Le retour de Trump

Comme c’est toujours le cas en début d’année, il y a plus de questions que de réponses. Cela aboutit à un regain de volatilité sur toutes les classes d’actifs. Ce fut très perceptible sur les actions ces dernières séances et également sur les devises, avec un décrochage important des monnaies en Asie et en Océanie. Attention !

Avec le retour de Trump, la géopolitique va de nouveau être sous le feu des projecteurs. Pour l’instant, les sorties du nouveau président américain, notamment concernant le canal de Panama et le Canada, ont été considérées avec dédain par beaucoup de commentateurs. En réalité, tout ceci est plus subtil. La nouvelle administration américaine souhaite créer un glacis stratégique, notamment en s’assurant de la mainmise des États-Unis sur le Canada et le Groenland. Dans le cas du Groenland, l’objectif est double : s’assurer de contrôler la nouvelle route commerciale qui s’ouvre à la faveur de la fonte des glaces et qui va sensiblement réduire les coûts du fret maritime, et accéder à des métaux indispensables pour assurer le développement économique américain, en particulier l’uranium qui est très présent dans le sous-sol du Groenland. On aurait donc tort de croire que les sorties de Trump ne traduisent pas une perception géostratégique du monde par Washington. Au final, le nouveau président américain semble valider la nouvelle division du monde que les Russes et les Chinois promettent depuis une quinzaine d’années : les aires civilisationnelles dominées chacune par un État impérial. Nous sommes donc à un tournant géopolitique majeur. Du point de vue du marché des changes, cette nouvelle division du monde, qui est déjà à l’œuvre comme on le voit avec le conflit en Ukraine, devrait se traduire sensiblement par un dollar fort. Est-ce que les Européens auront la capacité de réagir ? On peut en douter. Seule lueur d’espoir : le Danemark, dont le Groenland dépend, semble avoir parfaitement compris ce que Trump sous-entendait en souhaitant « acheter » le territoire nordique.
Sur le marché des changes, il y a toujours un petit air de guerre des devises, surtout en Asie et en Océanie. La roupie indienne atteint presque chaque jour un nouveau point bas historique face au dollar. Pour l’instant, la Banque centrale indienne n’intervient pas sur le FX. C’est surprenant. Le dollar australien a également atteint un point bas face au billet vert depuis avril 2020 la semaine passée. Quant au yuan chinois, la chute contrôlée se poursuit. La devise est désormais à un point bas de quinze mois face au dollar. Nous sommes clairement face à un dollar fort. Le dollar index est actuellement surévalué de 9% par rapport au panier de devises majeures. Mais cela pourrait s’empirer. La banque d’investissement américaine Goldman Sachs estime qu’il pourrait progresser de 5% au cours de l’année. Cela ne nous semble pas incohérent.
Sur le front économique, la semaine écoulée fut plutôt calme. L’attention s’est essentiellement tournée vers l’inflation américaine. Il y avait du bon et du mauvais. La bonne nouvelle d’abord : les prix à la production ont augmenté seulement de 3,3% sur un an en décembre – en-dessous des attentes (3,5%). La mauvaise nouvelle maintenant : le prix des billets d’avion a bondi de 6,8%, ce qui devrait faire augmenter l’indice PCE core, très suivi par la Réserve Fédérale (Fed), de 0,08 point. Cela peut paraître peu. En réalité, cela risque de renforcer les craintes de certains investisseurs concernant le maintien de pressions inflationnistes outre-Atlantique cette année. Il faudra encore certainement plusieurs semaines voire mois avant de savoir dans quelle direction l’inflation va réellement. Tout va dépendre aussi de la politique économique que l’administration Trump va suivre en matière commerciale. Comme c’est souvent le cas, en ce début d’année, il y a plus de questions que de réponses.

Le point technique

Sur le marché des changes, le dollar fort reste la norme, notamment face à l’euro. L’analyse technique plaide pour une baisse de la paire EUR/USD jusqu’à 1,0180 – qui est le principal niveau de support juste avant de toucher la parité. Il suffit d’une mauvaise nouvelle en Europe pour que ce soit fait. En l’espace d’un mois, la paire a perdu plus de 2,1%. C’est énorme. L’euro continue en revanche de gagner du terrain face à la livre sterling, essentiellement en raison des déboires sur le marché obligataire britannique. Ce qui était complètement exclu il y a encore quelques semaines de cela devient possible. Nous pourrions avoir la paire EUR/GBP qui renoue temporairement avec les 0,85. Enfin, l’euro a perdu beaucoup de terrain ces dernières séances face au yen japonais (plus de 2% en moins d’une semaine) car les fonds spéculatifs se positionnent massivement à l’achat sur le yen dans l’anticipation d’une hausse des taux par la Banque du Japon (BoJ). Attention, il s’agit d’un positionnement tactique, ce qui signifie que beaucoup de fonds vont certainement déboucler leurs positions acheteuses sur le yen si la hausse des taux a lieu. Il faut donc s’attendre à beaucoup de volatilité sur les paires en JPY d’ici la fin du mois.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,02031,02241,04011,0411
EUR/GBP 0,82660,83020,84900,8502
EUR/CHF 0,92590,93220,94110,9458
EUR/CAD 1,47221,47991,49111,4934
EUR/JPY 157,88158,90162,11163,00

Les annonces à suivre

Comme ce fut le cas la semaine dernière, l’actualité macroéconomique est plutôt concentrée. La séance d’aujourd’hui devrait être marquée par une faiblesse des volumes échangés en raison de l’absence des opérateurs américains pour cause de jour férié. Il n’y aura pas de statistiques importantes. Les revendications hebdomadaires au chômage et les ventes de logements existants aux USA exercent habituellement une influence très faible sur l’évolution des taux de change.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 23/01/202514:30USARevendications hebdomadaires au chômageStatistique mineure avec un impact nul sur les marchés financiers.
Le 24/01/202516:00USAVentes de logements existants (Décembre)Précédent à 4,15 M.

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