Ce sera certainement bien moins pire que ce que les économistes ont annoncé en fin d’année dernière. La trajectoire de l’économie en 2023 n’est pas si mauvaise que cela. Ce n’est évidemment que le début de l’année (beaucoup de choses peuvent faire dérailler l’activité). Mais il semble probable que le pire ne soit pas certain, cette fois-ci. La vraie surprise de 2023, c’est la résilience impressionnante de la zone euro. Il y a deux mois de cela, le consensus des économistes prévoyait une récession (souvent de faible ampleur) pour la plupart des grandes économies européennes (France comprise). La semaine dernière, plusieurs banques internationales dont Goldman Sachs ont révisé à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2023. Ce n’est pas anodin. C’est très rare qu’un ajustement des prévisions ait lieu aussi rapidement. Pour Goldman Sachs, la zone euro devrait finalement parvenir à éviter la récession cette année. Les experts de la banque américaine anticipent que la croissance sera de 0,6% contre -0,1% prévu précédemment. Cela change considérablement la donne. La croissance décélère. C’est inévitable. Les fortes mesures de soutien mises en œuvre en 2021 ont permis de soutenir l’activité considérablement en 2022. Mais à un certain stade, cet effet positif s’atténue.
Si on regarde les dernières statistiques, tout indique que la récession n’est peut-être pas certaine en zone euro. L’Allemagne était considérée comme le maillon faible (du fait de sa forte dépendance à l’énergie russe depuis plusieurs décennies). Finalement, l’industrie outre-Rhin affiche plutôt une bonne santé. La production industrielle devrait être stagnante au quatrième trimestre à en juger par le chiffre du mois de novembre publié en milieu de semaine dernière. C’est une performance remarquable alors que les prix de l’énergie ont atteint des niveaux stratosphériques qui auraient dû logiquement pousser l’industrie en phase de récession. Par ailleurs, le marché de l’emploi au niveau de l’Union est toujours dynamique avec une tension sur les salaires modérée. Le taux de chômage en zone euro a atteint 6,5% en novembre. Ce n’est pas le plein-emploi. Mais c’est une bonne performance. Sans surprise, cela cache des disparités. Le taux de chômage est le plus élevé en Espagne (12,4%) et le plus bas en Allemagne (3%). C’est en grande partie lié à la structuration du marché du travail qui diffère d’un pays à l’autre. Cela ne va pas changer de sitôt.
Ces données rassurantes ne signifient pas que la zone euro ne fera pas face à des défis importants en 2023. La tension sur le marché du crédit est un problème. C’est la première fois en l’espace de dix ans que le taux de rendement sur le high yield (obligations d’entreprises considérées comme plus risquées) est à 4% en début d’année. Il y aura des entreprises qui vont connaître des difficultés pour se financer dans les trimestres à venir. C’est certain. Cela va certainement provoquer des faillites d’entreprises en plus grand nombre (une forme de normalisation après une baisse importante des faillites pendant la Covid). En outre, les marchés financiers, y compris le marché des changes, devront absorber environ 700 milliards d’euros de liquidité nouvelle cette année résultant de la réduction du bilan de la Banque Centrale Européenne (BCE). Ce n’est pas sans risques. Cela correspond à un durcissement supplémentaire des conditions financières. Néanmoins, il est désormais évident que les scénarios noirs dévoilés fin 2022 par beaucoup d’économistes (grave récession, black-out, effondrement du marché de l’immobilier etc.) ne vont pas se réaliser. Chez Mondial Change, nous tablons sur une année sans événement extrême au niveau de la zone euro.
De l’autre côté de l’Atlantique, les indicateurs économiques sont positifs également. La semaine passée, une bonne nouvelle est venue de l’inflation. L’indice des prix à la consommation est retombé à 6,5% en variation annuelle contre 7,1% en novembre et un pic à 9,1% en juin. Comme nous l’expliquions la semaine passée, ce reflux est essentiellement lié à l’effondrement des prix de l’énergie (en particulier des prix du baril de pétrole). Hors produits volatils, l’inflation est aussi en nette chute à 5,7% en variation annuelle. Cela correspond à une baisse de 0,4 point. Pour la petite histoire, l’inflation hors produits volatils est désormais plus élevée en zone euro qu’aux Etats-Unis. C’est la première fois depuis la Covid.
Sur le marché des devises, la monnaie unique européenne était en nette hausse face à toutes ses contreparties la semaine dernière (à l’exception du yen japonais). La progression la plus importante a eu lieu face au dollar américain (+1,75%). Les cambistes anticipent désormais que la Banque Centrale Européenne (BCE) va probablement être plus hawkish que la Réserve Fédérale américaine (Fed) dans les mois à venir. Cela devrait logiquement soutenir le cours de l’euro. Le dernier rapport de la CFTC aux Etats-Unis (Commodity Futures Trading Commission – agence fédérale indépendante chargée de la régulation des bourses) confirme que les investisseurs institutionnels (comme les banques) sont toujours majoritairement positionnés à l’achat sur l’euro. Du point de vue de l’analyse technique, le franchissement de la zone des 1,08 constitue également un signal d’achat important. La remontée de l’euro pourrait se poursuive jusqu’à la zone des 1,10 (ce sera néanmoins un niveau difficile à dépasser d’après nous).
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0563 | 1,0692 | 1,0894 | 1,1000 |
EUR/GBP | 0,8714 | 0,8789 | 0,8917 | 0,8971 |
EUR/CHF | 0,9747 | 0,9897 | 1,0131 | 1,0236 |
EUR/CAD | 1,4175 | 1,4340 | 1,4601 | 1,4650 |
EUR/JPY | 134,80 | 136,55 | 141,39 | 144,54 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Il est toujours question de l’inflation cette semaine avec le chiffre portant sur les prix à la production aux Etats-Unis en décembre. C’est une statistique qui passait inaperçue il y a encore deux ans de cela. Les temps changent. Puisque le marché des changes est focalisé sur la dynamique des prix, il est important de regarder ce qui se passe du côté de la production (puisque c’est généralement répercuté par la suite sur le consommateur). Il est probable que les prix à la production restent orientés à la baisse (notamment du fait de l’accalmie sur les prix de l’énergie). Si c’est le cas, c’est un argument supplémentaire pour que la Fed s’abstienne d’augmenter trop fortement les taux le mois prochain.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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16/01 | 11:00 | Indice ZEW du sentiment économique (Janvier) | Consensus à -26,4 contre -23,3 en décembre. | |
18/01 | 08:00 | Première estimation de l’indice des prix à la consommation (Décembre) | Hausse à 10,9% en variation annuelle (10,7% en novembre). | |
14:30 | Indice des prix à la production (Décembre) | Ralentissement prévu à 0,2% en variation mensuelle contre 0,3% en novembre. | ||
19/01 | 14:30 | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Janvier) | Consensus à -9,5 contre -13,8 en décembre. |
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