L’été réserve toujours des surprises sur le marché des changes. On pensait que la volatilité était au point mort sur l’EUR/USD. Finalement, elle a rebondi la semaine passée à la suite d’une chute plus élevée que prévu de l’inflation aux Etats-Unis. Nous nous attendons à des regains de volatilité sur les paires suivantes pendant la période estivale : EUR/USD (en raison de l’incertitude sur la politique monétaire), CNY (rumeurs de dévaluation de la devise par les autorités chinoises comme en août 2015), JPY (rumeurs d’intervention de la Banque du Japon sur le marché FX) et devises émergentes (on observe un mouvement global de défiance des investisseurs à l’égard des actifs émergents).
Nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle. Par laquelle souhaitez-vous que nous commencions ? D’accord, commençons par la bonne nouvelle. Le processus de désinflation s’accélère aux Etats-Unis. Il y a un an de cela, les prix à la consommation étaient à 9,1% sur un an (chiffres de juin 2022). Ils sont désormais à 3% sur un an – ce qui est très proche de la cible à 2% de la Réserve Fédérale américaine (Fed). En outre, l’inflation sous-jacente, qui est un meilleur indicateur de la dynamique de hausse des prix, est pour la première fois depuis 2019 sous le niveau des taux directeurs. Avant cette annonce économique, 90% des acteurs de marché s’attendaient à ce que la Fed augmente son taux directeur de 25 points de base lors de sa réunion prévue à la fin du mois. Ce n’est désormais plus certain. Elle pourrait être tentée d’opérer une nouvelle pause, comme elle l’avait fait au mois de juin, au regard de ces chiffres encourageants concernant l’inflation. Finalement, il ne faudra peut-être pas une récession (qui entraîne une compression importante de la demande et fait baisser les prix) pour renouer avec les 2%.
La mauvaise nouvelle, c’est que la politique monétaire est de plus en plus imprévisible. Le processus de désinflation de l’autre côté de l’Atlantique fait déjà ressurgir l’espoir d’une future baisse des taux par la Fed pour relancer l’activité. C’est certainement prématuré. Au Canada, l’incertitude est également de mise. La Banque du Canada (BoC) a augmenté, comme prévu, la semaine dernière son taux directeur de 25 points de base à 5%. Les analystes anticipaient d’autres hausses de taux. Finalement, la banque centrale semble s’orienter vers une nouvelle période de pause. Même chose en Australie. La perspective d’une nouvelle hausse des taux en septembre prochain ne semble plus aussi certaine qu’avant. Le gouverneur de la Banque de Réserve d’Australie a indiqué que toutes les options sont sur la table. Enfin, dans les pays émergents (qui sont les plus pénalisés à court terme par le ralentissement en cours), on commence de nouveau à parler de baisse des taux. Au Brésil, l’inflation est désormais sous la cible de la banque centrale. Elle a même atteint un point bas depuis septembre 2020. Certains prévoient donc une future baisse des taux. Il convient toutefois de souligner que l’inflation dans la plupart des pays émergents, et en particulier au Brésil, était comparativement moins élevée que dans les pays développés dans la phase économique post-Covid.
L’imprévisibilité de la politique monétaire rime habituellement avec une plus grande volatilité sur les marchés financiers. Ce n’est pas systématique. Mais cela arrive souvent. C’est ce qui s’est produit la semaine dernière sur les devises. En début de semaine, la volatilité implicite sur l’EUR/USD était proche d’un point bas depuis 17 mois. Mais avec le chiffre de l’inflation américaine qui a rebattu les cartes concernant la prochaine réunion de la Fed, l’euro est sorti de son range des dernières semaines et a même grimpé au-dessus de 1,12 (franchissant, au passage, d’importantes zones de résistance). Un phénomène similaire s’est produit avec le yen japonais qui a regagné beaucoup de terrain perdu face au dollar américain et à l’euro au cours de la semaine écoulée. L’été réserve souvent des surprises sur le marché des changes. C’est aussi ce qui semble se profiler cette année. D’où l’importance d’avoir une stratégie de couverture du risque de change adaptée. Il y a quelques semaines de cela, si vous aviez interrogé les analystes FX sur la trajectoire à court terme de l’EUR/USD, aucun ou presque n’aurait prévu une envolée au-dessus de 1,12. Ce n’était clairement pas le scénario central du marché. Il faut s’attendre à ce que la volatilité reste élevée cet été sur plusieurs paires : EUR/USD (en raison de l’incertitude sur la politique monétaire), CNY (rumeurs de dévaluation de la devise par les autorités chinoises comme en août 2015), JPY (rumeurs d’intervention de la Banque du Japon sur le marché FX) et devises émergentes (on observe un mouvement global de défiance des investisseurs à l’égard des actifs émergents).
Le point technique
Du point de vue de l’analyse technique, la tendance est baissière pour le dollar index (chute de 3% sur la semaine écoulée). Les fonds spéculatifs se sont positionnés au cours des dernières séances à la vente. C’est un fait majeur qui accentue la pression baissière sur le dollar. Cela explique en partie l’envolée de l’EUR/USD. La paire affiche désormais une belle progression de 4,6% depuis le début de l’année. Il y aura évidemment des prises de bénéfice dans les séances à venir et une correction baissière devrait s’opérer. La progression du yen est l’autre fait marquant des derniers jours. Elle a eu lieu à la fois face au dollar américain et face à l’euro. La paire EUR/JPY a, par exemple, perdu 1,15% de sa valeur en l’espace de cinq séances. Les fondamentaux économiques n’ont pas changé. C’est plutôt un repositionnement des investisseurs qui explique la hausse du yen. Ces derniers considèrent que la Banque du Japon ne va pas pouvoir faire bande à part très longtemps et maintenir des taux ultra-bas. Il faut être prudent sur cette paire car la visibilité de la politique monétaire à court terme est réduite.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0780 | 1,0890 | 1,1290 | 1,1350 |
EUR/GBP | 0,8334 | 0,8401 | 0,8739 | 0,8890 |
EUR/CHF | 0,9499 | 0,9540 | 0,9780 | 0,9990 |
EUR/CAD | 1,4280 | 1,4459 | 1,4756 | 1,4870 |
EUR/JPY | 152,23 | 153,02 | 155,39 | 156,90 |
Les annonces à suivre
Cette semaine sera calme sur le front des statistiques. Mais cela ne veut pas dire que la volatilité sera faible. Les spéculations concernant les prochaines décisions de politique monétaire vont continuer (en particulier à propos de la Fed). Au Royaume-Uni, le chiffre de l’inflation sera scruté de près. Tout porte à croire qu’il va confirmer la nécessité d’augmenter les taux de manière importante en août prochain. Le consensus des analystes table sur une hausse de 50 points de base. L’économie britannique est la seule d’un pays développé qui connaît une inflation qui accélère. Le Brexit explique en partie la dynamique des prix outre-Manche (tensions importantes sur le marché du travail).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 19/07/2023 | 08:00 | UK | Indice des prix à la consommation (Juin) | Précédent à 8,7% en variation annuelle. |
Le 20/07/2023 | 14:30 | USA | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Juillet) | Précédent à -13,7. |
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