Ce n’est pas encore cela

Quand on pense aux prévisions macroéconomiques formulées en fin d’année dernière (qui prédisaient une récession marquée, un black-out européen et dans certains cas une déstabilisation financière), on se dit qu’on s’en sort plutôt bien jusqu’à présent. Tous les voyants ne sont pas au vert, loin de là. Mais l’économie des deux côtés de l’Atlantique (le Royaume-Uni est un cas à part) fait preuve d’une résilience impressionnante.

En zone euro, la bonne nouvelle, c’est que l’inflation est en repli marquée en décembre. En France, l’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 6,7% en variation annuelle contre 7,3% prévu par le consensus des économistes. La marge d’erreur est énorme. En Allemagne, l’inflation est également nettement en baisse, à 8,7% sur la même période contre 10,4% en novembre. La baisse s’explique essentiellement par deux facteurs principaux : la nette chute des prix de l’énergie et, pour certains pays, comme l’Allemagne, la mise en œuvre de mesures ponctuelles pour baisser la facture d’électricité des ménages et des petites et moyennes entreprises. La chute des prix de l’énergie est massive. En l’espace d’un mois, les prix du gaz ont dégringolé de 50% pour atteindre leur plus bas niveau depuis octobre 2021. C’est un peu comme si l’effet de la guerre en Ukraine avait complètement disparu. S’ajoutent aussi à cela les températures clémentes (qui réduisent le recours au chauffage) et la mise en application des mesures de sobriété énergétique (en particulier du côté des industriels). Est-ce que la baisse des prix de l’énergie est pérenne ? Nous en doutons. Le marché du pétrole risque d’être en situation de déficit d’approvisionnement cette année à cause de la production trop faible de l’OPEP+ et des sanctions à l’égard du pétrole russe. En outre, une fois sorti de l’hiver, il faudra de nouveau reconstituer les stocks de gaz en Europe, sans compter sur la Russie. Cela risque de nouveau de créer une tension à la hausse sur les prix du marché de gros. Tout cela devrait plutôt constituer un problème pour le deuxième semestre. A court terme, l’inflation est bien en repli. Mais comme ce phénomène n’est certainement pas durable, il ne faut pas s’attendre dans l’immédiat à un quelconque changement de politique monétaire de la part de la Banque Centrale Européenne. La poursuite du processus de hausse des taux et de réduction du bilan (qui constitue aussi un levier pour durcir la politique monétaire) vont perdurer.

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est une situation assez paradoxale à laquelle nous faisons face. Les indicateurs économiques sont trop bons. Oui, vous avez bien lu ! Les indicateurs économiques, en particulier ceux portant sur le marché du travail, sont bons, très bons. La composante emploi de l’indice PMI manufacturier est toujours en territoire d’expansion (au-dessus de 50). L’enquête ADP sur l’emploi privé est ressortie bien meilleure que prévu avec 235 000 créations d’emplois en décembre (c’est un rythme plutôt très soutenu). Enfin, les revendications hebdomadaires au chômage (c’est le meilleur indicateur pour avoir une vision en temps réel du marché de l’emploi aux Etats-Unis) restent désespérément basses, à seulement 204 000 selon les derniers chiffres publiés jeudi dernier. En temps normal, ce serait une excellente nouvelle. Mais en période d’inflation élevée, c’est une mauvaise nouvelle. La Réserve Fédérale américaine (Fed) a absolument besoin d’une détérioration du marché de l’emploi (donc d’une hausse significative du chômage) pour réduire la boucle prix-salaire et faire refluer durablement l’inflation. Pour l’instant, les hausses de taux ne semblent pas avoir eu l’effet escompté. Par conséquent, il faut s’attendre à ce que le processus de durcissement monétaire se poursuive. En fin d’année 2022, beaucoup d’analystes du marché des changes avaient évoqué une possible pause prochaine de la Fed. Ce n’est clairement pas à l’horizon. Comme l’indique le compte-rendu de la réunion de décembre de la banque centrale, l’enjeu est surtout de savoir de quelle ampleur sera la prochaine hausse du loyer de l’argent (est-ce que ce sera de 50 points de base ou de 75 points de base ?).

Sur le marché des changes, le début d’année est plutôt défavorable à l’euro. La seule performance positive est face au JPY (+0,26%). C’est assez paradoxal alors qu’on observe le retour de l’appétit au risque sur les marchés actions. Certes, la corrélation n’est pas toujours positive. Mais une hausse de l’appétit au risque en bourse rythme souvent avec une progression de l’euro. Face à plusieurs devises (GBP et USD en particulier), l’euro est en phase de consolidation. Nous ne nous attendons pas à ce que la volatilité progresse significativement cette semaine. Les cambistes attendent surtout les réunions de banque centrale du mois prochain afin d’avoir un peu plus de visibilité sur le rythme de progression de la hausse des taux (c’est l’enjeu principal pour les devises en ce début d’année). Du point de vue de l’analyse technique, la paire EUR/USD fait face à deux résistances hebdomadaires importantes situées à 1,0708 et à 1,0809. En l’absence de market movers significatifs, il est probable que la paire reste dans la zone des 1,05-1,07 dans les séances à venir.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,03701,0481,07081,0819
EUR/GBP 0,8730,87780,89140,9020
EUR/CHF 0,96200,97240,99030,9934
EUR/CAD 1,40711,41961,44811,4643
EUR/JPY 135,74138,1142,23143,86

+33 (0)1 48 09 09 83

Depuis des mois, nous ne parlons quasiment que d’un seul sujet en économie, c’est l’inflation. Ce sera également le cas cette semaine. Après avoir eu les chiffres du mois de décembre en zone euro, nous aurons ceux des Etats-Unis pour la même période. En raison de la baisse de la composante énergie, l’inflation devrait diminuer substantiellement en décembre (6,7% en variation annuelle). C’est une bonne nouvelle. Mais comme nous l’avons indiqué plus haut, ce n’est certainement que temporaire. Par conséquent, il n’y aura pas de conséquences durables au niveau des taux de change et de la politique monétaire de la Fed, selon nous.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
12/0114:30Indice des prix à la consommation (Décembre)Très fort repli attendu à 6,7% en variation annuelle contre 7,1% en novembre
13/0108:00Production manufacturière (Novembre) Précédent à 0,7% (variation mensuelle)

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