Enfin !

Enfin une bonne nouvelle ! L’inflation aux Etats-Unis (mesurée par l’indice des prix à la consommation) continue son reflux plus rapidement que prévu. En octobre, l’inflation a atteint 7,7% en variation annuelle selon l’estimation préliminaire. L’inflation sous-jacente (qui omet les éléments les plus volatiles et est un déterminant important de l’évolution de la politique américaine) est aussi en baisse à 6,3% sur les douze derniers mois. Evidemment, ces niveaux sont encore inconfortablement élevés quand on les compare avec les niveaux d’avant-Covid (l’inflation était alors nettement sous le seuil des 2%). Le mouvement de repli est toutefois positif. A court terme, cela ne devrait pas changer la trajectoire de la politique monétaire américaine. La Réserve Fédérale (Fed) a clairement indiqué qu’il faudra plusieurs mois de diminution des prix pour envisager une pause dans le processus de durcissement du loyer de l’argent. En l’état actuel des choses, une pause pourrait intervenir au plus tôt au printemps prochain. Cela signifie que la hausse du taux directeur attendue par les cambistes de l’ordre de 75 points de base en décembre prochain est toujours d’actualité. Les dernières statistiques économiques confirment également que l’économie américaine est toujours solide, en particulier le marché de l’emploi. Les revendications chômage sont proches de leur point bas (hausse seulement de +7000 à 225 000 lors de la semaine se terminant le 5 novembre). On sait que la Fed surveille de près tous les indicateurs portant sur le chômage. Au niveau du marché des changes, cela signifie qu’il n’y a aucune raison pour que le dollar perde durablement de la valeur face à ses principales contreparties. Le billet vert est toujours porté par des fondamentaux économiques comparativement meilleurs aux Etats-Unis que dans les autres pays et par une politique monétaire fermement restrictive. N’ayons pas peur de le dire, cela signifie également que la baisse de la paire EUR/USD n’est certainement pas terminée (repli de 10% depuis le début de l’année).
En Europe, le secteur de l’immobilier montre des signes d’essoufflement. C’est lié à la hausse de l’inflation, à la baisse du pouvoir d’achat (qui réduit la demande solvable) et au durcissement des conditions d’emprunt. Toutefois, le risque n’est pas le même partout en Europe. On se souvient que dans la foulée de la crise financière de 2007-08, les pays du Sud de l’Europe étaient le maillon faible. C’est cette fois-ci le Royaume-Uni. Les prix au niveau national ont chuté de 2% en octobre. Cela peut paraître peu mais c’est en réalité beaucoup. Pendant plus de dix ans, les prix n’ont fait que progresser. Cela indique un retournement rapide du marché (en août dernier, les chiffres de l’immobilier étaient encore positifs). Si les prix de l’immobilier s’effondrent davantage, cela risque d’accentuer la récession dans laquelle le Royaume-Uni est plongé. Selon la Banque d’Angleterre, la récession a commencé cet été et elle pourrait perdurer jusqu’à la moitié de l’année 2024. Il est difficile de voir comment la livre sterling ne pourrait pas s’affaiblir dans les trimestres à venir étant donné le contexte économique dégradé. Nous restons toujours haussiers sur la paire EUR/GBP à moyen terme. En France, l’immobilier montre aussi des signes d’essoufflement mais dans des proportions moindres (les prix au mètre carré ont chuté sous le seuil symbolique des 10 000 euros à Paris selon Century21, par exemple). Trois facteurs font que la baisse des prix devrait être limitée et encaissable : le marché immobilier français n’est pas en situation de bulle spéculative (il est surévalué, en revanche), les taux d’intérêt fixes font office de coussin de sécurité pour les emprunteurs et l’endettement des ménages est comparativement faible (il représente 124% du revenu net disponible contre un record européen à 249% au Danemark).
En Asie, la situation n’a pas évolué d’un iota. La Banque du Japon (BoJ) a rappelé la semaine dernière qu’elle maintient sa politique monétaire accommodante. Elle table sur un repli de l’inflation après le printemps 2023 (ce qui n’est en rien certain). Elle continue en parallèle d’intervenir sur le marché des changes pour soutenir le yen face au dollar américain avec un succès mitigé jusqu’à présent. Enfin, la Chine a démenti les rumeurs qui ont circulé il y a deux semaines concernant un éventuel assouplissement des mesures de contrôle sanitaire de la Covid. C’était attendu. Étant donné le faible niveau d’immunité collective de la population chinoise et l’absence de vaccin efficace, une réouverture même partielle du pays semble être un pari risqué. Sur le plan sanitaire, il n’y a pas de solution évidente (Pékin refuse d’acheter des vaccins ARN européens). Sur le plan fiscal et monétaire, tout porte à croire que la Chine va chercher à stimuler davantage son économie dans les mois à venir, ce qui devrait passer par une baisse de la monnaie chinoise (les vieilles recettes sont toujours les plus efficaces).

A l’exception de quelques paires (comme l’EUR/USD), les zones de support et de résistance n’ont guère changé d’une semaine à l’autre sur le marché des changes. Elles sont quasiment identiques pour l’EUR/CHF et l’EUR/JPY par exemple. La première paire de devises devrait continuer d’évoluer autour de la parité à court terme. La seconde paire devrait rester autour de la zone des 144-145 dans les séances à venir. L’EUR/USD a effectué une remontée au-dessus de la parité la semaine dernière car les cambistes espèrent (une fois encore !) que la Fed fasse un pivot, c’est-à-dire réduise le rythme d’appréciation des taux. Rien n’est moins sûr pour l’instant… Nous pensons que la tentative de rebond de l’EUR/USD va tourner court (comme ce fut le cas à chaque fois depuis mi-juillet). Nous restons baissiers sur la paire avec un premier objectif à 0,9808 (qui fait office de support hebdomadaire).

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD0,94910,98081,03331,0442
EUR/GBP 0,84690,86080,88850,9020
EUR/CHF 0,95250,96391,01031,0230
EUR/CAD 1,31201,33491,38001,3930
EUR/JPY 141,64142,86146,77148,89

+33 (0)1 48 09 09 83

C’est une nouvelle semaine consacrée à l’inflation. Le Royaume-Uni, la zone euro et les Etats-Unis vont publier leurs estimations pour le mois d’octobre. Côté européen, il s’agira de l’indice des prix à la consommation (attendu en repli). Côté américain, il s’agira de l’indice des prix à la production (attendu en baisse également). C’est une donnée importante pour les économistes puisqu’elle permet d’estimer combien d’inflation va être répercutée sur les consommateurs par les entreprises. Autrement dit, cela donne une idée (imprécise, certes) de l’inflation qui va frapper le panier du consommateur. Même si nous nous attendons à une inflation en baisse des deux côtés de l’Atlantique, il est trop tôt pour crier victoire. L’histoire récente (années 1970) nous a appris que l’inflation peut être très volatile dans les périodes de décrue. Dans un cycle économique, il y a rarement un seul pic d’inflation. Par exemple, il y a eu trois pics d’inflation aux Etats-Unis dans les années 1970. Il faudra attendre au moins le début de l’année prochaine pour savoir si la baisse de l’inflation est durable.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
15/1103:00Production industrielle (Octobre)Repli attendu à 5,2% contre 6,3% en variation annuelle.
11:00Indice ZEW du sentiment économique (Novembre) Nouvelle chute attendue à -65,7 contre -59,2 en octobre.
14:30Prix à la production (Octobre)Hausse de 0,4% en variation mensuelle (stable).
16/1008:00Indice des prix à la consommation (Octobre)Consensus à 10,0% en variation annuelle contre 10,1% précédemment.
17/1011:00Indice des prix à la consommation (Octobre)Hausse à 10,0% en variation annuelle contre 10.7% précédemment.
14:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Novembre)Le consensus des analystes prévoit un chiffre à -5,0 contre -8,7 précédemment.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.