Enfin de la visibilité !

Il y a eu énormément de commentaires la semaine dernière sur l’impact de la dissolution sur les marchés financiers. Des commentaires souvent erronés. Dans le cas du marché des changes, c’est bien la politique monétaire de la Fed qui reste le marqueur principal. Le feuilleton politique français peut créer des perturbations, comme lors de la séance de vendredi. Mais il ne faut pas exagérer l’impact sur la durée.

On a beaucoup entendu parler de l’impact de la dissolution sur les marchés financiers la semaine dernière. Sur le marché des changes, l’effet fut faible. L’EUR/USD avait chuté de 0,25% dans la foulée de l’annonce du président Macron. C’est peu et c’est en grande partie lié à la faiblesse de la liquidité durant le week-end. Par la suite, l’euro n’a pas vraiment répercuté la suite des évènements (rumeurs de démission du président en cas de victoire du RN, forte poussée de la gauche menée par LFI etc…), à part lors de la séance de vendredi lorsque le ministre Bruno Le Maire a brandi, de manière assez irresponsable, le spectre d’une crise financière. Comment expliquer la relative résilience de l’euro ? La BCE sert de rempart à la spéculation, encore une fois. À la suite de la dissolution d’avril 1997, le franc s’était effondré par rapport au mark allemand. Il a fallu trois semaines avant que la monnaie nationale ne se stabilise, sous l’effet des interventions directes sur le FX menées par la Banque de France. Le vrai vainqueur de cet épisode fut le dollar qui en ressorti encore plus fort.
Heureusement pour nous, nous ne sommes pas en 1997. La réalité, c’est que le soap opéra politique français n’est pas le marqueur le plus important pour l’euro, même si, de temps en temps, cela peut créer des regains de volatilité. L’inflation américaine et la Réserve Fédérale américaine sont des facteurs d’évolution des devises bien plus importants. Un seul chiffre : la hausse des prix alimentaires dans les épiceries outre -Atlantique a été de seulement 1% en mai, soit son plus bas niveau depuis 2021. C’est une excellente nouvelle. Plus globalement, l’inflation dans les services recule – c’est un point de vigilance important pour la Fed. Et, selon toute vraisemblance, les prix de l’énergie devraient continuer de chuter en deuxième partie d’année. C’est positif pour la Fed. Au passage, ce sera également une bonne chose pour le nouveau gouvernement français. Même s’il est encore trop tôt pour connaître avec précision la dynamique globale d’inflation dans les mois à venir, la Fed a pris acte des bons chiffres en mentionnant dans son communiqué des améliorations « modestes » au niveau de l’évolution des prix. Elle anticipe désormais une baisse de taux cette année (contre un consensus du marché à sept baisses de taux en début d’année !). C’est peu. Mais peu importe. Le marché des changes avait besoin de visibilité concernant la suite de la politique monétaire américaine. C’est chose faite. Le timing exact de la baisse des taux va dépendre des prochains chiffres de l’inflation et de la présidentielle américaine. Nous pensons toujours qu’une baisse au quatrième trimestre est envisageable, à condition que l’élection présidentielle ne soit pas contestée. C’est un risque à prendre en compte.
À noter que la perspective d’une baisse des taux par la Fed a entraîné une baisse des tensions sur l’obligataire des deux côtés de l’Atlantique, et particulièrement en France. Il n’y a pas que les législatives dans la vie ! Pour les acteurs des marchés financiers, c’est toujours la politique monétaire américaine qui prime (et tant mieux !).
La semaine dernière, nous vous parlions de signaux faibles qu’il faudra prendre en compte cet été, lorsque les volumes échangés sont faibles. Celui qui nous préoccupe le plus concerne la flambée du transport maritime de marchandises. Les tensions géopolitiques en mer de Chine méridionale, où 40% du commerce extérieur de l’UE transite, explique la hausse. En un an, le taux de fret a bondi de 181%. Nous ne sommes pas aux niveaux atteints pendant la Covid, heureusement. Mais cela commence à devenir compliqué et pourrait induire une hausse du prix des intrants pour les entreprises qui, si elle est durable, sera certainement répercutée sur les consommateurs. À surveiller de très près dans les semaines à venir.

Le point technique

Sur le marché des changes, le dollar fort reste toujours la norme. Lors de la séance du 12 juin, le dollar index a atteint son plus haut niveau en un mois. Nous ne nous attendons pas à une inversion de tendance sur la monnaie américaine. Pour l’EUR/USD, cela signifie que la probabilité est plus élevée qu’elle renoue avec 1,05 qu’avec les 1,10-1,12 dans les semaines et les mois à venir.
En outre, les données publiées par le Japon montrent que Pékin a vendu récemment pour près de 17 milliards de dollars de dette étrangère (essentiellement des obligations du Trésor américain). C’est la première fois qu’en neuf ans un tel niveau est atteint. On peut soupçonner que cela a permis de financer des interventions directes sur le marché des changes pour soutenir le yen japonais, comme ce fut le cas au début du mois de mai. Pour autant, ces interventions sont toujours un échec. Le yen est en repli de 0,80% face à l’euro en un mois. La meilleure chose que peuvent espérer les autorités japonaises, c’est de stabiliser le JPY dans un grand range de fluctuations face au dollar et face à l’euro.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,05001,06231,09331,1001
EUR/GBP 0,83110,83450,86340,8655
EUR/CHF 0,94000,94090,97340,9799
EUR/CAD 1,46091,46331,49111,4934
EUR/JPY 167,93168,03171,05171,55

Les annonces à suivre

Cette semaine sera encore consacrée aux banques centrales et à l’inflation, sans surprise. Nous ne nous attendons pas à un changement de politique monétaire en Suisse. En revanche, une baisse du taux directeur de 25 points de base en septembre semble être un scénario crédible.
C’est plus compliqué pour le Royaume-Uni. Le marché monétaire est partagé sur l’issue de la réunion de jeudi. Ça se joue à 50/50. Une éventuelle baisse des taux de 25 points de base va dépendre de l’indice des prix à la consommation au mois de mai (publication mercredi). Un nouveau recul pourrait offrir la marge de manœuvre nécessaire à la Banque d’Angleterre (BoE) pour amorcer le cycle de baisse des taux. Sinon, ce sera au mois d’août. Ce n’est désormais plus qu’une question de temps. Nous doutons que l’incertitude concernant la réunion de la BoE provoque beaucoup de volatilité sur l’EUR/GBP qui demeure depuis des trimestres en situation de range, peu importe ce qui survient.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 18/06/202411:00EURPrix à la consommation au mois de maiConsensus à 2,6% sur un an contre 2,4% le mois précédent.
Le 19/06/202408:00UKPrix à la consommation au mois de mai Précédent à 2,3% sur un an.
Le 20/06/202409:30CHRéunion de la banque centraleAucun changement de politique monétaire. Une baisse des taux est en revanche probable en septembre.
Le 20/06/202413:00UKRéunion de la banque centraleTout va dépendre des prix à la consommation au mois de mai.

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