En attendant

Il va falloir faire preuve de patience. Les réunions de la Réserve Fédérale américaine (Fed) et de la Banque Centrale Européenne (BCE) ne sont prévues qu’à la fin du mois. C’est désormais au tour des seconds couteaux avec la Banque d’Israël (lundi) et la Banque du Canada (mercredi) cette semaine. Le consensus des cambistes prévoit une hausse de 25 points de base du loyer de l’argent au Canada ce qui ne devrait toutefois pas provoquer d’importants remous sur l’EUR/CAD. La volatilité est peu présente sur les paires majeures. Elle est là pour les devises émergentes. Le rouble russe continue de s’effondrer et la glissade touche aussi une grande partie des devises asiatiques (face au dollar américain).

Il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent du point de vue macroéconomique. Il y avait du bon et du mauvais au niveau des statistiques américaines. L’indice ISM manufacturier s’est effondré à un point bas de trois ans au mois de juin. C’est mauvais mais c’était attendu. De son côté, les tensions inflationnistes se réduisent mais elles restent encore trop élevées. L’indice PCE core (qui est la mesure préférée de l’inflation de la Réserve Fédérale américaine) a atteint 4,6% sur un an au mois de mai (il y a un décalage temporel important). C’est mieux qu’en avril (4,7% sur un an). Mais c’est encore très loin de l’objectif fixé à 2%. Il devient évident que l’économie n’est pas suffisamment comprimée, en particulier la demande, pour permettre un reflux rapide de l’inflation. Il faut donc augmenter le loyer de l’argent. CQFD.
La Banque de Réserve d’Australie (RBA) était la seule grande banque centrale à se réunir la semaine passée. Comme prévu, elle a maintenu son taux inchangé à 4,10%. Les cambistes prévoient qu’il y ait au moins une nouvelle hausse des taux en septembre prochain pour s’assurer que l’inflation décline davantage. Mais tout porte à croire que le taux terminal est proche. La réaction initiale du dollar australien était plutôt mauvaise : baisse à la fois face au dollar américain et face à l’euro. Depuis le début d’année, la paire EUR/AUD est en progression de 4,5%.
Au Japon, la situation s’améliore. C’est important car l’archipel est souvent un bon baromètre de l’état du commerce international (l’économie japonaise est massivement tournée vers les exportations). L’enquête Tankan (qui est un peu l’équivalent des PMI européens) est réalisée sur une base trimestrielle et montre que l’optimisme des petits et grands acteurs du secteur manufacturier s’améliore sensiblement. L’indice principal est passé de 1 à 5 en un trimestre et les prévisions (qui sont certainement plus importantes) ont également bondi, passant de 3 à 9. Cette amélioration s’explique partiellement par la baisse des prix des matières premières (même si des points chauds persistent ici et là) et par l’apaisement des tensions au niveau des chaînes de production (il n’y a désormais plus de difficultés à accéder aux intrants).

Le point technique

Sur le marché des changes, il y avait peu d’activités la semaine dernière. Cela s’explique par l’absence de statistiques macroéconomiques importantes et par la fête nationale aux Etats-Unis qui a conduit à une baisse des volumes échangés. Les tendances sont inchangées sur les principales paires de devises. L’EUR/USD reste dans une phase de consolidation entre 1,08 et 1,10. La tendance est toujours baissière pour l’EUR/CHF avec une cible à 0,96 à moyen terme. A l’inverse, la hausse reste de mise pour l’EUR/JPY même s’il faut être vigilant. La forte dépréciation du JPY à la fois face à l’euro et au dollar américain, sur un lapse de temps relativement court, n’est pas du goût des autorités japonaises qui pourraient décider d’intervenir sur le FX, comme elles l’ont fait par le passé (la dernière fois, c’était en septembre 2022).
Sur les devises émergentes, la volatilité était, en revanche, plus élevée. Ce n’est pas surprenant. Il y a généralement plus de mouvements erratiques sur les monnaies des émergents. L’attention s’est portée sur le rouble russe en particulier qui poursuit sa descente aux enfers. Le rouble a dépassé pour la première fois depuis le 28 mars 2022 le niveau de 93 roubles pour un dollar. La baisse est également notable face à l’euro (point bas de quinze mois à 101 roubles pour un euro). Pendant de longs trimestres, la banque centrale russe est intervenue massivement sur le marché des devises pour soutenir le rouble dans le contexte de la guerre contre l’Ukraine. Ce n’est manifestement plus le cas. Le rouble n’est plus une devise manipulée.
Dans les prochaines semaines, il faudra être attentif au yuan chinois. L’histoire récente nous enseigne qu’il peut souvent y avoir beaucoup de volatilité sur la devise de la Chine au cours de l’été. Ces dernières séances, les banques publiques chinoises sont massivement intervenues sur les marchés onshore et offshore pour limiter la dépréciation du yuan. Cela ne remet pas en cause la volonté de Pékin d’avoir une monnaie faible pour soutenir le secteur stratégique des exportations. En revanche, il est évident que la rapide dépréciation de la devise au cours des dernières semaines était mal perçue. La Chine aime le pilotage fin lorsqu’il est question de taux de change. Elle le rappelle une nouvelle fois avec les interventions des derniers jours.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,05201,06601,09081,1056
EUR/GBP 0,83780,84210,86890,8880
EUR/CHF 0,95220,96290,98981,0001
EUR/CAD 1,41991,43451,47891,4876
EUR/JPY 153,09154,02159,09160,21

Les annonces à suivre

C’est encore une semaine de transition pour le marché des devises. La publication de l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis au mois de juin (première estimation) devrait être d’importance faible. La direction de la politique monétaire américaine est connue à court terme. Il y aura deux hausses de taux supplémentaires, dont une dès ce mois-ci. Le compte-rendu de la dernière réunion du FOMC de la Réserve Fédérale américaine (Fed) était limpide à ce sujet.
L’actualité au niveau des banques centrales s’étoffe. La banque centrale d’Israël (qui se réunit cet après-midi) devrait faire une pause de politique monétaire, comme l’avait fait la Fed en juin. Le taux directeur est maintenu à 4,75% – soit un point haut depuis la crise financière de 2007-2008. Mais tout porte à croire que de nouvelles hausses pourraient survenir dès le mois de septembre prochain tant le niveau de l’inflation est élevé (inflation proche de 5% alors que la fourchette cible de la banque centrale se situe entre 1% et 3%). La Banque du Canada (BoC) a également repris le chemin de la hausse des taux après une pause (très) temporaire. En juin dernier, la banque centrale avait pris à revers le marché en augmentant son taux directeur principal de 25 points de base. Les analystes ne veulent pas commettre la même erreur. Le consensus prévoit une nouvelle hausse des taux de 25 points de base à 5%. C’est déjà intégré dans les prix du marché. Cela ne devrait pas créer d’importants remous sur le dollar canadien à moyen que la BoC ne nous surprenne de nouveau.
On clôturera la semaine avec les prix à la production aux Etats-Unis au mois de juin qui devraient confirmer la baisse des tensions inflationnistes au niveau des intrants. C’est une bonne nouvelle.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 11/07/202308:00ALLIndice des prix à la consommation (Juin)Précédent à 0,3% en variation mensuelle.
Le 12/07/202314:30USAIndice des prix à la consommation (Juin)Précédent à 4,0% en variation annuelle.
Le 12/07/202316:00CANRéunion de la banque centrale Hausse du taux directeur de 25 points de base à 5%.
Le 13/07/202314:30USAIndice des prix à la production (Juin)Précédent à -0,3% en variation mensuelle.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.