Le dollar index, qui mesure la valeur du billet vert par rapport à un panier de devises étrangères dont l’euro, continue sa forte progression. Il est désormais en approche du niveau des 105 qui n’a pas été atteint depuis 2002. Le dollar américain joue parfaitement son rôle de valeur refuge ultime sur le marché des changes face à l’accumulation des risques économiques, financiers et géopolitiques (effondrement des bourses mondiales – aussi appelé bear market, inflation galopante, guerre en Ukraine, flambée du cours des matières premières etc.). C’est ce qu’on appelle couramment une fuite vers la qualité. Tant qu’il n’y aura pas de renversement de tendance sur le dollar index, la capacité des autres monnaies à rebondir face au billet vert sera faible. Les devises émergentes sont évidemment les plus pénalisées. Mais c’est aussi le cas des devises des pays développés. L’EUR/USD a perdu 8,8% depuis le début de l’année tandis que la livre sterling a décroché de 11,3% face au dollar américain sur la même période.
On voit mal comment nous pourrions avoir rapidement une décrue du billet vert. Les dernières statistiques sont inquiétantes. Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation en avril est ressorti à un niveau encore inconfortablement élevé, à 8,3% en rythme annualisé. C’est un peu moins qu’en mars. Mais il est encore trop tôt pour considérer que le pic d’inflation a été atteint (c’est une notion que ne cessent d’évoquer les analystes et les économistes en ce moment). Premièrement, une grande partie de la baisse s’explique par un repli temporaire des prix de l’essence en avril. Depuis début mai, l’essence a de nouveau augmenté. Deuxièmement, l’inflation semble désormais se répandre dans le secteur des services. Le prix des billets d’avion a ainsi bondi de 33% en variation annuelle. Cela confirme que la bataille contre l’inflation élevée que mène la Réserve Fédérale américaine (Fed) sera compliquée et longue. Plusieurs membres du FOMC (l’organe qui décide de la politique de taux d’intérêt) ont plaidé pour une accélération du renforcement monétaire. Certains ont même mis sur la table l’hypothèse d’une hausse prochaine des taux de 75 points de base (c’est un scénario peu probable, cependant).
En Europe, la situation sur le front économique est peut-être plus compliquée qu’aux Etats-Unis. Certains pays membres de l’UE sont confrontés à un niveau d’inflation supérieur à celui qui existe aux Etats-Unis (il convient toutefois de mentionner que le calcul de l’inflation est différent des deux côtés de l’Atlantique). En outre, le risque de très net ralentissement de l’activité économique au deuxième trimestre se précise. La flambée des prix est en train de mettre à mal la consommation dans plusieurs pays européens (c’est incontestablement le cas au Royaume-Uni et en France). Au regard des commentaires émis par plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) la semaine dernière, il ne fait pas de doutes qu’une première hausse des taux devrait avoir lieu en juillet prochain en zone euro. L’ampleur de cette hausse fait débat (15 ou 25 points de base). En outre, il est désormais quasiment certain que la zone euro sera sortie au plus tard en fin d’année de la longue période de taux d’intérêt négatifs. Cela signifie, notamment, que le coût du crédit va devenir plus prohibitif. La tendance est déjà amorcée sur les crédits immobiliers et les crédits aux entreprises depuis plusieurs mois. Pour l’instant, la perspective d’une hausse des taux par la BCE n’a pas apporté un quelconque soutien à la monnaie unique. Elle est en repli en variation hebdomadaire de 1,75% face au dollar américain. Les cambistes ne semblent pas croire que la banque centrale soit en mesure de prendre les décisions nécessaires (et certainement avec des retombées économiques négatives à court terme) pour ramener l’inflation vers la cible des 2%. C’est aussi un avis que nous partageons chez Mondial Change. Il est probable que la BCE soit moins agressive que la Fed dans le cadre de son processus de normalisation de la politique monétaire. Plusieurs facteurs pourraient l’inciter à la prudence. Le risque de fragmentation financière de la zone euro (dit autrement, le fait que la prime de risque de l’Italie augmente fortement, ce qui mettrait à mal sa capacité de refinancement) est un de ces facteurs.
Dans ces conditions, nous conservons toujours une vision baissière sur l’EUR/USD à court et à moyen terme, comme quasiment la totalité des acteurs de marché. A notre connaissance, aucun grand établissement financier ne prévoit une hausse prochaine de l’euro face au dollar américain. Du point de vue de l’analyse technique, il faudra surveiller les niveaux de support situés à 1,0358 et à 1,0269 cette semaine.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0269 | 1,0358 | 1,0653 | 1,0860 |
EUR/GBP | 0,8288 | 0,8414 | 0,8665 | 0,8732 |
EUR/CHF | 1,0278 | 1,0350 | 1,0586 | 1,0740 |
EUR/CAD | 1,3197 | 1,3330 | 1,3689 | 1,3901 |
EUR/JPY | 129,48 | 131,99 | 137,66 | 140,82 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Le calendrier économique est quasiment vide. Les chiffres d’inflation qui sont attendus correspondent à une nouvelle estimation. En règle générale, il n’y a aucun écart par rapport à la première estimation. La guerre en Ukraine n’est plus un sujet pour le marché des changes depuis déjà un moment, comme nous le rappelions récemment. A la marge, les remous actuels sur les marchés boursiers pourraient continuer de favoriser un repli sur le dollar américain (comme évoqué en introduction).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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18/05 | 01:50 | PIB (T1) | Hausse à 1,4% contre 1,1% précédemment. | |
08:00 | Indice des prix à la consommation (nouvelle estimation pour avril) | Le consensus table sur une hausse à 8,5% en variation annuelle. La Banque d’Angleterre a déjà prévenu que l’inflation pourrait atteindre 10% cette année. | ||
11:00 | Indice des prix à la consommation (nouvelle estimation pour avril) | Consensus à 7,5% en variation annuelle (conforme à la première estimation) | ||
19/05 | 14:30 | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Mai) | Baisse à 17,2 contre 17,6 en avril. La hausse des prix reste toujours le problème numéro un. |
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