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Nous n’avons jamais caché notre scepticisme concernant l’attentisme de la Banque Centrale Européenne (BCE) dans la lutte contre l’inflation élevée. Alors que toutes les autres banques centrales majeures (comme la Réserve Fédérale américaine et la Banque d’Angleterre) ont enclenché un cycle de relèvement des taux, la BCE a toujours refusé de le faire. Les choses sont peut-être en train de changer. Jeudi dernier, le vice-président de l’institution, Luis de Guindos, a clairement indiqué qu’une première hausse des taux en zone euro pourrait avoir lieu au plus tôt en juillet prochain. C’est un revirement important surtout quand on sait que de Guindos est plutôt classé parmi les colombes au sein du Conseil des gouverneurs (c’est-à-dire qu’il fait partie des membres qui sont plutôt enclins à maintenir une politique monétaire très accommodante sur la durée). Dans la foulée, le marché monétaire a ajusté ses anticipations de hausse des taux. Il table désormais sur trois hausses de 25 points de base chacune d’ici à la fin de l’année. L’euro a réagi positivement à cette annonce : l’EUR/USD a grimpé jusqu’au niveau des 1,0936 tandis que l’EUR/CHF a atteint le seuil des 1,0372 jeudi dernier. Par la suite, des prises de bénéfices ont eu lieu. Il est encore trop tôt pour connaître le calendrier exact de durcissement monétaire de la BCE. Il devrait être dévoilé en détail en juin prochain. Mais tout porte à croire que Francfort a enfin compris qu’il est nécessaire d’agir contre l’inflation.

D’ailleurs, la dernière estimation de l’inflation au mois de mars a été publiée la semaine passée. Elle atteint 7,4% en variation annuelle et 2,4% en variation mensuelle. C’est douloureux. Dans plusieurs pays de la zone, l’inflation est supérieure à ce niveau. Elle atteint 7,6% en Allemagne, 7,9% au Luxembourg, 8% en Grèce et 9,3% en Belgique. La France est un peu épargnée avec une inflation à 5,1% mais qui grimpe rapidement. A ce stade, aucun économiste n’anticipe un reflux prochain de de la hausse des prix. Il est probable qu’il faudra gérer cette problématique au moins pendant toute l’année 2022, voire au-delà. C’est un défi pour de nombreuses entreprises, particulièrement celles qui ne sont pas en mesure de répercuter au moins une partie de la hausse sur les sous-traitants et/ou les consommateurs. Comme nous l’annoncions en début d’année, nous sommes probablement entrés dans une nouvelle ère inflationniste (mais qui n’a rien à voir avec la période des années 70 puisqu’à ce moment-là les salaires étaient indexés à l’inflation dans la majorité des pays européens).

De l’autre côté de l’Atlantique, l’inflation est aussi la thématique majeure. Le Beige Book, qui fournit chaque mois un panorama détaillé de l’évolution macroéconomique dans les principales régions des Etats-Unis, a confirmé que la demande reste dans l’ensemble forte mais que la hausse des intrants combinée à un marché du travail quasiment en situation de plein-emploi fait peser des incertitudes pour l’avenir. En revanche, au regard de l’évolution de l’activité, il n’y aucun signal annonciateur d’une récession (certains opérateurs dans les salles de marché évoquent déjà le spectre d’une récession aux Etats-Unis prochainement). Il semble acquis que la Réserve Fédérale américaine va augmenter début mai son taux directeur de 50 points de base. En revanche, l’incertitude demeure sur le rythme d’appréciation par la suite. 35% des cambistes prévoient une hausse de 75 points de base en juin prochain. Ce n’est pas un scénario complètement farfelu. La banque centrale va devoir taper fort pour montrer sa détermination à faire baisser l’inflation. Elle se situe actuellement à 8,5%. Beaucoup d’analystes n’excluent pas qu’elle atteigne le seuil psychologique des 10% d’ici à l’été. Même avec des hausses de salaires marquées, un tel niveau d’inflation conduit invariablement à un appauvrissement généralisé de la population. C’est le même risque qui est prégnant en zone euro, d’ailleurs.

Sur le marché des changes, l’euro a fini la semaine dernière en ordre dispersé (baisse face au dollar américain et face au yen japonais mais hausse face à la livre sterling, au franc suisse et au dollar canadien). Si on se base sur l’analyse technique, la tendance reste toujours baissière sur l’EUR/USD avec une prochaine cible (qui fait office de support) à 1,0600. C’est un objectif de moyen terme. L’euro a aussi baissé face au yen japonais mais cela s’explique plutôt par des prises de bénéfice. Nous n’excluons pas un retour vers la zone des 140 à court terme. La paire EUR/JPY pourrait continuer d’être assez volatile dans les sessions à venir. Enfin, il semble que les interventions de la Banque Nationale Suisse sur les changes soient un réel succès. L’EUR/CHF s’éloigne de plus en plus de la parité et pourrait renouer prochainement avec la zone de prix des 1,04-1,05.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,04741,06001,10021,1175
EUR/GBP 0,80880,82320,85000,8627
EUR/CHF 1,00791,02041,04951,0702
EUR/CAD 1,34281,35611,39021,4097
EUR/JPY 134,89136,90140,0142,90

+33 (0)1 48 09 09 83

Vous commencez à être habitué. Le thème de la semaine sera encore l’inflation. Eurostat publiera sa première estimation de l’indice des prix à la consommation en zone euro en avril. Le consensus des analystes anticipe un passage de 7,4% à 7,5% en variation annuelle. Nous n’excluons pas que l’inflation soit beaucoup plus élevée. Dans tous les cas, la pression s’accentue sur la BCE afin qu’elle agisse. Nous ne serions pas surpris que plusieurs membres du Conseil des gouverneurs fassent passer le message d’une intervention prochaine, à l’instar de de Guindos il y a quelques jours de cela.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
25/0410:00Indice IFO du climat des affaires (Avril)Le consensus des analystes table sur un rebond à 94,2 contre 90,8 précédemment.
26/0416:00Indice de confiance des consommateurs du Conference Board (Avril)Repli prévu à 106,0 contre 107,2 en mars.
28/0414:30Estimation du PIB au premier trimestreLe consensus prévoit un ralentissement brutal à 1,0% contre 6,9% le trimestre précédent.
26/0409:00PIB au premier trimestreRisque faible de récession (au quatrième trimestre 2021, le PIB était en contraction)
11:00Indice des prix à la consommation (Avril)Nouvelle hausse à 7,5% sur un an contre 7,4% en mars. Cela va complexifier sérieusement la tâche de la BCE.

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