Plus vite, plus fort

Nous aurions aimé partager avec vous de bonnes nouvelles. Mais ce n’est pas le cas. Les dernières statistiques confirment que l’économie ralentit. Le phénomène est plus prononcé en Europe, pour l’instant, qu’aux Etats-Unis. La semaine passée, la Commission Européenne a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022 et 2023. Le PIB en zone euro ne devrait augmenter que de 2,7% cette année et 2,3% l’an prochain (contre une estimation en février respectivement à 4,0% et à 2,8%). L’atterrissage économique est plutôt douloureux. Il faut certainement s’attendre à ce que l’estimation pour 2022 soit revue de nouveau à la baisse dans les mois à venir. Dans la plupart des pays européens, les hausses de salaires ne sont pas suffisantes pour compenser la remontée de l’inflation. Selon une étude publiée il y a quelques jours par la Banque de France, les hausses de salaire devraient atteindre, en moyenne, 3% cette année dans notre pays après avoir stagné sur la période 2014 à 2020 (+1% en moyenne). Pour rappel, l’inflation en avril était à 4,8% en variation annuelle. Elle devrait dépasser 5% en mai. Les ménages français subissent donc une perte de pouvoir d’achat, comme leurs homologues dans les autres pays européens.
Au Royaume-Uni, la situation est pire. L’indice des prix à la consommation a bondi de deux points de pourcentage en un mois, passant de 7% en mars en variation annuelle à 9% en avril. C’est évidemment inhabituel. Cette explosion s’explique essentiellement par un ajustement à la hausse de la facture énergétique outre-Manche (+53% en avril). La Banque d’Angleterre a déjà prévenu que l’inflation devrait atteindre deux chiffres cette année et qu’il sera très difficile de renouer avec l’objectif officiel de 2%. Elle a été très pessimiste sur la flambée des prix alimentaires qui pourrait conduire à une forte paupérisation des plus modestes. A court terme, la banque centrale n’a certainement pas d’autre choix que d’accélérer le processus de durcissement de la politique monétaire. La prochaine réunion est prévue le 16 juin prochain. Il fait consensus qu’une augmentation du taux directeur de 50 points de base est probable, de 1% à 1,50%. Cependant, un durcissement rapide pourrait faire plonger le pays dans la récession. C’est un risque réel qui a été évoqué à maintes reprises au cours des dernières semaines par le gouverneur de la banque centrale, Andrew Bailey.
Aux Etats-Unis, le panorama économique est encore bon. Le pays a connu un rebond du PIB beaucoup plus puissant et rapide que les pays européens après la Covid. C’est un facteur de stabilité important. Le chiffre des ventes au détail en avril (publié en début de semaine dernière) a confirmé que la demande domestique est toujours bien orientée, malgré les problèmes liés à l’inflation. Les ventes d’automobiles ont poussé les ventes au détail à la hausse. En outre, beaucoup de ménages américains ont un niveau d’épargne suffisant (accumulé pendant la pandémie) pour faire face à la hausse des prix à court terme. Le bon état de l’économie américaine va évidemment donner plus de latitude à la Réserve Fédérale américaine (Fed) pour normaliser sa politique monétaire. Le président de la Fed, Jerome Powell, a de nouveau confirmé que deux hausses de taux de 50 points de base chacune (en juin et en juillet) sont actées. Il est probable qu’une hausse d’ampleur similaire ait également lieu en septembre prochain. Certains membres (minoritaires au sein du FOMC qui fixe la politique de taux d’intérêt) envisagent une action plus agressive, si nécessaire (hausse de 75 points de base). Ce serait inhabituel. Dans tous les cas, la rapidité avec laquelle la Fed sort de la politique ultra-accommodante de l’ère Covid devrait continuer de pousser le dollar américain à la hausse sur le marché des changes. Le dollar index, qui mesure l’évolution du billet vert face à un panier de devises majeures, a un peu diminué au cours des dernières séances mais reste proche de ses points hauts de 2020 (au moment du premier confinement mondial). Nous pensons, chez Mondial Change, que la hausse va perdurer à moyen terme. Un monde où le dollar est globalement élevé est généralement un monde où les disparités économiques s’accroissent ainsi que les tensions financières (certains pays en voie de développement sont déjà au bord de la faillite ou en faillite, comme le Sri Lanka). Par conséquent, les prochains mois s’annoncent compliqués et tourmentés. Il n’y aura clairement pas de sortie par le haut de la période de pandémie.

Sur le marché des changes, l’euro a effectué un rebond face au dollar la semaine passée (+1,6% en variation hebdomadaire). La tendance de fond reste baissière. Le différentiel de politique monétaire entre les deux bords de l’Atlantique va continuer d’avantager le dollar américain à moyen terme. Mais nous pourrions avoir une poursuite du rebond à très court terme en direction de la zone des 1,0650-1,0700. Il continuerait d’être alimenté par une accalmie relative sur le front géopolitique (l’Ukraine n’est plus vraiment un sujet de préoccupation pour les cambistes) et par les récents commentaires de plusieurs membres de la Banque Centrale Européenne en faveur d’une hausse des taux directeurs rapide (dès l’été, selon toute vraisemblance).

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,03031,04201,07391,0957
EUR/GBP 0,81850,83200,85420,8608
EUR/CHF 0,99951,00671,04411,0640
EUR/CAD 1,31021,33021,37011,3901
EUR/JPY 132,27133,75137,70138,17

+33 (0)1 48 09 09 83

Les statistiques prévues cette semaine ne devraient pas entraîner d’effet particulier sur les changes. Elles vont simplement confirmer les tendances qui ont déjà bien été intégrées dans les cours : risque de stagflation pour certains pays comme l’Allemagne et inflation forte persistante pour tous les autres. Le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine ne devrait pas apporter d’éléments supplémentaires par rapport aux propos récemment tenus par J. Powell. La trajectoire de la politique monétaire américaine est limpide au moins pour les deux prochains mois.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
23/0510:00Indice IFO du climat des affaires (Mai)Baisse prévue à 89,1 contre 91,8 précédemment.
24/0516:00Ventes de logements neufs (Avril)Légère baisse à 755k contre 763k précédemment.
25/0520:00Compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine Aucune surprise a priori. La banque centrale va augmenter de nouveau son taux directeur de 50 pb en juin prochain.
26/0514:30PIB au premier trimestre (nouvelle estimation)-1,3% contre -1,4% en première estimation.

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