Un court moment de répit

Nous vous avions prévenu, la semaine dernière était plutôt calme sur le front des statistiques. Il n’y avait quasiment rien à se mettre sous la dent. L’inflation allemande a été le principal point d’attention des cambistes. Elle a connu une légère hausse en janvier à 8,7% en variation annuelle. Ce n’est pas surprenant. Plusieurs pays européens (France, Belgique, par exemple) ont connu une augmentation similaire sur la période. Toutefois, la tendance à la baisse perdure et on est surtout loin du pic atteint en octobre dernier (10,4% en variation annuelle). La baisse des prix de l’énergie est le principal élément expliquant la décrue observée depuis quelques mois. Les prix du gaz s’effondrent. C’est une bonne nouvelle. Le benchmark européen évolue autour de la zone des 53 euros – soit son plus bas niveau depuis septembre 2021. Cela correspond toutefois à un prix supérieur de 25 euros à sa moyenne sur cinq ans. Comme l’hiver est beaucoup moins rude que prévu (merci au changement climatique, malheureusement !), les stocks sont à des niveaux élevés ce qui réduit la tension sur les prix. Au niveau de l’Union Européenne, le taux de remplissage des stocks atteint 69%. Début mars, selon les experts, nous devrions être autour de 60%. C’est élevé. C’est même un niveau inédit. Pour donner un ordre de comparaison, le taux de remplissage en mars 2020 (au moment du confinement mondial et en pleine récession donc avec une demande naturellement plus faible) était de 54%. Nous pensons qu’il y aura certainement des points de tensions concernant les prix du gaz l’hiver prochain (puisque nous n’aurons plus l’approvisionnement russe). Mais ce sera sans commune mesure avec ce que nous avons connu en septembre dernier. Le pire est derrière nous. Toutefois, tous les facteurs de risque n’ont pas disparu. Si on regarde dans le détail l’évolution de l’inflation dans la plupart des pays européens (y compris en France), on observe que l’alimentation semble prendre le relais de l’énergie. Les pressions inflationnistes ne vont donc certainement pas disparaître du jour au lendemain. Ce sera évidemment difficile pour les ménages les moins aisés qui sont beaucoup plus réceptifs à une hausse significative de l’alimentaire. A court terme, les chiffres qui ont été communiqués au cours des quinze derniers jours portant sur l’inflation ne devraient avoir aucun impact réel sur la politique monétaire en zone euro à court terme. Il est évident qu’une nouvelle hausse du taux de 50 points de base est actée pour le mois de mars. En l’absence de récession, la Banque Centrale Européenne (BCE) a presque toute la latitude qu’elle souhaite pour augmenter le loyer de l’argent. Nous tablons sur une pause de politique monétaire seulement autour de l’été 2023 (ce qui est en ligne avec le consensus du marché).
Il y avait aussi un peu d’actualité au niveau des banques centrales (pas du côté des grandes économies, cependant). La banque centrale polonaise a maintenu son principal taux directeur inchangé pour le cinquième mois consécutif, à 6,75%. Les prix à la consommation, bien que très élevés, ont reflué ces derniers mois (à 16,6% en variation annuelle en décembre 2022 – contre environ 6% en France !). La banque centrale craint qu’en augmentant trop les taux, cela n’aboutisse à un ralentissement économique sérieux et à une détérioration du marché de l’emploi. Cette problématique est partagée par beaucoup de banques centrales de la région. C’est notamment le cas de la banque centrale hongroise. Depuis plusieurs mois, elle maintient ses taux inchangés. La seule différence (notable), c’est que la Hongrie est déjà certainement en récession technique depuis le troisième trimestre 2022. A priori, ce ne sera pas le cas de la Pologne dont l’économie est beaucoup plus résiliente (on part également d’un niveau de PIB potentiel plus élevé). Depuis le début de l’année, les devises de la région Europe centrale et orientale opèrent quasiment toutes un rattrapage impressionnant face à l’euro (c’est le cas du forint hongrois) qui est lié au retour de l’appétit au risque. Mais si la situation sur le front macroéconomique se dégrade rapidement dans certains pays, on peut craindre un renversement de tendance. Nous doutons notamment que la hausse du forint soit durable à moyen terme. Si vous êtes exposés à cette zone géographique, c’est certainement le bon moment pour revoir votre stratégie de couverture de change.

Sur le marché des changes, nous nous attendons à ce que la tendance baissière sur l’EUR/USD perdure à court terme (comme nous l’indiquions la semaine passée). La paire reste légèrement en territoire positif depuis le début de l’année (+0,16%). Le phénomène n’est pas limité au dollar puisqu’on constate des prises de bénéfices sur la monnaie unique face à ses principales contreparties. C’est logique. Lorsqu’il y des positions acheteuses extrêmes sur une devise, à un certain stade, il y a un rééquilibrage. C’est exactement la situation à laquelle nous faisons face. A moyen terme, nous ne pensons pas que la tendance de fond haussière soit pour le moment remise en question. A noter également qu’un nouveau gouverneur de la Banque du Japon vient d’être nommé (il prendra ses fonctions en avril prochain). Le yen s’est renforcé dans la foulée vendredi dernier. Mais l’impact à long terme sur la politique monétaire japonaise (qui est encore très accommodante) est incertain, à ce stade.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,06011,06601,07931,0860
EUR/GBP 0,86360,87610,90120,9135
EUR/CHF 0,96260,97700,99681,0063
EUR/CAD 1,41681,42921,46901,4890
EUR/JPY 136,35138,88143,92146,95

+33 (0)1 48 09 09 83

Nous doutons que la semaine qui commence soit beaucoup plus palpitante sur le front économique que la précédente. L’indice des prix à la consommation (IPC) aux Etats-Unis est toujours un point d’attention majeur, évidemment. L’IPC est prévu en baisse à 6,2% en variation annuelle. Cela confirmerait que le pic d’inflation est bien derrière nous (mais des points de tension subsistent comme la boucle prix-salaire qui reste problématique). Cette statistique ne devrait toutefois pas infléchir d’une quelconque manière la politique monétaire de la Réserve Fédérale américaine (Fed). Son président, J. Powell, a été plutôt limpide lors de sa conférence de presse. A court terme, une nouvelle hausse de taux de 25 points de base est prévue. Des deux côtés de l’Atlantique, la politique monétaire est plutôt en mode pilotage automatique pour le moment. Cela réduit le risque de forte volatilité sur les paires majeures du Forex.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 14/02/202314:30USAPremière estimation de l’indice des prix à la consommation (Janvier)Consensus à 6,2% en variation annuelle contre 6,5% en décembre.
Le 16/02/202314:30USAIndice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Février) Précédent à -8,9.
Le 16/02/202314:30USAIndice des prix à la production (Janvier)Consensus à 0,4% en variation mensuelle.

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