Ça donne le tournis

Ce fut une semaine éreintante. Ce ne sont pas moins de trois grandes banques centrales qui ont décidé quasiment au même moment d’ajuster leur politique monétaire. Il n’y a pas eu de surprise, toutefois. Elles ont agi conformément aux attentes. On sait depuis la crise financière de 2007-08 qu’il ne vaut mieux pas prendre aux dépourvus les acteurs de marché si on souhaite que la politique monétaire soit pleinement efficace. De l’autre côté de l’Atlantique, la Réserve Fédérale (Fed) a augmenté son taux directeur de 25 points de base. De ce côté-ci, la Banque Centrale Européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) l’ont augmenté chacune de 50 points de base. Une minorité d’analystes (13 sur 25 interrogés par Reuters) craignaient que la BoE prenne à revers le marché avec une hausse de seulement 25 points de base. Ce ne fut pas le cas. Au Royaume-Uni, l’hypothèse d’une pause prochaine du processus de durcissement monétaire voit le jour. La forte récession attendue, qui pourrait durer presque cinq trimestres selon les prévisions de la banque centrale, incite à adopter une attitude prudente. Avec un taux directeur principal désormais ancré à 4%, on peut anticiper seulement une hausse de taux supplémentaire si les pressions inflationnistes demeurent (probablement de l’ordre de 25 points de base). En zone euro, la trajectoire à court terme est plus limpide. La BCE a pour seule préoccupation la lutte contre l’inflation élevée maintenant que la perspective d’une récession à court terme est écartée. Notre scénario : la BCE va augmenter encore au moins à deux reprises son taux principal, d’abord de 50 points de base puis de 25 points de base, avant de faire une pause dans le processus de hausse du loyer de l’argent.
Aux Etats-Unis, le président de la Fed, J. Powell, a essayé d’être le plus limpide possible. Manifestement, ce ne fut pas un grand succès. Il a ouvert la porte à au moins deux hausses de taux supplémentaires avant l’été (jusque-là, ça va). Mais il a aussi clairement indiqué qu’il faut être prudent concernant la trajectoire de l’inflation. Par le passé, les banques centrales ont trop souvent commis l’erreur de déclarer avoir vaincu l’inflation alors que celle-ci était encore vivace. Cela a nui à la crédibilité des banques centrales (c’est un point crucial car il garantit l’efficacité de leur action) et a conduit à prendre des mesures d’urgence souvent très dommageables pour l’économie. Manifestement, cette partie de la conférence de presse a été volontairement négligée par les cambistes. Nous avons regardé ce matin les anticipations des investisseurs concernant la politique monétaire américaine : ils prévoient que le taux terminal sera légèrement inférieur à 5% (alors que la banque centrale prévoit un taux un peu supérieur à cette borne) et surtout ils anticipent un cycle de baisse des taux (oui ! vous avez bien lu) à partir du deuxième semestre de cette année. C’est pourtant un scénario jusqu’à présent exclu par la Fed. Pour qu’il y ait baisse des taux, il faudrait que l’économie américaine entre dans une récession profonde. C’est peu probable. L’économie montre des signes incroyables de résilience, aussi bien au niveau du secteur de la construction (qui est un des moteurs majeurs de l’activité) qu’au niveau du marché de l’emploi (le taux de chômage a chuté à un plus bas depuis 1969). Il faudra certainement que les cambistes revoient dans les mois à venir leurs anticipations. Lorsque ce sera le cas, il y aura certainement aussi une réallocation des positions sur les devises (en particulier les paires en USD).
La Chine fut le dernier point d’attention la semaine passée. Il semble que les mesures de soutien via l’accès à une plus grande liquidité portent déjà leurs fruits. L’indice PMI manufacturier est de retour en territoire d’expansion en janvier (à 50,1). L’indice PMI non manufacturier (qui porte sur le secteur des services) a connu un rebond plus important (à 54,4). C’est important pour l’Europe puisque si l’économie chinoise renoue avec un rythme soutenu dans les mois à venir (c’est le consensus du marché), cela va directement bénéficier à la zone euro (d’abord à l’Allemagne et dans une moindre proportion à la France). Cela pourrait d’ailleurs permettre d’écarter définitivement le scénario d’une récession mondiale (qui est encore brandi par certains analystes). Bref, il faudra suivre de près l’évolution de la situation en Chine dans les mois à venir, maintenant que la politique zéro Covid qui a tant pénalisé l’activité est définitivement levée.

Sur le marché des changes, l’euro est en recul face à trois de ses cinq principales contreparties en variation hebdomadaire (face au dollar américain, au franc suisse et au dollar canadien). L’EUR/USD affiche un repli sur la semaine écoulée de 0,53%. La paire est désormais autour de la zone située autour de 1,08. Attention, si elle franchit la zone de support située à 1,0734, nous pourrions avoir une accélération de la baisse. Il va falloir que l’euro rebondisse dans les séances à venir. A l’inverse, comme nous l’anticipions, l’EUR/GBP se rapproche de la zone située à 0,90. Le GBP est toujours pénalisé par la perspective d’une profonde récession au Royaume-Uni et par les déboires de la crise énergétique. Rien de nouveau, à ce stade. La performance de la paire en hebdomadaire est d’ailleurs impressionnante : +1,92%. Il y aura certainement des prises de bénéfice à court terme. Mais la tendance est toujours haussière. Les deux zones à surveiller pour les cambistes se situent à 0,9039 et à 0,9117.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06011,06601,07931,0860
EUR/GBP 0,86360,87610,90120,9135
EUR/CHF 0,96260,97700,99681,0063
EUR/CAD 1,41681,42921,46901,4890
EUR/JPY 136,35138,88143,92146,95

+33 (0)1 48 09 09 83

C’est une semaine calme qui s’amorce. Et c’est une bonne nouvelle. L’indice des prix à la consommation (IPC) en Allemagne pour le mois de janvier est annoncé ce vendredi. Comme dans plusieurs autres pays de la zone euro (Belgique, Espagne par exemple), il est probable qu’on assiste à une remontée de l’inflation. Toutefois, cette statistique n’aura aucun effet sur le marché des changes. En effet, l’IPC pour l’ensemble de la zone euro a été publié la semaine dernière (à 8,5% en variation annuelle). Du fait de l’accalmie attendue sur le front des statistiques, nous nous attendons à une volatilité faible sur les principales paires de devises.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 06/02/202310:30UKIndice PMI construction (Janvier)Hausse à 49,6 contre 48,8 en décembre.
Le 10/02/202314:00DEIndice des prix à la consommation (Janvier) Comme dans la plupart des autres pays européens, l’inflation est prévue en hausse (9,2% en variation annuelle).
Le 10/02/202314:30CAChiffres de l’emploi (Janvier)Consensus à 8k.

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