Différentiel

Nous entrons dans la période calme. La Fed et la BCE doivent se réunir à la fin du mois. Mais rien ne sera fait à cette occasion. La prochaine baisse des taux aura lieu en septembre. Le seul point d’attention majeur cette semaine est le troisième plénum du parti communiste chinois qui pourrait déboucher sur des mesures de soutien importantes.

Trois facteurs soutiennent la reprise économique dans les pays développés :
– La fin de la récession du secteur manufacturier mondial.
– La croissance des salaires réels supérieure à l’inflation.
– La fin de l’impact négatif sur le crédit des politiques monétaires restrictives. On commence même à voir des effets bénéfiques de la baisse des taux sur le marché interbancaire en zone euro, ce qui se répercute sur les taux aux entreprises et aux ménages.

II y a bien-sûr des incertitudes mais dont il ne faut pas exagérer l’ampleur :
– L’accumulation de la dette privée qui doit être refinancée à des taux plus élevés et qui peut poser des problèmes ici et là, surtout pour les petites et moyennes entreprises.
– Les difficultés persistantes du secteur immobilier qui n’ont toujours pas été traitées (stratégie du « pretend and extend »).
– La réduction des marges des entreprises en raison de la hausse du transport maritime, des matières premières et des salaires – des sujets que nous avons évoqués dans nos dernières newsletters.

La bonne nouvelle c’est que, sauf accident de parcours, ça devrait aller et la reprise devrait se raffermir dans les mois à venir ! Évidemment, le différentiel de croissance qu’on observe depuis l’an 2000 entre les États-Unis et la zone euro va persister. Côté européen, la croissance potentielle (à pleine utilisation des facteurs de production) est proche de 0,8% tandis que de l’autre côté de l’Atlantique elle se situe entre 1,5% et 2% en fonction des estimations. Comment l’augmenter ? En faisant croître la productivité. Jusqu’à récemment, on pensait que c’était impossible. Les États-Unis nous ont prouvé le contraire. En investissant massivement dans la transition énergétique et les relocalisations industrielles, Washington a réussi à obtenir d’importants gains de productivité qui ont pu ensuite déboucher sur des hausses de salaires. Malheureusement, en Europe, notamment en France, on souhaite augmenter les salaires avant même que la productivité soit là. C’est en théorie possible, mais encore faut-il avoir une marge de manœuvre budgétaire, ce qui n’est pas le cas.
Résultat, à moins d’un changement radical, l’économie européenne devrait sous-performer durablement celle des Etats-Unis. C’est important, car cela explique en partie la hausse du dollar américain qui est surévalué d’environ 10% par rapport aux devises majeures. Un dollar fort est synonyme de bonne santé de l’économie américaine !

Le point technique

Même la perspective de l’élection présidentielle américaine ne devrait pas changer fondamentalement la donne sur le marché des changes. Nous projetons toujours que le dollar américain va afficher l’une des plus solides performances sur le FX cette année. Il faut s’attendre à un regain de volatilité à l’approche du scrutin du 05 novembre. Comment les autres monnaies vont-elles réagir ? Difficile à dire. L’évolution du FX dans le cadre de la présidentielle de 2016 peut toutefois servir de cadre de réflexion. La vague Trump avait été jugée positive pour la croissance. Cela avait poussé le cours du baril et le dollar à la hausse. Le rouble russe avait également affiché une belle performance. A l’inverse, les mesures protectionnistes de Trump, qui sont toujours à l’agenda, avaient particulièrement affaiblies le peso mexicain. Il n’est pas certain qu’on observe les mêmes mouvements sur le marché des changes cette fois-ci. Beaucoup de choses peuvent survenir d’ici novembre, comme un remplacement du candidat démocrate. Ce qui est toutefois certain, c’est que le dollar américain devrait encore une fois bien s’en sortir. Le dollar fort reste la norme.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06001,07031,09121,0990
EUR/GBP 0,83220,83840,85090,8588
EUR/CHF 0,95330,95900,97900,9814
EUR/CAD 1,44981,46091,48221,4887
EUR/JPY 168,88170,11173,99174,56

Les annonces à suivre

La semaine qui s’annonce va être chargée. On commence avec le troisième plénum du parti communiste chinois à partir d’aujourd’hui. C’est l’occasion de définir les priorités économiques et financières pour les cinq années à venir. Des mesures de soutien à destination des énergies renouvelables seront probablement annoncées. Ce serait positif pour les métaux industriels, en particulier le cuivre, et peut-être à la marge pour le dollar australien. N’oublions pas qu’en octobre prochain le pays célèbre le 75ème anniversaire de la proclamation de la République Populaire de Chine. Il faut donc de bonnes statistiques afin de glorifier le modèle chinois.
En Europe, la Banque Centrale Européenne (BCE) se réunit. Aucune surprise à attendre. C’est une réunion de transition avant la nouvelle baisse des taux du mois de septembre (-25 points de base). Le compte-rendu de la dernière réunion a mis en évidence des dissensions entre les membres du Conseil des gouverneurs sur la stratégie à suivre dans les mois à venir. Mais, au regard des derniers chiffres de l’inflation et de l’évolution des salaires en zone euro, il est évident que la BCE possède une latitude suffisante pour assouplir davantage la politique monétaire. En outre, elle ne sera pas la seule à la faire puisque la Réserve Fédérale américaine (Fed) devrait aussi baisser le loyer de l’argent à la rentrée. Même s’il y a ici et là des pressions inflationnistes qui persistent aux États-Unis, la Fed n’a pas vraiment d’autre choix que d’agir avant la présidentielle américaine – qui constitue une échéance potentiellement à risque si l’élection est contestée.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 18/07/202414:15EURRéunion de la banque centraleAucun changement de politique monétaire pour le moment.
Le 18/07/202414:30USAIndice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Juillet)Précédent à 1,3.

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