Une année de crises ?

L’année 2024 sera une année de crises pour les marchés financiers. Plus de 40% du PIB mondial risque de changer de main à la faveur d’élections. S’ajoutent à cela les nombreuses zones de conflit qui ne cessent d’émerger (Ukraine, Taïwan, Proche-Orient, Serbie, Pakistan etc.). Tout cela devrait plutôt être favorable au dollar américain. Nous sommes très sceptiques par rapport au scénario d’un cycle baissier durable du dollar mis en avant par les fonds d’investissement et les gérants d’actifs. 2024 sera l’année de l’aversion au risque et donc du retour du dollar fort, selon nous.

Nous espérons que vous avez passé de bonnes et reposantes fêtes de fin d’année. Sur le marché des changes, vous n’avez pas raté grand-chose, à part la très forte volatilité inhabituelle du franc suisse qui a poussé l’EUR/CHF vers de nouveaux points bas. Cela ne semble pas être lié à l’intervention de la Banque Nationale Suisse quand on observe les données de marché. C’est à surveiller. Mais nous pensons plutôt que cette forte volatilité reflétait un phénomène de saisonnalité. L’année qui commence va être chargée. C’est une année de crises. Les tensions ainsi que les conflits se multiplient dans un monde qui tangue dangereusement. Les appétits de certaines puissances s’aiguisent et l’instabilité s’accroît. Voici, brièvement, les points qu’il faudra surveiller en 2024 car ils risquent de provoquer des remous sur les marchés financiers :

  • L’Ukraine est toujours un point d’instabilité majeur depuis l’invasion lancée par la Russie en février 2022. La guerre s’enlise et chacun essaie de saigner l’autre. Selon des sources officielles, l’Ukraine devrait mobiliser 500 000 soldats cette année. La Russie, elle, fait des rafles de migrants pour les envoyer au front. C’est un point de bascule important pour l’Europe.
  • Pendant que nous fêtions Noël, la Serbie a sombré dans l’instabilité politique. L’élection législative du mois de décembre a donné victorieux le parti au pouvoir (considéré comme pro-russe) qui est empêtré dans des affaires d’achats de voix et de bourrages des urnes. Les manifestations sont régulières et des appels au boycott se multiplient. Tout cela se passe à environ deux heures d’avion de Paris. C’est un nouveau front ouvert avec Moscou.
  • L’élection présidentielle à Taïwan dans le courant du mois est évidemment à prendre en compte. La Chine semble pousser pour influencer en sa faveur les votes. A cela s’ajoute bien entendu la pression militaire de Pékin qui vise à prendre le contrôle de ce territoire.
  • L’offensive d’Israël dans la bande de Gaza à la suite des attentats terroristes commis par le Hamas le 7 octobre dernier continue sans aucune porte de sortie diplomatique à l’horizon. Le Hamas refuse toutes les propositions de trêve. Le conflit polarise les opinions publiques (d’un côté ou de l’autre) et est un vecteur d’instabilité internationale.
  • Le 5 novembre auront lieu les élections américaines et ceci dans une ambiance électrique. Les primaires commencent le 15 janvier. Impossible de lire dans une boule de cristal pour prédire l’avenir mais l’élection constitue un enjeu international important notamment vis-à-vis du soutien à l’Ukraine.

 

Ce qui est certain, c’est que l’année 2024 va être riche en crises et en conflits à suivre dans une situation internationale qui se tend de plus en plus et où la compétition entre les grandes puissances s’exacerbe. Aucun continent n’est épargné par un risque d’instabilité ou d’aggravation de la situation que cela soit sur le plan sécuritaire ou social. Les opinions publiques se tendent et peuvent faire basculer des pays, voire des régions, dans une situation dramatique. Le monde ressemble de plus en plus à une cocotte-minute. Avec les crises, arrive également la désinformation de masse et il faudra y faire particulièrement attention.

Avec une telle situation géopolitique internationale, il faut s’attendre à ce que la volatilité, qui était plutôt contenue en 2023, ressurgisse. Cela ne sera pas nécessairement un regain de la volatilité au niveau mondial. Nous prévoyons plutôt des rebonds de volatilité ici et là en fonction des points de tension (un peu comme ce qui s’est passé avec le shekel israélien à la suite des attaques terroristes). C’est un environnement international qui est, en théorie, plutôt favorable au dollar américain. Les fonds d’investissement et les gérants d’actifs parient sur l’amorce d’un cycle baissier du dollar en 2024. Ce n’est clairement pas notre scénario central. Face à un monde qui est instable, le dollar va faire office de valeur refuge pour beaucoup d’entreprises et d’intervenants des marchés. En bref, l’année 2024 pour le marché des changes semble être celle du regain de l’aversion au risque.

Le point technique

A court terme, peu de mouvements sur le marché des changes. C’est assez normal en cette période de l’année. La paire EUR/CHF, après sa forte chute pendant Noël, s’est stabilisée autour de 0,93. L’EUR/USD, de son côté, est à quelques pips de la zone psychologique située à 1,10. L’euro a également repris la main face au yen japonais (+1,79% depuis le début de l’année). Les cambistes ont compris que la Banque du Japon ne va finalement pas modifier sa politique monétaire pour le moment. Cela signifie que la dépréciation du JPY devrait perdurer. Enfin, la livre sterling s’affiche en ce début d’année (+0,44% face à la monnaie unique) en raison de la possibilité que la Banque Centrale Européenne baisse ses taux bien avant la Banque d’Angleterre. Attention, il n’est pas certain que ce mouvement soit durable. Les anticipations évoluent régulièrement en fonction des statistiques et des discours des banquiers centraux.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,07331,08501,10991,1150
EUR/GBP 0,85000,85340,86990,8750
EUR/CHF 0,91900,92230,94320,9590
EUR/CAD 1,44401,45231,47891,4900
EUR/JPY 155,20156,48159,99160,90

Les annonces à suivre

En 2023, toute l’attention des cambistes s’est portée sur l’inflation. Maintenant que nous savons que le processus de désinflation est bien amorcé et qu’un retour à la cible des banques centrales est crédible à moyen terme, il est probable que les chiffres d’inflation suscitent un intérêt plus limité. Les cambistes vont désormais plutôt surveiller la trajectoire de la croissance, en particulier les chiffres du chômage outre-Atlantique qui restent encore très solides comme l’a montré le rapport NFP du Département du Travail pour le mois de décembre. Bien-sûr, en toile de fond, le risque politique est toujours là et menace de bousculer pas mal les taux de change.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 11/01/202414:30USAIndice des prix à la consommation (Décembre)Précédent à 3,1% en variation annuelle.
Le 12/01/202408:00FRIndice des prix à la consommation (Décembre)Précédent à -0,2% en variation mensuelle.
Le 12/01/202410:00USAIndice des prix à la production (Décembre)Précédent à -0,4% en variation mensuelle.

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