Semaine britannique

C’est certainement une semaine sans surprise qui commence. Les grandes réunions de banques centrales sont derrière nous. Elles n’ont pas systématiquement apporté la lisibilité souhaitée au marché. Mais c’est le passé. Il n’y aura pas de statistiques majeures cette semaine. Il y aura seulement des discussions aux Etats-Unis concernant le relèvement du plafond de la dette. Ce psychodrame politique ne devrait toutefois pas provoquer d’importantes perturbations sur le FX.

« Je ne passe pas ma vie dans les boulangeries, même si certains d’entre vous le pensent ». Ça aurait pu être la réplique d’un film médiocre. Ce fut certainement l’une des phrases les plus inattendues prononcées par le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, lors de sa conférence de presse jeudi dernier. C’est à cette occasion qu’il a annoncé une hausse de 25 points de base du taux directeur de la BoE (7 voix pour, 2 contre). C’était attendu. On retiendra deux faits marquants :

– Selon le marché, la BoE n’en a certainement pas fini avec les hausses de taux puisque les opérateurs anticipent un taux terminal proche de 5% d’ici septembre. C’est logique puisque l’inflation est encore bien trop élevée pour faire une pause de politique monétaire comme le fait la Réserve Fédérale américaine (Fed), par exemple. Cela devrait aboutir au plus haut taux directeur au Royaume-Uni depuis juillet 2008.
– En fin d’année dernière, tout le monde prévoyait une grave récession au Royaume-Uni en 2023, y compris les économistes de la BoE. Finalement, elle n’aura pas lieu. Les chiffres économiques des derniers mois sont même généralement supérieurs au consensus. Cela a obligé la BoE à revoir ses attentes en termes de croissance pour cette année. Selon l’agence Bloomberg, il s’agit même d’une révision « historique » des prévisions de croissance.

En termes d’impact sur le marché des changes, la réunion de la BoE n’a pas vraiment changé la donne. La livre sterling a terminé la séance de jeudi dernier en hausse face à ses principales contreparties. La perspective d’une poursuite du cycle de hausse des taux devrait avantager la monnaie britannique par rapport au dollar américain. L’effet devrait être plus faible face à l’euro puisque la Banque Centrale Européenne (BCE) va elle aussi continuer d’augmenter le loyer de l’argent. La paire EUR/GBP devrait certainement évoluer encore à court et à moyen terme dans son range annuel compris entre 0,87 et 0,90. Il n’y a aucune raison pour que cela change.

Du côté des Etats-Unis, l’inflation était encore sur le devant de la scène la semaine passée. En avril, l’indice des prix à la consommation (IPC) était en ligne avec les attentes à 4,9% sur un an. C’est la première fois en l’espace de deux ans que l’IPC ressort sous 5%. C’est encourageant. En revanche, il est trop tôt pour crier victoire puisque les pressions inflationnistes restent importantes. L’inflation sous-jacente, qui est surveillée de très près par la Fed, est toujours trop élevée, à 5,5% sur un an (0,41% sur un mois). Les principaux facteurs de hausse des prix n’ont pas changé depuis le début de l’année. Il s’agit des transports (+11% sur un an), de l’alimentation (+8,6%) et de l’électricité (+8,4%). On observe également que le prix des véhicules d’occasion, qui fut un important moteur de l’inflation en 2022, repartent de nouveau à la hausse. Ce sera à surveiller. Globalement, les chiffres américains ne sont pas mauvais. Ils valident le scénario d’une pause de politique monétaire. Mais on ne voit pas en quoi ils vont dans le sens d’une future baisse des taux. Rappelons que les investisseurs anticipent une première baisse des taux en septembre prochain. C’est certainement erroné. Il y aura un ajustement des anticipations du marché au cours de l’été, ce qui peut entraîner parfois un regain de volatilité sur les devises.
A noter qu’historiquement la hausse du cycle de hausses de taux (donc la pause de politique monétaire) est généralement le début des dégâts dans la chaîne du crédit. C’est d’ailleurs ce qui se produit depuis environ un mois/un mois et demi, on note une très forte contraction du crédit aux Etats-Unis qui va faire fléchir la croissance probablement en fin d’année. Il y a toujours un décalage temporel entre l’effet sur le marché (restriction du crédit) et l’impact macroéconomique (sur le PIB en particulier). Nous pensons que la deuxième partie d’année pourrait être compliquée à gérer par la Fed.

Le point technique

Sur le marché des devises, le dollar américain a connu sa meilleure performance hebdomadaire en l’espace de deux semaines. Mais la tendance de fond reste toujours à la baisse du dollar index (qui représente le dollar face aux devises des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis). Le renforcement (certainement temporaire) du dollar explique en partie le repli de l’EUR/USD (chute de 1,77% sur les cinq dernières séances). Il faut également ajouter que l’euro manque actuellement de catalyseur pour aller plus haut. Toutes les bonnes nouvelles (en particulier le fait que le processus de durcissement monétaire devrait durer encore plusieurs mois en zone euro) ont déjà été intégrées dans les prix offerts par le marché. A court terme, c’est certainement la consolidation qui devrait l’emporter sur la paire EUR/USD. A noter que le JPY a aussi repris un peu de terrain. Beaucoup de cambistes ont pris leurs profits sur la paire EUR/JPY. La tendance de fond reste haussière tant que la Banque du Japon ne change pas sa stratégie, selon nous.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06521,08051,11121,1266
EUR/GBP 0,85390,86250,88830,9010
EUR/CHF 0,96120,96910,98500,9950
EUR/CAD 1,44301,45691,48471,4930
EUR/JPY 144,40145,18148,95150,67

Les annonces à suivre

C’est une nouvelle semaine de transition qui commence (peu d’indicateurs macroéconomiques et aucune réunion de grande banque centrale). L’indice ZEW en Allemagne va nous fournir un petit aperçu du moral des investisseurs après la publication récente de chiffres très médiocres concernant la balance commerciale et la production industrielle. A noter également que le gouverneur Andrew Bailey doit prendre la parole ce mercredi. Il n’y a pas grand-chose à attendre. En l’absence de statistiques majeures, il est vraisemblable qu’il y ait une volatilité assez réduite sur les principales paires de devises cette semaine. Nous serons sur un scénario de poursuite des tendances de fond.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 16/05/202311:00ALLIndice ZEW du sentiment économique (Mai)Très fort rebond attendu à 15,3 contre 4,1 en avril.
Le 17/05/202311:50UKDiscours du gouverneur de la Banque d’AngleterreRien de majeur
Le 18/05/202314:30UKIndice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Mai) Consensus à -20,0 contre -31,3 en avril. Amélioration nette attendue.

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