Deux salles, deux ambiances

Il n’y a pas de débat sur ce que la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Réserve Fédérale américaine vont décider cette semaine. Ce sera une nouvelle hausse des taux de 25 points de base dans les deux cas. En revanche, l’incertitude demeure quant à la suite. Aux Etats-Unis, le processus de désinflation est bien entamé. Ce ne serait pas aberrant que la banque centrale s’abstienne d’augmenter de nouveau ses taux par la suite. En zone euro, la désinflation est là mais c’est plus compliqué. L’inflation sous-jacente est, par exemple, encore trop élevée. Tout l’enjeu cette semaine est de savoir si la BCE va trancher le débat qui existe actuellement sur l’opportunité d’une hausse des taux en septembre. Nos attentes sont faibles. Selon nous, la BCE laissera toutes les options sur la table, juste au cas où.

Sur le front économique, c’est le Royaume-Uni qui a occupé le devant de la scène la semaine passée. Les prix à la consommation pour le mois de juin étaient attendus. Les économistes prévoyaient un mauvais chiffre. Finalement, ce fut une bonne surprise. Cela reflète surtout à quel point il est difficile de faire des prévisions à peu près fiables concernant la dynamique d’inflation. En juin, les prix à la consommation ont atteint un point bas de quinze mois à 7,9% en variation annuelle contre 8,7% en mai. C’est évidemment encourageant. Il y a un bémol toutefois : l’inflation sous-jacente, qui est la bonne mesure pour estimer les pressions inflationnistes, reste encore trop élevée à 6,9% sur un an. Le marché des changes est désormais partagé sur l’issue de la réunion de la Banque d’Angleterre (BoE) prévue au début du mois prochain. Avant cette publication, le consensus des analystes tablait sur une hausse de 50 points de base. Désormais, 60% des analystes interrogés considèrent que la BoE n’augmentera le loyer de l’argent que de 25 points de base. Ce n’est pas notre avis. Nous nous attendons à une hausse de 50 points de base accompagnée d’un discours un peu plus dovish concernant la trajectoire des taux à moyen terme (concrètement, on pourrait passer de 50 points de base à 25 points de base en septembre). Pourquoi la BoE ne doit pas baisser la garde ? La dynamique de désinflation est lente (Pour rappel, cela signifie que l’inflation continue à croître mais à un rythme moins important qu’avant. A ne pas confondre avec la déflation). La croissance des salaires est à un niveau record et elle ne montre pas de signe d’affaiblissement. En outre, l’inflation britannique est toujours la plus élevée des pays du G7. On voit mal, dans ces circonstances, comment la banque centrale pourrait décider du jour au lendemain de passer à 25 points de base (en se basant en particulier sur une seule statistique !). C’est improbable. Il va falloir que le marché des changes ajuste ses anticipations, ce qui signifie qu’il y aura certainement un peu de mouvements sur les paires en GBP dans les séances à venir.
Aux Etats-Unis, la dynamique de croissance est toujours positivement orientée. L’indicateur de la Réserve Fédérale d’Atlanta GDPNow, qui permet d’estimer l’évolution du PIB en temps réel, affiche une croissance au deuxième trimestre de 2,4% en rythme annualisé. C’est un chiffre très solide après une performance de 2% au premier trimestre. Dans ce contexte, il est difficile de percevoir un risque immédiat de récession. Les marchés financiers l’ont bien compris. Ils ont ajusté en conséquence leurs prévisions. Goldman Sachs considère désormais qu’il y a seulement 20% de chance que les Etats-Unis entrent en récession. Autrement dit, le scénario du soft landing s’impose. Cela entraîne des implications au niveau de la politique monétaire, évidemment. En juin dernier, le marché des devises considérait que la Réserve Fédérale américaine (Fed) allait baisser ses taux d’ici à six mois. Désormais, ce n’est prévu que dans dix mois (donc en 2024). Il est évident que la pause de politique monétaire sera plus longue que prévu aux Etats-Unis.
Au Japon, rien de nouveau sous le soleil. Comme on pouvait l’attendre, le gouverneur de la banque centrale a confirmé qu’il ne va pas y avoir d’ajustement à court terme de la politique monétaire, et en particulier du dispositif de contrôle de la courbe des taux (qui permet d’éviter une flambée des taux d’emprunt sur le marché obligataire). Cela met fin aux rumeurs. En effet, depuis plusieurs semaines, les opérateurs ont évoqué la possibilité d’un durcissement de la politique monétaire, ce qui avait soutenu à la marge le yen japonais. De notre point de vue, la politique monétaire nippone est en mode pause pendant au moins le reste de l’année, voire au-delà. Rappelons-nous que le processus de revue stratégique de la politique monétaire (qui permet de savoir si les dispositifs actuels sont opérants) ne doit normalement commencer que dans environ un an. D’ici là, la tendance de fond sur le yen japonais devrait être à la baisse (même si on peut s’attendre à quelques sursauts en fonction de l’évolution géopolitique et des rumeurs de marché qui sont courantes pendant l’été).

Le point technique

L’euro a de nouveau les faveurs des cambistes. Mais on le sait très bien, lorsque les mouvements de hausse ou de baisse sont de forte amplitude sur un laps de temps court, cela n’est jamais durable et on finit par avoir un rééquilibrage des positions des opérateurs. C’est probablement ce qui va se passer sur les paires en EUR (puisque la hausse de l’euro n’est pas uniquement face au dollar américain mais elle a lieu également face au yuan chinois, par exemple). A moyen terme, nous doutons que l’EUR/USD soit en mesure de s’échapper durablement de la zone des 1,1250-1,1300. Il faudra donc penser à se couvrir dans l’éventualité d’un rééquilibrage à la baisse sur la paire à court terme.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,07201,08891,12951,1355
EUR/GBP 0,84200,85010,87510,8980
EUR/CHF 0,94500,95230,97900,9890
EUR/CAD 1,43901,44561,48901,4920
EUR/JPY 153,89154,90158,01159,30

Les annonces à suivre

C’est certainement la dernière semaine vraiment importante pour le marché des changes avant la pause du mois d’août (même s’il y a parfois des surprises pendant le mois d’août). Que ce soit aux Etats-Unis ou en zone euro, le consensus des analystes prévoit une hausse de taux de 25 points de base. C’est déjà intégré dans les prix offerts par le marché. En revanche, l’incertitude est élevée concernant l’évolution à moyen terme des taux. Aux Etats-Unis, le processus de désinflation est très bien entamé. Il ne serait pas aberrant que la Fed décide finalement de ne pas augmenter ses taux en septembre prochain. Nous aurons certainement plus d’éléments à cet égard cette semaine. En zone euro, la situation sur le front de l’inflation est plus complexe. Les prix à la consommation chutent. Les prix à la production baissent aussi (en Allemagne, ils ont ralenti pour atteindre 0,1% en juin contre 1% en mai). Il n’y a pas de boucle prix-salaire. Mais l’inflation sous-jacente reste trop élevée et surtout la baisse de l’inflation est essentiellement liée à la chute des prix de l’énergie alors que l’inflation par les services continue de se répandre. Des membres de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont plaidé la semaine dernière pour une pause après la hausse du mois de juillet. Mais le compte-rendu de la dernière réunion indique toujours qu’une majorité de membres du Conseil plaide pour une hausse des taux en septembre également. Il faudra certainement attendre d’avoir plus de statistiques économiques pour y voir plus clair concernant l’évolution de la politique monétaire en zone euro au-delà de la hausse prévue cette semaine. Cela veut dire qu’on risque d’avoir de la volatilité sur les paires en EUR dans les semaines à venir.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 25/07/202310:00ALLIndice IFO du climat des affaires (Juillet)Précédent à 88,5.
Le 25/07/202316:00USAConfiance des consommateurs du Conference Board (Juillet)Précédent à 109,7.
Le 26/07/202320:00USARéunion de la banque centraleConsensus : hausse du taux directeur de 25 points de base.
Le 27/07/2023714:15EURRéunion de la banque centraleConsensus : hausse du taux directeur de 25 points de base.

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