprise. Seule la banque centrale de Norvège a fait bande à part avec une hausse de son taux directeur principal de seulement 25 points de base, à 2,75%. La situation macroéconomique en Norvège est différente de celle prévalant en Suisse ou en zone euro, par exemple. L’inflation est largement au-dessus de la cible mais en durcissant trop vite sa politique monétaire, la banque centrale craint de faire exploser la bulle immobilière ce qui pourrait entraîner une récession de forte ampleur. Elle n’a donc pas d’autre choix que d’augmenter avec précaution le loyer de l’argent. Cela ne signifie pas pour autant que le cycle de hausse des taux est proche de sa fin. Tous les banquiers centraux sont unanimes, il va falloir continuer la politique monétaire actuelle. En spéculant sur une possible baisse des taux directeurs en 2023 (le marché monétaire estime que la Réserve Fédérale pourrait baisser son taux au deuxième semestre l’année prochaine, ce qui est en contraction avec les anticipations du FOMC), les cambistes se fourvoient pour deux raisons principales.
Premièrement, l’horizon-temps des banques centrales et des cambistes est complètement différent. Maintenant les banques centrales ont un sérieux problème avec l’inflation et envisager des mesures de soutien à l’économie est le dernier de leurs soucis. Même en France, où l’augmentation des prix est comparativement plus contenue que chez nos voisins, les prix s’envolent. Selon les chiffres de l’INSEE publiés la semaine dernière, Les prix des produits alimentaires ont fortement progressé en un an, avec une hausse de 60,9% pour les huiles, de 22,6% pour les pâtes ou encore de 20% pour le sucre. C’est une situation intenable. Il n’y a pas d’autre choix que de durcir encore davantage la politique monétaire pour lutter contre ce fléau. C’est d’ailleurs le positionnement adopté par la Banque Centrale Européenne. Les projections macroéconomiques pour 2023 (mises à jour récemment) ainsi que la communication de la banque centrale (forward guidance) confirment que la politique monétaire va être très nettement restrictive en 2023, quitte à ce que cela accentue la récession. Concrètement, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a ouvert la porte à au moins trois hausses de taux supplémentaires l’an prochain.
Deuxièmement, il est probable que les cambistes se basent sur des hypothèses économiques en partie biaisées. Au même moment l’année dernière, le consensus des économistes (qui se trompe souvent !) anticipait un choc désinflationniste. C’est le contraire qui s’est produit avec une inflation qui s’est répandue dans tous les secteurs de l’économie. Désormais, le consensus prévoit une récession (confirmée par la Banque Centrale Européenne pour la zone euro) accompagnée par une inflation en repli mais encore élevée et volatile. C’est probable. Mais il faut avoir conscience de la limite des scénarios économiques. En règle générale, il serait certainement plus opportun de publier les prévisions économiques en février qu’en décembre car les premières semaines de janvier sont toujours cruciales pour avoir une meilleure idée de ce que nous réserve le reste de l’année. Dit autrement, la récession et l’inflation élevée sont fort probables en 2023 mais ce n’est en rien certain. Il y a une marge d’erreur qui est importante.
Il y a un dernier élément qu’il faut retenir du marathon des banques centrales et qui a été peu évoqué. C’est pourtant crucial. Les comités de politique monétaire des banques centrales sont fortement divisés sur l’ampleur des hausses de taux à venir. Ce n’est pas surprenant. Cela reprend le point précédent. Il y a une forte incertitude concernant la trajectoire macroéconomique. Cette division interne au sein des banques centrales est très perceptible au niveau de la Réserve Fédérale et de la Banque d’Angleterre. Si on prend l’exemple britannique, six membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur d’une hausse des taux de 50 points de base, deux ont plaidé en faveur d’une pause (du fait des craintes de récession) et un seul a souhaité une hausse plus importante de l’ordre de 75 points de base. Cela souligne aussi que l’environnement économique dans lequel opèrent les banques centrales devient de plus en plus compliqué. Il faut faire face à l’inflation, à la récession (ou pour les plus chanceux au ralentissement économique) et aux risques pesant sur la stabilité financière que nous avons peu évoquée jusqu’à présent mais qui sont bien présents. Du point de vue du marché des changes, cela signifie que la lisibilité de la politique monétaire sera certainement moindre en 2023 qu’en 2022. Cela va probablement aboutir à un accroissement de la volatilité sur les devises.
Pour leur dernier grand rendez-vous de l’année 2022, les principales banques centrales (Banque d’Angleterre, Banque Nationale Suisse, Banque Centrale Européenne et Réserve Fédérale américaine) ont misé sur la sécurité. Elles ont toutes augmenté leur taux directeur de 50 points de base, conformément aux attentes. Aucune surprise. Seule la banque centrale de Norvège a fait bande à part avec une hausse de son taux directeur principal de seulement 25 points de base, à 2,75%. La situation macroéconomique en Norvège est différente de celle prévalant en Suisse ou en zone euro, par exemple. L’inflation est largement au-dessus de la cible mais en durcissant trop vite sa politique monétaire, la banque centrale craint de faire exploser la bulle immobilière ce qui pourrait entraîner une récession de forte ampleur. Elle n’a donc pas d’autre choix que d’augmenter avec précaution le loyer de l’argent. Cela ne signifie pas pour autant que le cycle de hausse des taux est proche de sa fin. Tous les banquiers centraux sont unanimes, il va falloir continuer la politique monétaire actuelle. En spéculant sur une possible baisse des taux directeurs en 2023 (le marché monétaire estime que la Réserve Fédérale pourrait baisser son taux au deuxième semestre l’année prochaine, ce qui est en contraction avec les anticipations du FOMC), les cambistes se fourvoient pour deux raisons principales.
Premièrement, l’horizon-temps des banques centrales et des cambistes est complètement différent. Maintenant les banques centrales ont un sérieux problème avec l’inflation et envisager des mesures de soutien à l’économie est le dernier de leurs soucis. Même en France, où l’augmentation des prix est comparativement plus contenue que chez nos voisins, les prix s’envolent. Selon les chiffres de l’INSEE publiés la semaine dernière, Les prix des produits alimentaires ont fortement progressé en un an, avec une hausse de 60,9% pour les huiles, de 22,6% pour les pâtes ou encore de 20% pour le sucre. C’est une situation intenable. Il n’y a pas d’autre choix que de durcir encore davantage la politique monétaire pour lutter contre ce fléau. C’est d’ailleurs le positionnement adopté par la Banque Centrale Européenne. Les projections macroéconomiques pour 2023 (mises à jour récemment) ainsi que la communication de la banque centrale (forward guidance) confirment que la politique monétaire va être très nettement restrictive en 2023, quitte à ce que cela accentue la récession. Concrètement, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a ouvert la porte à au moins trois hausses de taux supplémentaires l’an prochain.
Deuxièmement, il est probable que les cambistes se basent sur des hypothèses économiques en partie biaisées. Au même moment l’année dernière, le consensus des économistes (qui se trompe souvent !) anticipait un choc désinflationniste. C’est le contraire qui s’est produit avec une inflation qui s’est répandue dans tous les secteurs de l’économie. Désormais, le consensus prévoit une récession (confirmée par la Banque Centrale Européenne pour la zone euro) accompagnée par une inflation en repli mais encore élevée et volatile. C’est probable. Mais il faut avoir conscience de la limite des scénarios économiques. En règle générale, il serait certainement plus opportun de publier les prévisions économiques en février qu’en décembre car les premières semaines de janvier sont toujours cruciales pour avoir une meilleure idée de ce que nous réserve le reste de l’année. Dit autrement, la récession et l’inflation élevée sont fort probables en 2023 mais ce n’est en rien certain. Il y a une marge d’erreur qui est importante.
Il y a un dernier élément qu’il faut retenir du marathon des banques centrales et qui a été peu évoqué. C’est pourtant crucial. Les comités de politique monétaire des banques centrales sont fortement divisés sur l’ampleur des hausses de taux à venir. Ce n’est pas surprenant. Cela reprend le point précédent. Il y a une forte incertitude concernant la trajectoire macroéconomique. Cette division interne au sein des banques centrales est très perceptible au niveau de la Réserve Fédérale et de la Banque d’Angleterre. Si on prend l’exemple britannique, six membres du comité de politique monétaire ont voté en faveur d’une hausse des taux de 50 points de base, deux ont plaidé en faveur d’une pause (du fait des craintes de récession) et un seul a souhaité une hausse plus importante de l’ordre de 75 points de base. Cela souligne aussi que l’environnement économique dans lequel opèrent les banques centrales devient de plus en plus compliqué. Il faut faire face à l’inflation, à la récession (ou pour les plus chanceux au ralentissement économique) et aux risques pesant sur la stabilité financière que nous avons peu évoquée jusqu’à présent mais qui sont bien présents. Du point de vue du marché des changes, cela signifie que la lisibilité de la politique monétaire sera certainement moindre en 2023 qu’en 2022. Cela va probablement aboutir à un accroissement de la volatilité sur les devises.
Sur le marché des changes, l’EUR/USD reste en territoire négatif sur la longue durée. L’euro est en baisse de plus de 6% face au dollar par rapport à son niveau de début 2022. Toutefois, la monnaie unique s’en sort mieux que prévu. Certaines banques d’investissement (comme Citi) avaient prévu une chute de la paire vers les 0,93 fin 2022. Cela ne s’est pas produit. Cela souligne à quel point faire des prévisions sur le FX est compliqué sur le temps long. L’euro a également un peu rattrapé du terrain perdu ces dernières séances. Le ton hawkish (en faveur de plus de hausses de taux) de la Banque Centrale Européenne y est pour beaucoup. Cela a permis d’entraîner à la hausse les taux de rendement sur le marché obligataire et, par ricochet, de soutenir la progression de l’euro. Lors de la séance de jeudi dernier (lorsque la Banque Centrale Européenne a communiqué sa décision de politique monétaire), l’EUR/USD a effectué une incursion au niveau des 107,36. La faiblesse des volumes, qui est traditionnelle en cette période de l’année, pourrait entraîner un regain de volatilité sur le marché des devises. C’est un point à prendre en compte. A plus long terme, nous doutons que l’EUR/USD ait beaucoup de potentiel de hausse. La crise énergétique européenne, qui est pour l’instant moins pire que prévu, reste un frein important à une appréciation plus poussée de l’euro.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0165 | 1,0396 | 1,0791 | 1,0853 |
EUR/GBP | 0,8496 | 0,8615 | 0,8860 | 0,9042 |
EUR/CHF | 0,9601 | 0,9699 | 0,9910 | 1,0003 |
EUR/CAD | 1,4223 | 1,4373 | 1,4633 | 1,4724 |
EUR/JPY | 142,04 | 143,91 | 147,07 | 148,59 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Les deux prochaines semaines seront calmes du point de vue économique. Aucune réunion de banque centrale n’est prévue. Aucune statistique importante à suivre (à part l’indice PCE core de la Réserve Fédérale américaine). C’est le moment de faire une pause.
Comme tous les ans, nous faisons la trêve des confiseurs (si vous ne le savez pas, cette expression remonte à la deuxième moitié du 19ème siècle et fait référence à l’interruption des travaux parlementaires !). Nous vous retrouvons avec plaisir lundi 2 janvier 2023 pour un suivi complet de l’actualité sur les taux de change. Merci à toutes et à tous pour votre fidélité. Joyeuses fêtes !
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
---|---|---|---|---|
19/12 | 10:00 | Indice IFO du climat des affaires (Décembre) | Le consensus table sur une hausse à 87,4 contre 86,3 en novembre. | |
21/12 | 16:00 | Confiance du consommateur du Conference Board (Décembre) | Consensus à 100,00 contre 100,20 précédemment. | |
22/12 | 14:30 | PIB au troisième trimestre | Nouvelle estimation à 2,9% (conforme à la précédente). | |
23/12 | 14:00 | Indice PCE core (Novembre) | Hausse de 0,3% en variation mensuelle contre 0,2% précédemment. |
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