Ce début d’année ne ressemble décidément en rien au mois de janvier 2022. Il y a exactement un an de cela, l’inflation ne cessait de croître. De plus en plus d’opérateurs de marché reconnaissaient qu’elle allait être durable et fragiliser de nombreux modèles économiques. Il n’y avait pas encore la guerre en Ukraine. Mais elle n’allait pas tarder. Elle a conduit à une accélération des pressions inflationnistes et à une nouvelle déstabilisation des chaînes de production.
L’année 2023 commence plutôt sur des bases solides. De plus en plus de prévisionnistes considèrent que la récession peut être évitée à la fois en zone euro et aux Etats-Unis (le Royaume-Uni est un cas à part). Les dernières statistiques vont dans le sens d’une amélioration (timide mais évidente) de la conjoncture. L’indicateur d’activité PMI pour la zone euro (qui couvre à la fois l’activité dans le secteur manufacturier et celui des services) est de nouveau en phase d’expansion (au-dessus de 50), à 50,2. C’est une bonne surprise. L’amélioration de l’activité est pour l’instant essentiellement portée par le secteur des services (maintien de la consommation et baisse de l’inflation). Mais le secteur manufacturier se redresse aussi. L’indice est ressorti en hausse à 48,8 contre 47,8 en décembre. Ce qui surprend le plus, c’est que les industriels maintiennent le cap dans leurs prévisions d’investissement. Ils vont continuer d’investir dans l’automatisation, même si la croissance ralentit. C’est un moyen de parer à l’absence de main d’œuvre qualifiée. Mais c’est aussi le signe qu’ils considèrent que la baisse de l’activité n’est que passagère. Toutes les incertitudes ne sont pas pour autant levées (retour de la hausse des prix de l’énergie d’ici la fin de l’année, ampleur du stimulus chinois qui est encore incertain etc.). Toutefois, il faut bien le reconnaître, l’économie se porte bien. Une excellente journaliste du journal La Croix, Marie Dancer, parle de « drôle d’économie » pour évoquer la période actuelle – tout le monde s’attendait au pire mais la réalité au niveau microéconomique c’est que ça tient et que la plupart des secteurs sont résilients.
C’est à peu près la même chose aux Etats-Unis. La semaine dernière, la banque d’investissement Goldman Sachs a drastiquement revu sa prévision de croissance pour la première économie mondiale. Il n’est plus question de récession mais plutôt de croissance molle. C’est un changement notable. Là encore, les indicateurs d’activité PMI sont bien orientés. Le secteur des services opère une remontée (hausse de l’indice de 44,7 en décembre à 45,0 en janvier) tandis que le secteur manufacturier est quasiment stable (à 46,8). Un atterrissage en douceur (soft landing) est désormais le scénario central pour le consensus. Cela rejoint nos anticipations formulées en fin d’année 2022. Nous doutions de la probabilité d’une récession outre-Atlantique.
Un peu plus au nord, la Banque du Canada (BoC) a pris une décision majeure la semaine dernière (qui pourrait directement impacter la décision de la Réserve Fédérale américaine cette semaine). C’est la première banque centrale d’un pays du G7 à annoncer formellement la fin du cycle de durcissement monétaire. Le taux terminal est donc fixé à 4,5% après une dernière hausse de 25 points de base. Depuis le début du cycle inflationniste, la BoC a été systématiquement un peu en avance en termes de politique monétaire sur la banque centrale américaine. Il n’y a donc qu’un pas pour que les cambistes considèrent qu’une pause dans le processus de hausse des taux n’ait lieu aux Etats-Unis. Chez Mondial Change, nous pensons qu’il y a encore la latitude pour au moins deux hausses de taux directeur de 25 points de base chacune (la prochaine ayant lieu cette semaine, le 1er février). En zone euro, le débat est certainement un peu différent puisque l’inflation est encore très élevée et ne reflue pas suffisamment pour qu’on puisse évoquer la possibilité d’une pause. Il faudra faire preuve de patience. En tout cas, la décision de la BoC combinée aux attentes concernant une pause future de la banque centrale américaine sont plutôt favorables à l’appétit au risque sur le marché des changes (et, par ricochet, défavorables au dollar américain qui continue d’être faible en ce début d’année).
Sur le marché des changes, la paire EUR/USD était en phase de consolidation une grande partie de la semaine dernière (évoluant à proximité de la zone située à 1,09). Il faut simplement un détonateur (peut-être la réunion de la banque centrale américaine ou de sa consœur en zone euro) pour que l’euro sorte de sa léthargie. La principale résistance sur la paire en hebdomadaire se situe à 1,1072. Il y a donc une potentielle marge d’évolution à la hausse de plus de 170 pips potentiellement dans les séances voire semaines à venir mais la paire pourrait tout aussi bien retourner son support à 1.0789. L’euro a également effectué une belle remontée face à la livre sterling la semaine dernière (+0,54%). Nous pensons que la paire EUR/GBP pourrait atteindre la zone autour de 0,90 à court terme.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0642 | 1,0789 | 1,1072 | 1,1180 |
EUR/GBP | 0,8560 | 0,8609 | 0,8895 | 0,9149 |
EUR/CHF | 0,9858 | 0,9942 | 1,0190 | 1,0230 |
EUR/CAD | 1,4230 | 1,4398 | 1,4600 | 1,4790 |
EUR/JPY | 139,53 | 140,42 | 143,1 | 144,50 |
+33 (0)1 48 09 09 83
C’est la rentrée des banques centrales cette semaine. Comme nous l’avons indiqué plus haut, nous nous attendons à ce que la banque centrale américaine augmente son taux directeur de 25 points de base et ouvre progressivement la porte à une pause (attention ! Certains cambistes considèrent qu’une hausse de 50 points de base reste possible). En zone euro, 99% des investisseurs pensent que la Banque Centrale Européenne (BCE) va augmenter son taux de 50 points de base. C’est quasiment certain. Incertitude également du côté de la Banque d’Angleterre cette semaine puisque le marché est partagé entre une hausse de 25 points de base et une hausse de 50 points de base. Autrement dit, il devrait y avoir pas mal de volatilité sur les paires en USD et en GBP dans les séances à venir, avec de potentiels mouvements erratiques au moment de la publication des communiqués de politique monétaire. Comme nous l’indiquions dans notre note de début d’année, l’année 2023 devrait être marquée par une grande volatilité sur les devises. D’où la nécessité de bien adapter sa stratégie de couverture sur les changes.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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31/01 | 16:00 | Confiance des consommateurs du Conference Board (Janvier) | Hausse à 109,4 contre 108,3 en décembre. Signal positif pour l’économie américaine si c’est confirmé. | |
01/02 | 11:00 | Indice des prix à la consommation (Janvier) | Première estimation à 9,7% en variation annuelle contre 9,2% en décembre. | |
14:15 | Créations d’emplois non agricoles ADP (Janvier) | Précédent : 235k (faible impact sur le FX). | ||
20:00 | Réunion de la banque centrale | Le marché est partagé entre une hausse de 25 points de base et une hausse de 50 points de base. | ||
02/02 | Réunion de la banque centrale | Une majorité d’intervenants prévoit une hausse de 50 points de base (une minorité prévoit une hausse de 25 points de base). | ||
Réunion de la banque centrale | Hausse du taux directeur de 50 points de base. | |||
03/02 | 14:30 | Chiffres officiels de l’emploi (Janvier) | Ralentissement attendu des créations d’emplois à 175k contre 223k. |
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