Pandémonium

Connaissez-vous le pandémonium ? Ce terme a été inventé par le poète britannique John Milton en 1667. Il fait référence à un endroit où règne le chaos, le désordre. Le pandémonium est le terme parfait pour résumer la situation actuelle sur les marchés financiers et en géopolitique. Les cambistes craignent que les tensions au Proche-Orient enflamment tout ou une partie du monde arabe. Les valeurs refuge ont, sans surprise, la cote. Le franc suisse, le yen japonais et le dollar américain sont les grands gagnants de la période actuelle.

Connaissez-vous le pandémonium ? Ce terme a été inventé par le poète britannique John Milton en 1667. Il fait référence à un endroit où règne le chaos, le désordre. En peinture, John Martin a représenté le pandémonium comme la capitale de l’Enfer dans une œuvre de 1841 qui est exposée au musée du Louvre. Le pandémonium est le terme parfait pour résumer la situation actuelle sur les marchés financiers et en géopolitique surtout. Un chaos indescriptible règne. L’aversion au risque fait son retour sur le marché des changes, de crainte que les tensions au Proche-Orient enflamment tout ou une partie du monde arabe. Dans ces circonstances, personne ne sera surpris que le yen et le franc suisse soient recherchés par les opérateurs de marché. Les deux monnaies jouent parfaitement leur rôle de valeur refuge en période de crise, comme l’or au niveau des matières premières. Le dollar en a un peu moins bénéficié, même si cela ne remet aucunement en cause la tendance de fond favorable au billet vert (qui est liée à la très bonne santé de l’économie américaine et au fait que la Réserve Fédérale va certainement maintenir pour longtemps ses taux élevés). Il est probable que les tensions au Proche-Orient continuent d’être un facteur perturbateur sur les marchés financiers pendant quelques semaines – le temps que l’opération israélienne d’élimination du Hamas atteigne ses principaux objectifs. Cela signifie que l’aversion au risque devrait demeurer et potentiellement connaître des pics soudains, comme nous l’avons vu la semaine dernière lorsque l’Iran a menacé Israël d’un blocus pétrolier. De notre point de vue, la géopolitique constitue un argument supplémentaire pour que les banques centrales s’abstiennent de bouger leurs taux à court terme. C’était d’ailleurs l’argument central développé par le gouverneur de la banque centrale grecque dans une interview pour le Financial Times la semaine passée. S’ajoute à cela, évidemment, le fait que l’inflation reflue en tendance.

Tout n’est heureusement pas complètement négatif. La Chine s’oriente de plus en plus vers une relance. Elle ne sera pas de l’ampleur de celle de 2009. Mais elle devrait permettre à l’économie chinoise de retrouver un peu plus d’élan. Le chiffre de la croissance chinoise au troisième trimestre à 4,9% sur un an et les ventes au détail ont surpris positivement. Maintenant, il est temps de passer à l’étape supérieure avec des aides et des subventions d’un montant de plus de 100 milliards de dollars qui devraient être orientées essentiellement vers les infrastructures. Il semble que Pékin fasse le choix des infrastructures et du secteur manufacturier (avec une réorientation des crédits de l’immobilier vers ce segment) plutôt que celui de la consommation. C’est ingénieux. Les ménages chinois sont frileux pour l’avenir. Ils craignent l’effondrement des prix de l’immobilier et épargnent pour leur retraite. D’où un taux d’épargne qui avoisine 40% du PIB. C’est énorme. Dans de telles circonstances, il est difficile de restaurer la confiance et ce n’est certainement pas en mettant de l’argent sur la table qu’on va inciter le consommateur chinois à dépenser. Pour que la confiance soit rétablie, il faut que les prix de l’immobilier se stabilisent (ce qui n’arrivera pas à court terme) et qu’un système de retraite plus protecteur soit mis en place (mais cela soulève une forte opposition en interne). La mauvaise nouvelle (il y en a une), c’est qu’une relance qui se focalise essentiellement sur les infrastructures a assez peu de chances de constituer un moteur de croissance au niveau mondial. Beaucoup de pays européens espèrent profiter de la relance chinoise (en particulier l’Allemagne). Ils vont être déçus.

En Europe, c’est l’orientation budgétaire pour 2024 qui est dans tous les esprits. Il n’est pas question de commettre les mêmes erreurs qu’au début des années 2010 avec la mise en place de politiques d’austérité. Mais il est nécessaire de couper dans les dépenses (donc de faire de la consolidation budgétaire) alors que le coût de la dette ne cesse d’augmenter. A ce niveau, une stabilisation n’est pas attendue avant le début de l’année prochaine dans le meilleur des cas. En France, deux pistes ont été choisies : (1) le retrait de nombreuses mesures d’aides aux entreprises mises en place pendant la Covid et durant la crise énergétique et (2) la baisse drastique des dépenses des collectivités locales et de la sécurité sociale. Sur ce dernier point, nous sommes assez dubitatifs sur la capacité d’atteindre l’objectif fixé. Mais c’est un moyen de rassurer les agences de notation qui doivent bientôt donner leur verdict sur la dette française.

Le point technique

Comme nous le disions en introduction, nous sommes face à un marché des changes qui est en mode aversion au risque (comme c’est le cas du marché des matières premières). Nous nous attendons à court terme à ce que les positions acheteuses sur le franc suisse et sur le yen japonais augmentent, et probablement également sur le dollar américain. Pour l’EUR/USD, les derniers événements géopolitiques renforcent la tendance haussière qui est déjà bien installée depuis plusieurs semaines en raison d’une macroéconomie européenne morose. La principale zone de support sur la paire se situe à 1,0450. En cas de franchissement, nous pourrions avoir une accélération de la baisse. Certains analystes prévoient un retour vers la parité. C’est un peu prématuré. Mais il est certain que l’euro a encore un potentiel baissier important. Ce commentaire vaut également pour l’EUR/CHF qui pourrait atteindre la zone située autour de 0,9380 si l’aversion au risque perdure. Nous sommes dans une configuration de marché que nous connaissons bien où seules les valeurs refuge affichent de bonnes performances.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,03591,04501,07011,0789
EUR/GBP 0,84890,85120,87090,8789
EUR/CHF 0,93220,93800,96900,9730
EUR/CAD 1,42101,43101,45881,4612
EUR/JPY 155,43155,99158,42159,50

Les annonces à suivre

Cette semaine, deux banques centrales sont au menu. Dans les deux cas, nous nous attendons à un maintien du taux directeur à un niveau inchangé. Étant donné les risques baissiers qui pèsent sur l’immobilier, la Banque du Canada devrait maintenir son taux principal à 4,50%. Il est probable que le taux terminal soit déjà atteint. C’est aussi vraisemblablement le cas en zone euro. Au regard du reflux de l’inflation et de la pression croissante qui s’exerce sur les États et les entreprises fortement endettées de l’Union, il est probable que la Banque Centrale Européenne va s’abstenir de relever son taux. L’enjeu pour les banques centrales est désormais d’éviter de faire la hausse de taux de trop qui pourrait précipiter l’économie dans une récession. En zone euro, la récession est certainement déjà là (puisque l’Allemagne est en récession technique). Mais pour l’instant, elle est relativement indolore. Une hausse des taux supplémentaire serait interprétée comme une erreur de politique monétaire par le marché qui aurait deux conséquences immédiates : un renchérissement du loyer de l’argent à un niveau qui pourrait accroître le nombre de défaillances d’entreprises et de nouvelles pressions à la vente sur l’euro. Personne ne veut cela, surtout pas à Francfort.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 25/10/202310:00ALLIndice Ifo du climat des affaires (Octobre)Précédent à 85,7.
Le 25/10/202316:00CARéunion de la banque centraleSauf surprise de dernière minute, la banque centrale devrait maintenir son taux directeur inchangé à 5,00%.
Le 26/10/202314:15EURéunion de la banque centraleMaintien du taux directeur à 4,50%.
Le 27/10/202314:30USAIndice PCE Core (Septembre)C’est un indicateur un peu en retard par rapport au cycle économique mais qui a le mérite de bien mettre en lumière les éventuelles pressions inflationnistes. C’est observé de près par la Fed.

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