Le réveil est difficile ce lundi. Le Fonds Monétaire International (FMI) a confirmé ce dont nous nous doutions déjà : l’économie mondiale est au bord de la récession. Selon l’organisation internationale, l’accumulation inédite de facteurs de risque (inflation prolongée, perturbation des chaînes d’approvisionnement, politiques monétaires plus restrictives, forte baisse de la demande etc.) vont précipiter au moins un tiers des pays dans une phase de récession. Pour l’instant, la France devrait échapper à ce scénario (même si plusieurs banques de renom comme Citigroup tablent sur une récession pour le pays l’an prochain). Le FMI estime que la croissance française en 2023 devrait être de 0,7% (contre une prévision officielle du gouvernement à 1%). Évidemment, cette prévision sera révisée au fur à mesure que les données économiques tombent. Au regard des indicateurs d’activité pour les secteurs manufacturier et des services (indicateurs PMI) et des indicateurs de confiance (climat des affaires en particulier), nous doutons fortement que la France soit en mesure d’éviter une récession, surtout quand on sait que son principal partenaire commercial, l’Allemagne, est certainement déjà entrée dans cette spirale négative. Pour les entreprises, cela implique de s’adapter à cette nouvelle donne et d’envisager notamment la couverture de change comme un moyen de réduire ses coûts éventuels (si le sujet est pertinent, cela va de soi). Les entreprises françaises ont fait preuve d’une incroyable agilité pendant la crise Covid. Les généreuses aides publiques qui ont mis l’économie sous cloche ont bien-sûr été bénéfiques. Il faut espérer que le quoi qu’il en coûte va demeurer (même si cela pose un problème certain en termes d’accumulation de dettes publiques à moyen et à long terme).
Malheureusement, il n’y a pas d’embellie sur le front de l’inflation. L’indice des prix à la consommation harmonisé (qui permet de faire des comparaisons entre les pays européens) a atteint un nouveau record à 10,9% en variation annuelle en septembre en Allemagne. Les économistes prévoient que le pic d’inflation devrait être autour de 12-13% outre-Rhin. C’est douloureux. Aux Etats-Unis, l’inflation reste encore volatile. L’indice des prix à la production a atteint 8,5% en variation annuelle en septembre (contre un consensus à 8,4%). Du côté de la consommation, l’inflation a aussi augmenté plus que prévu par le consensus, à 8,2% en variation annuelle pour le même mois. Les principaux postes de hausse sont l’énergie (+19,8%), l’alimentaire (+11,2%) et le transport, les véhicules et les appareils médicaux (+6,6%). Ces chiffres valident le scénario d’une hausse du taux directeur de 75 points de base par la Réserve Fédérale (Fed) le mois prochain. Il n’y a pas d’autre choix que de poursuivre le processus de durcissement des conditions financières. Contrairement à d’autres pays, les Etats-Unis devraient éviter la récession l’an prochain. C’est un avantage certain du point de vue de la politique monétaire. Cela offre une fenêtre de tir plus grande à la Fed pour augmenter autant que nécessaire ses taux afin que l’inflation renoue avec des niveaux plus soutenables (probablement pas un retour à la cible d’origine des 2% mais plutôt autour des 4%).
Enfin, la crise énergétique reste toujours un casse-tête pour les Européens. Les craintes sur les approvisionnements électriques durant l’hiver subsistent. C’est un facteur inflationniste évident. Par exemple, il y a un écart de 200 euros par MWh entre le prix spot et le prix à terme trois mois de l’électricité pour la France (dans le cas français, cela s’explique partiellement par les problèmes structurels que rencontre la moitié de notre parc nucléaire). Chez Mondial Change, nous sommes convaincus que l’économie américaine s’en sortira beaucoup mieux que l’économie européenne dans les mois à venir. C’est un élément de fond qui devrait continuer de soutenir le dollar américain. D’ailleurs, si on regarde de près les flux de capitaux, on constate une sortie massive de l’Europe et des pays émergents (dans des proportions inhabituellement importantes en Inde) qui vont se recycler sur le marché américain. Ce phénomène a toutes les chances de s’accentuer une fois que la récession aura été officialisée en zone euro (probablement au premier trimestre de l’année prochaine). En période de forte crise, les investisseurs réagissent toujours de la même manière : ils vont se réfugier sur le marché le plus liquide de la planète, c’est-à-dire les Etats-Unis. Cela s’est produit en 2000 (crise internet), en 2007-08 (crise des subprimes), en 2012 (crise de la dette souveraine européenne). Ce sera également le cas en 2023.
Sur le marché des devises, l’euro a effectué un rebond technique face à ses principales contreparties (à l’exception notable de la livre sterling) sur les cinq dernières séances. Toutefois, dans la plupart des cas, nous n’observons pas de revirement de tendance à moyen terme. Les indicateurs techniques sont toujours à la baisse sur l’EUR/USD (avec une cible de prix autour des 0,95-0,9550 dans un premier temps). La tendance est également toujours à la baisse face à l’EUR/CHF (avec un objectif à court terme à 0,9584). Il est normal qu’après une longue période de dépréciation, l’euro rebondisse un peu. Cependant, rien ne permet d’être optimiste pour la monnaie unique dans les semaines et mois à venir. La seule monnaie majeure face à laquelle l’euro pourrait tirer son épingle du jeu, c’est face à la livre sterling selon nous. La monnaie britannique a un peu repris du terrain et est revenue dans la zone de prix de début septembre (autour de 0,86-0,87). Mais la pression baissière reste intacte. Les difficultés de l’économie britannique sont énormes. Il est évident que cela va être plutôt positif pour l’EUR/GBP. Nous avons un objectif à court terme à 0,88.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 0,9370 | 0,9547 | 0,9903 | 1,0080 |
EUR/GBP | 0,8190 | 0,8448 | 0,8804 | 0,8964 |
EUR/CHF | 0,9437 | 0,9584 | 0,9879 | 1,0025 |
EUR/CAD | 1,2999 | 1,3201 | 1,3606 | 1,3808 |
EUR/JPY | 139,51 | 141,45 | 145,18 | 146,55 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Cette semaine sera encore dominée par l’inflation. L’indice des prix à la consommation sera publié à la fois en zone euro et au Royaume-Uni pour le mois de septembre. Pour la zone euro, il s’agit de la seconde estimation. Elle devrait être en ligne avec la première (inflation à 10% en variation annuelle). En revanche, il s’agit d’une première estimation pour le Royaume-Uni. Cela risque d’être une mauvaise nouvelle. Selon le consensus des économistes, l’inflation devrait dépasser le seuil symbolique des 10% pour s’inscrire à 10,2%. Ce sera certainement un coup dur pour la livre sterling. Nous anticipons une intensification de la pression baissière sur la monnaie britannique. Au regard du degré élevé d’incertitude concernant la trajectoire économique et financière du Royaume-Uni, nous conseillons de rester autant que possible à l’écart des actifs britanniques. En cas d’exposition à la devise, il est recommandé d’adopter une stratégie de couverture appropriée. La volatilité sur les paires en GBP devrait rester élevée d’ici la fin de l’année.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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18/10 | 11:00 | Indice ZEW du sentiment économique (Octobre) | Toujours au fond du trou, à -60,0 contre -61,9. | |
19/10 | 08:00 | Indice des prix à la consommation (Septembre) | Hausse attendue à 10,2% sur un an contre 9,9% précédemment. Comme attendu, l’inflation dépasse le seuil symbolique des 10%. | |
14:30 | Indice des prix à la consommation (Septembre) | Nouvelle estimation. Aucun changement attendu (10% sur un an). | ||
20/10 | 14:30 | Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Octobre) | L’indice est attendu à -4,5 contre -9,9 en septembre. |
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