La semaine dernière a apporté son lot de mauvaises nouvelles : regain de la pandémie de Covid en Chine qui retarde la perspective d’une réouverture complète du pays (plusieurs grandes villes sont en situation de confinement strict), contraction de l’indice ISM manufacturier aux Etats-Unis pour la première fois depuis mai 2020, ce qui renforce la crainte d’une récession l’an prochain, hausse record des prix dans les commerces au Royaume-Uni et effondrement du commerce international en octobre (les chiffres des exportations publiés par le Japon et la Corée du Sud sont désastreux).
En revanche, il y a eu une bonne nouvelle : la Réserve Fédérale américaine (Fed) envisage de ralentir le rythme d’appréciation des taux directeurs. Lors d’une intervention remarquée mercredi dernier, le président de la Fed, J. Powell a laissé entendre que l’institution pourrait rapidement abandonner les hausses de taux de l’ordre de 75 points de base (une hausse de cette ampleur reste probable mi-décembre toutefois) pour adopter des hausses d’ampleur plus faible (50 points de base). En quoi une différence de 25 points de base est-elle significative ? Cela indique que la bataille que mène la Fed contre l’inflation élevée porte ses fruits. Les chiffres le prouvent. Le pic d’inflation a été atteint aux Etats-Unis au cours de l’été dernier. Depuis, l’inflation reflue. L’indice PCE (pour Personal Consumption Expenditures) est ressorti à 6% en variation annuelle en octobre contre 6,3% en septembre la semaine dernière. Il s’agit de la mesure préférée de l’inflation de la Fed car elle s’appuie sur un agrégat plus large de données économiques. Hors éléments volatils (alimentation et énergie), l’indicateur est également en baisse à 5% en variation annuelle contre 5,2% le mois précédent. Même si l’inflation est en baisse, le chemin est encore long pour revenir à un niveau tolérable (2%). En outre, on ne peut pas exclure des sursauts de l’inflation du fait de facteurs exogènes (par exemple en cas de rebond de la demande chinoise ou de baisse de la production de pétrole, ce qui entraînerait les cours du baril de nouveau à la hausse). Powell a d’ailleurs appelé à la prudence concernant l’évolution de l’inflation dans les mois à venir. Il faudra attendre la réunion du FOMC (l’organe chargé de fixer le niveau des taux d’intérêt aux Etats-Unis) le 14 décembre prochain pour avoir un diagnostic plus précis concernant l’économie américaine. Ce sera à cette occasion que seront mises à jour les projections macroéconomiques de la Fed pour les deux années à venir.
Rien à signaler en zone euro en revanche la semaine passée. La présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, a réaffirmé la nécessité de durcir davantage la politique monétaire sans apporter plus de précision sur le rythme de hausse des taux ou la durée. Elle a également indiqué que l’inflation risque d’être encore très volatile dans les mois à venir, en particulier plus nous allons entrer dans l’hiver (ce qui pourrait de nouveau faire augmenter les prix de l’énergie si les conditions climatiques sont dégradées). La prudence est de rigueur. La bonne nouvelle, c’est qu’un black-out en Europe est désormais exclu (soyons précis, il s’agit d’un effondrement complet du système électrique). Les pays européens ont réussi l’exploit de diversifier en un temps record leurs approvisionnements pour ne plus être dépendant de la Russie. De nouveaux fournisseurs de gaz naturel liquéfié (GNL) sont apparus, comme le Mozambique (principales réserves de GNL en Afrique) et l’Australie qui d’habitude exportait uniquement vers l’Asie du Nord (en particulier le Japon). En revanche, cela a un prix. Le coût du GNL n’a cessé de grimper depuis le printemps dernier. Chez Mondial Change, nous nous attendons à ce que la BCE augmente son taux directeur de l’ordre de 50 points de base le 15 décembre prochain. Une minorité d’analystes table sur une hausse plus importante (75 points de base). A cette occasion, à l’instar de la Fed, l’institution mettra à jour ses prévisions économiques pour 2023 et 2024. Il sera intéressant de savoir si la BCE prévoit désormais une récession en zone euro l’an prochain. C’est le consensus du marché. Tous les récents indicateurs confirment ce risque (contraction du secteur manufacturier en France en novembre, chute des dépenses de consommation de 5,9% en variation annuelle en octobre en France, effondrement des ventes au détail de 6,6% sur la même période en Allemagne etc.).
Sur le marché des devises, l’euro a réussi à franchir la borne des 1,0480-1,0500 la semaine dernière. Le mouvement de hausse repose sur peu de choses (les fondamentaux ne plaident pas en faveur de l’euro). Cela signifie pour nous que la hausse n’est pas durable à moyen terme. A court terme, l’euro pourrait toutefois encore un peu progresser. La résistance à 1,0588 sera à surveiller dans les prochaines séances. L’euro a également réussi à reprendre un peu de terrain face au franc suisse (+0,33% en variation hebdomadaire). Mais la tendance de fond est toujours baissière tant que la paire EUR/CHF ne franchit pas le seuil de la parité. Enfin, nous observons depuis quelques semaines un repositionnement en faveur de la livre sterling (ce qui explique le rattrapage à l’œuvre face à l’euro depuis un mois). Nous doutons en revanche que cela puisse être durable. Les problèmes économiques et financiers du Royaume-Uni (qui sont d’un tout autre ordre de grandeur que le Brexit) risquent de peser sur la monnaie britannique en 2023.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0184 | 1,0333 | 1,0588 | 1,0693 |
EUR/GBP | 0,8337 | 0,8445 | 0,8642 | 0,8723 |
EUR/CHF | 0,9741 | 0,9797 | 0,9944 | 1,0101 |
EUR/CAD | 1,3787 | 1,3957 | 1,4230 | 1,4334 |
EUR/JPY | 138,30 | 140,10 | 144,35 | 146,79 |
+33 (0)1 48 09 09 83
La semaine qui débute sera sans surprise sur le plan macroéconomique. C’est une semaine de transition avant les principales réunions de banque centrale qui auront lieu les 14 et 15 décembre prochains. Sans surprise, la Banque du Canada (BoC) devrait maintenir son biais hawkish (en faveur d’un durcissement de la politique monétaire). Une très large majorité d’analystes prévoit une hausse du taux directeur de 50 points de base. Les derniers indicateurs macroéconomiques (notamment ceux concernant l’emploi) sont plutôt bons. Ils indiquent que la banque centrale a encore une latitude suffisante pour augmenter le loyer de l’argent si elle le juge nécessaire pour faire refluer l’inflation. En revanche, il est peu probable que cette perspective aide le dollar canadien. La devise reste pénalisée par un contexte de baisse généralisée des prix de l’énergie et surtout des prix du baril de pétrole (chute du baril de pétrole WTI de 8% en variation mensuelle).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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05/12 | 16:00 | Indice ISM non manufacturier (Novembre) | Précédent 54,4. | |
07/12 | 16:00 | Réunion de la banque centrale | Hausse de 50 points de base du taux directeur. | |
09/12 | 14:30 | Indice des prix à la production (Novembre) | Précédent 0,2% par rapport au mois d’octobre. |
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