Europe Bashing

Il y a seulement deux choses qui comptent pour le marché des options en ce moment : l’élection présidentielle américaine et l’emploi américain. Bonne nouvelle, nous aurons de nouvelles données en fin de semaine concernant le marché du travail. Attention toutefois à ne pas surinterpréter les chiffres ! On vous explique pourquoi.

Quand ça va mal aux États-Unis, ça va systématiquement encore plus mal en Europe. Les derniers indicateurs d’activité manufacturière l’ont montré. Outre-Atlantique, l’activité ralentit. Mais on est encore loin de la zone de danger. L’industrie manufacturière est toujours en phase d’expansion. En Europe, ça s’effondre, notamment en Allemagne où le PMI a chuté à 40,3 – des niveaux qu’on avait connus pendant le confinement mondial lié à la Covid. Les plus optimistes pensent que les mauvaises statistiques européennes pourraient inciter la BCE à accélérer la baisse des taux. Ce serait nécessaire. Mais ce n’est pas certain que cela se produise. Certains membres influents du conseil des gouverneurs ont encore rappelé la semaine dernière l’importance de surveiller les tensions salariales dans le secteur des services. Heureusement, tous les pays de la zone euro ne sont pas logés à la même enseigne. L’Espagne, qui bénéficie des mesures de relance du gouvernement Sanchez, d’une plus grande prudence budgétaire et d’une saison touristique très dynamique, s’en sort bien.
Quid de la France ? C’est compliqué. Au regard du niveau élevé du déficit (proche de 6% du PIB selon les dernières estimations), une consolidation budgétaire importante est nécessaire. On parle de 30 à 40 milliards d’euros à trouver. Dans un monde idéal, il faudrait revoir le périmètre de l’État. Dans la réalité, il est probable que les bonnes vieilles recettes s’imposent : coupes dans les ministères et hausse de la fiscalité. A ce propos, plusieurs pistes sont évoquées : hausse de la fiscalité sur les donations, les successions ou remise en cause de la flat tax (qui avait pourtant eu un effet très positif sur les créations d’entreprises selon France Stratégie). Cela permet d’avoir des rentrées fiscales rapides…et donc de montrer patte blanche à la Commission Européenne. Mais cela risque de comprimer l’activité économique et peut, potentiellement, causer une récession. Pour l’instant, ce n’est pas notre scénario central pour 2025. Nous tablons toujours sur une croissance plutôt atone, proche de 0,5-0,7% (à ajuster une fois que le budget aura été dévoilé).
La bonne nouvelle de la semaine dernière, c’est que la Chine a relancé son économie. Attention avant de s’enthousiasmer trop, il s’agit essentiellement de mesures monétaires qui ont vocation à soutenir le marché de l’immobilier et le marché des actions (qui est en phase de correction depuis le mois de mai). Les milliards de yuans qui vont être injectés dans l’économie ne vont en aucune façon se traduire par une relance de la consommation. Cette année, comme l’an prochain, la Chine devrait ne pas être en mesure d’atteindre son objectif de croissance à 5%. Nous considérons que la hausse du PIB devrait être limitée à 4,8% cette année. Cela peut paraître beaucoup. Ce n’est pas le cas au regard du stade de développement économique de la Chine. Ces mesures devraient toutefois permettre de stabiliser le yuan – qui avait connu une volatilité inhabituelle ces dernières semaines. C’est le principal point positif, selon nous.
Enfin, côté américain, les derniers indicateurs confirment le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie. Le maintien d’un déficit budgétaire élevé dans les années à venir – compris entre 5% et 7% du PIB – devrait permettre d’éviter une récession. Ce déficit n’est pas problématique puisqu’il a permis un boom de la richesse produite et de la productivité (elle pourrait atteindre 3% cette année alors qu’elle est négative en zone euro). Nous considérons que sur les trois prochaines années, la croissance américaine devrait nettement surperformer celle de la zone euro. Structurellement, c’est un facteur de soutien du dollar américain.

Le point technique

Sur le marché des changes, nous pouvons que la possibilité que l’EUR/USD aille beaucoup plus loin est limité. Le grand écart en termes d’activité économique entre les Etats-Unis et la zone euro risque de poser un problème à long terme. Ajoutons également que nous nous rapprochons de l’élection présidentielle américaine qui pourrait inciter les opérateurs à plutôt privilégier les valeurs refuges, donc le dollar au détriment de l’euro.
Le franc suisse a peu bougé dans la foulée de la baisse des taux de 25 points de base décidée par la Banque Nationale Suisse (BNS). Une minorité d’analystes anticipait une baisse de 50 points de base en considérant que la BNS souhaiterait taper fort en septembre, sachant que sa prochaine réunion n’est qu’en décembre. C’était peu probable. La question du franc fort est toutefois toujours un problème. La BNS a réitéré qu’elle pourrait de nouveau intervenir sur le marché des changes. Attention si vous êtes exposé.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,09901,10331,12151,1245
EUR/GBP 0,82330,83000,84900,8511
EUR/CHF 0,92900,94000,94910,9589
EUR/CAD 1,47991,49771,51431,5210
EUR/JPY 157,90160,88162,53163,11

Les annonces à suivre

Il y a deux choses qui comptent pour le marché des actions en ce moment : l’élection présidentielle américaine et l’emploi américain. C’est ce dernier point qui sera le point d’attention majeur cette semaine. Nous continuons de penser que le marché de l’emploi se porte bien. Il faut s’abstenir de surinterpréter les chiffres communiqués qui sont en partie biaisés. En effet, les créations d’emplois et le taux de chômage sont affectés par l’octroi inhabituellement élevé de visas de travail (en moyenne 60 000 visas sont accordés par mois contre 40 000 avant la Covid) et par un nombre croissant de travailleurs immigrés illégaux. Les chiffres de l’emploi sont donc un peu moins lisibles que par le passé. Dans tous les cas, dans l’immédiat, aucun changement de politique monétaire n’est attendu. La Réserve Fédérale américaine (Fed) devrait baisser ses taux à deux reprises cette année, à de 25 points de base à chaque fois. Nous sommes alignés avec le consensus du marché monétaire.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 01/10/202411:00EURIndice des prix à la consommation (Septembre)Première estimation à 2,2% sur un an
Le 02/10/202414:15USAEnquête ADP (Septembre)Précédent à 99k.
Le 04/10/202414:30USAEmploi américain (Septembre)Taux de chômage à 4,2% en août et créations d’emplois à 142k.

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