Vers la parité ?

L’euro s’effondre face au dollar américain. La semaine dernière, la monnaie unique a atteint un point bas proche des 1,0470. La tendance est baissière à long terme. Cela fait peu de doutes. L’accumulation de mauvaises nouvelles sur le front économique incite les cambistes à se replier sur le dollar américain. En période d’aversion au risque, le billet vert est la valeur refuge ultime. Ce fut le cas au cours des crises passées. Ce sera encore le cas cette fois-ci. Le marché des changes fait face à des facteurs d’inquiétudes nombreux : inflation qui s’envole dans les pays développés, risque de récession en zone euro (la croissance au premier trimestre est ressortie à zéro en France !), ralentissement économique marqué en Chine à cause de la pandémie, risque géopolitique (Ukraine) et performance économique décevante aux Etats-Unis (contraction surprise du PIB au premier trimestre de 1,4%). Il n’y a pas une seule zone économique qui échappe actuellement aux turpitudes causées par le rebond de l’inflation (résultant en partie de la guerre en Ukraine). Les prochains mois vont être très compliqués. Soit l’inflation reflue grâce au durcissement monétaire engagé par les banques centrales. Mais c’est peu probable. La transmission de la politique monétaire à l’économie réelle prend de nombreux trimestres. Soit plusieurs économies majeures risquent d’entrer en phase de stagflation (faible croissance accompagnée d’une inflation élevée) ou pire de récession. C’est un risque très sérieux pour le Royaume-Uni en particulier. Il y a quelques jours de cela, le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE) a reconnu que la possibilité d’une récession imminente augmente au regard des difficultés rencontrées par les ménages britanniques face à la flambée des prix. Le panorama économique s’est dégradé en l’espace de quelques mois. Rappelons qu’en fin d’année dernière, beaucoup d’économistes et d’analystes soutenaient que l’inflation est temporaire. Désormais, ils reconnaissent tous qu’elle va être une variable à prendre en considération certainement encore pendant plusieurs années.

Pour les entreprises, l’inflation pose de sérieux défis. En France, l’indice des prix à la production vient d’atteindre un nouveau pic historique, à 24,4% en variation annuelle. C’est énorme. Il n’y a pas d’autre choix que de rogner sur les marges et/ou de répercuter la hausse sur le consommateur final, lorsque c’est possible. Mais ce n’est pas toujours évident. Il est vraisemblable que plusieurs secteurs d’activité vont être en grande difficulté dans les mois à venir. Il faut aussi s’attendre à un très fort rebond des faillites d’entreprises (après l’accalmie de la période Covid). Bref : attachez vos ceintures !

La grande question qui anime le marché des changes depuis quelques jours est de savoir si l’EUR/USD va atteindre la parité ou pas à court terme. La parité ne constitue pas pour la paire un niveau technique. C’est tout au plus un niveau psychologique majeur. S’il devait être atteint, il est probable qu’il y ait un rebond de la paire par la suite. Il est encore trop tôt pour savoir si ce seuil va être franchi. A court terme, notre objectif se situe à 1,0274. La combinaison entre un niveau élevé d’aversion au risque sur le marché et une banque centrale américaine qui est perçue comme plus agressive que la Banque Centrale Européenne (BCE) devrait favoriser une baisse prolongée de la monnaie unique. La seule chose qui pourrait inverser la tendance serait d’avoir un discours très hawkish de la part de la BCE. C’est illusoire à ce stade.

On notera également que le processus de repli du yen japonais continue (-1,04% en un mois et -5,13% depuis janvier face à l’euro). Cette baisse s’explique essentiellement par le maintien d’une politique monétaire ultra-accommodante au Japon alors que dans les autres économies développées les taux directeurs augmentent. Il est probable que la paire EUR/JPY effectue une nouvelle tentative de franchissement de la résistance située à 140,01 à court terme. Ce niveau fait office de résistance depuis 2015.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,02741,04011,07421,0947
EUR/GBP 0,81300,82430,84440,8498
EUR/CHF 0,99541,01041,04041,0520
EUR/CAD 1,27681,31431,38931,4268
EUR/JPY 132,33134,9140,01141,43

+33 (0)1 48 09 09 83

Cette semaine sera particulièrement dense en réunions de banque centrale. Le consensus des analystes prévoit que la banque centrale américaine va augmenter son taux directeur de 50 points de base (il y a peu de doutes à ce sujet) et que la BoE va l’augmenter de seulement 25 points de base. Dans les deux cas, les décisions ont été déjà largement intégrées dans les cours. Il ne faut donc pas s’attendre à un regain de volatilité sur les paires en USD et en GBP dans la foulée. En revanche, il faudra surveiller de près toute indication portant sur la suite à donner à la politique monétaire. Il y a par exemple un débat entre analystes concernant l’ampleur de la hausse des taux possible aux Etats-Unis en juin prochain. Certains prévoient une hausse de 75 points de base (ce serait massif !).

Les chiffres du chômage américain ne devraient pas réserver de grande surprise. La dynamique reste positive mais si l’économie américaine continue de s’essouffler un peu (comme ce fut le cas au premier trimestre), il est évident que les créations d’emplois vont ralentir. Ce ne sera perceptible que dans plusieurs mois, si ce scénario devait se produire.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
02/0509:55PMI manufacturier (Avril)Rebond à 57,6 contre 54,1 précédemment.
16:00Indice PMI manufacturier de l’ISM (Avril)Rebond prévu par les analystes à 58,0 contre 57,1 précédemment.
03/0510:30PMI manufacturier (Avril)Précédent à 55,3.
04/0514:15Enquête ADP sur l’emploi privé (Avril)Nette baisse attendue des créations d’emplois, à 370k contre 455k.
20:00Réunion du FOMC de la banque centraleC’est une certitude, la hausse des taux sera de 50 points de base.
05/0513:00Réunion de la banque centraleLe marché hésite entre une hausse de 25 points de base ou de 50 points de base (à 1% ou à 1,25%).
06/0514:30Taux de chômage (Avril)Légère baisse attendue des créations d’emplois à 400k contre 431k en mars (ce dernier chiffre est soumis à révision).

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