Il y a du bon et du mauvais cette semaine. Aux Etats-Unis, les pressions inflationnistes continuent de ralentir. L’indice des prix à la production (qui est rarement un market mover pour les devises) est ressorti seulement à 8% en variation annuelle en octobre. C’est beaucoup moins qu’en septembre (8,5%) et moins que ne le prévoyait le consensus Bloomberg (8,3%). Après avoir atteint un pic en mars dernier à 11,7%, la baisse des prix à la production semble bien enclenchée. Cela s’explique par plusieurs facteurs : une demande moins importante en raison de la baisse du pouvoir d’achat, un repli significatif du prix des matières premières et une amélioration des chaînes de production (même si des problèmes d’engorgement du transport international subsistent sur la façade pacifique à cause de la politique zéro Covid en Chine). La baisse des prix à la production se traduit, après un décalage de deux à trois mois, par une baisse des prix à la consommation. C’est donc une bonne nouvelle.
Cela alimente évidemment les spéculations sur le marché des changes concernant un prochain ralentissement du rythme de hausse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed). Mardi dernier, la vice-présidente de la Fed, Lael Brainard (qui est considérée comme une colombe, c’est-à-dire en faveur d’une hausse des taux mesurée) a indiqué que le temps approche pour la banque centrale de ralentir le rythme d’appréciation des taux. « Beaucoup a déjà été fait » a-t-elle rappelé. Il faudra certainement attendre le prochain rapport sur l’emploi américain (début décembre) et le rapport sur l’inflation pour le mois de novembre (publié en décembre également) pour savoir si le ralentissement de la hausse des taux va se matérialiser dès la réunion du FOMC du 14 décembre prochain ou plutôt au cours du premier trimestre 2023.
De l’autre côté de la Manche, le débat est différent. La publication de l’inflation en octobre a fait l’effet d’un électrochoc. L’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint son plus haut niveau depuis 1981 à 11,1% en variation annuelle. Tout augmente, parfois dans des proportions importantes. Les prix de l’alimentation et des boissons ont bondi de 16,4% en variation annuelle (plus forte hausse depuis 1977). Sans les mesures récemment prises pour atténuer la facture énergétique, l’ONS (équivalent britannique de l’INSEE) considère que l’inflation n’aurait pas été à 11,1% mais plutôt à 13,8%. Pour les ménages les plus pauvres, l’inflation se situe autour de 13,8% tandis que pour les plus riches elle se situe autour de 10,5% (toujours selon les estimations de l’ONS). C’est catastrophique. Nul besoin de mentionner que les hausses de salaire ne sont pas suffisantes pour compenser l’envolée des prix. Avant la publication de l’inflation, le marché des changes estimait que la probabilité d’une hausse des taux de l’ordre de 75 points de base en décembre par la Banque d’Angleterre (BoE) était de 65% contre 35% pour une hausse de 50 points de base. Depuis la publication de l’IPC, les anticipations ont changé. Le marché est désormais hésitant. 50% des cambistes considèrent que la hausse sera de 50 points de base et 50% considèrent qu’elle sera de 75 points de base. Dans tous les cas, la BoE n’a certainement pas d’autre choix que de continuer sur sa lancée et d’augmenter les taux. Une pause de la politique monétaire n’est pas d’actualité étant donné le niveau stratosphérique de l’inflation, peu importe l’ampleur de la récession outre-Manche.
Enfin, il n’y a rien de nouveau en zone euro. La semaine passée, Georg Muller, membre de la Banque Centrale Européenne (BCE), s’est contenté de rappeler que l’institution se tient prête à durcir davantage sa politique monétaire. Deux options sont sur la table : soit une hausse de 50 points de base (c’est le consensus de marché à ce stade) soit de 75 points de base en décembre (si l’inflation reste élevée et répandue). La petite nouveauté qui est attendue : la BCE devrait aussi discuter du quantitative tightening (qui consiste à alléger le bilan de la banque centrale). C’est une mesure de resserrement de la politique monétaire qui doit permettre de lutter contre l’excédent de liquidité dans le système financier (et donc réduire les pressions inflationnistes indirectement).
Sur le marché des changes, l’euro a effectué une remontée cette semaine face à tous ses contreparties principales (à l’exception de la livre sterling). L’EUR/USD a connu un point haut hebdomadaire à 1,0480 – un niveau qui n’avait plus été atteint depuis le début du mois de juillet dernier. Il s’agit d’une zone de résistance importante. Elle pourrait être testée de nouveau à court terme mais il est peu probable qu’elle soit franchie. Notre scénario central pour les séances à venir : l’EUR/USD devrait évoluer dans une borne de prix plutôt large comprise entre 1,0280 (qui fait office de support principal) et 1,0480. Il faudrait une excellente nouvelle sur le front économique en zone euro pour qu’on ait un franchissement durable de la zone des 1,0480. Ce n’est pas d’actualité pour le moment.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0163 | 1,0280 | 1,0480 | 1,0584 |
EUR/GBP | 0,8380 | 0,8476 | 0,8867 | 0,8998 |
EUR/CHF | 0,9499 | 0,9661 | 0,9998 | 1,0149 |
EUR/CAD | 1,3355 | 1,3567 | 1,3908 | 1,3996 |
EUR/JPY | 140,28 | 142,48 | 146,87 | 149,07 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Cette semaine sera écourtée à cause de Thanksgiving aux Etats-Unis (à partir de jeudi). Cela va conduire à une baisse des volumes assez importante sur tous les marchés financiers, y compris le marché des changes. Parfois, cela peut entraîner des mouvements erratiques sur certaines paires. Nous doutons que ce soit le cas cette année, à moins que la géopolitique (sous-entendu la guerre en Ukraine) ne s’invite sur le devant de la scène.
Au niveau des statistiques, il y a peu d’indicateurs notables. Les chiffres des commandes de biens durables et des ventes de logements neufs en octobre aux Etats-Unis n’ont qu’un effet faible sur les cours. L’indice IFO du climat des affaires en Allemagne est la seule statistique notable. Elle devrait confirmer que la première économie de la zone euro est déjà entrée en récession. Pour résumer : rien de nouveau à attendre cette semaine sur le front économique.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
---|---|---|---|---|
23/11 | 14:30 | Commandes de biens durables (Octobre) | Rebond de 0,2% en variation mensuelle après une chute de 0,5% en septembre. | |
16:00 | Ventes de logements neufs (Octobre) | Baisse à 578k contre 603k le mois précédent. La décélération du marché immobilier est à surveiller. | ||
24/11 | 14:30 | Indice IFO du climat des affaires (Novembre) | Baisse attendue par le consensus des analystes à 83,3. | |
25/11 | 08:00 | Estimation du PIB au troisième trimestre | Précédent à 0,3%. Risque de contraction. |
Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.