Les opérateurs de marché n’ont pas été convaincus par la prestation du président de la Réserve Fédérale américaine (Fed) la semaine passée. Alors que beaucoup considéraient qu’il était nécessaire de baisser les taux ou de faire une pause de politique monétaire, il a augmenté le taux principal de 25 points de base et il n’a pas fermé la porte à d’autres hausses. Il a toutefois reconnu que la trajectoire de la politique monétaire est incertaine. Heureusement, ce n’est pas le cas partout ailleurs.
« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » – Socrate. C’est ainsi qu’on pourrait résumer la conférence de presse de J. Powell mercredi dernier. Comme prévu, la Réserve Fédérale américaine (Fed) a augmenté son taux directeur principal de 25 points de base. Certains intervenants de marché tablaient sur une pause de politique monétaire du fait des répercussions possibles de la hausse des taux sur la rentabilité du secteur bancaire américain (plusieurs banques de taille régionale sont encore en difficulté, comme First Republic). Un tel scénario était toutefois peu probable. L’inflation reste le problème numéro un du point de vue de la politique monétaire. Une majorité de membres du FOMC (l’organe qui est chargé de fixer les taux aux Etats-Unis) anticipe encore au moins une ou deux hausses de taux de 25 points de base chacune pour justement endiguer les pressions inflationnistes. Seul un membre prévoit une pause de politique monétaire. Aucun membre n’envisage en revanche une baisse des taux. J. Powell a confirmé qu’il y a un doute sur l’évolution à court terme des taux. Il a néanmoins écarté toute possibilité de baisse cette année. Vraisemblablement, le message n’est pas passé auprès des marchés financiers. Le marché monétaire anticipe quatre baisses des taux pour un total de 100 points de base dès cette année (avec un début du cycle de baisse en juin prochain). Un tel décalage entre les prévisions de la banque centrale américaine et les anticipations de marché est inédit. Cela souligne à quel point il est difficile de savoir comment la conjoncture économique va évoluer dans les semaines et les mois à venir. C’est évidemment lié aux difficultés du secteur bancaire qui vont entraîner un resserrement du crédit. L’impact à prévoir sur le PIB n’est pas évident. Par le passé, un resserrement important du crédit a pu aussi bien conduire à une récession qu’à un ralentissement marqué de la croissance. Pour l’instant, rappelons que la Réserve Fédérale américaine n’entrevoit pas de récession à l’horizon. C’est également notre avis (même si le risque d’une récession s’est accru au cours des quinze derniers jours).
Les autres banques centrales ont eu moins de difficultés à communiquer auprès des marchés financiers la semaine passée. Elles sont restées droite dans leur botte (autrement dit, elles ont continué de durcir la politique monétaire au rythme prévu afin de lutter contre l’inflation). Malgré les déboires de Crédit Suisse, la Banque Nationale Suisse (BNS) a augmenté son taux directeur de 50 points de base – comme attendu. Elle a revu légèrement à la hausse ses prévisions d’inflation, à 2,4% cette année et à 2% en 2024. Elle a également indiqué être de nouveau disposée à intervenir sur le marché des changes si elle le juge nécessaire. Beaucoup d’analystes commencent à envisager la possibilité que la BNS cherche un peu à affaiblir le taux de change du franc suisse afin de soutenir l’activité économique (et surtout les exportations). A ce stade, ce sont uniquement des supputations. En tout cas, si la BNS décide d’intervenir sur le marché des changes massivement, ce serait la première fois qu’elle le ferait depuis l’été 2022. De son côté, la banque centrale de Norvège, la Norges Bank a augmenté son taux directeur de 25 points de base. Là encore, pas de surprise par rapport aux attentes. De l’autre côté de la Manche, la hausse fut également de 25 points de base (c’est le bon compromis entre des pressions inflationnistes qui refluent mais restent importantes et une croissance en berne). La seule surprise sur le front des banques centrales est venue de Taïwan la semaine passée. La banque centrale du pays a augmenté son taux principal de 12,5 points de base à 1,875% alors que le consensus de marché anticipait le statu quo. Il y a actuellement beaucoup de discussions dans les salles de marché et chez les analystes concernant l’éventualité de baisses de taux. Mais comme on le constate avec les décisions qui ont été prises ces derniers jours, les banques centrales n’ont pas encore changé de logiciels et cherchent toujours à lutter contre l’inflation, ce qui ouvre la porte à de nouvelles hausses de taux avant l’été. La période estivale sera certainement le moment opportun pour les banquiers centraux afin de juger de l’état réel de l’économie mondiale.
Le point technique
Sur le marché des changes, l’euro/dollar a connu une très forte volatilité la semaine passée. La paire a évolué dans une borne de fluctuation de près de 300 points. C’est énorme et inhabituel. La réunion de la Fed a été dans un premier temps bénéfique à l’euro (le marché tablant sur une prochaine baisse des taux aux Etats-Unis). Mais les cambistes ont rapidement pris leurs bénéfices, ce qui a fait chuter l’euro/dollar de la zone des 1,0930-35 sous les 1,08. Le marché est encore fébrile du fait de l’absence de perspectives claires concernant la politique monétaire américaine à court et à moyen terme (sans compter les déboires du secteur bancaire), ce qui devrait avantager plutôt les valeurs refuge (donc le dollar américain en particulier). L’euro a d’ailleurs fini la semaine passée en retrait face à la plupart de ses contreparties (à l’exception du dollar canadien), ce qui prouve bien que le marché est plutôt en mode ‘aversion au risque’.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0488 | 1,0634 | 1,0932 | 1,1003 |
EUR/GBP | 0,8514 | 0,8657 | 0,8871 | 0,8953 |
EUR/CHF | 0,9630 | 0,9773 | 0,9973 | 1,0050 |
EUR/CAD | 1,4450 | 1,4638 | 1,4974 | 1,5133 |
EUR/JPY | 136,05 | 138,10 | 145,66 | 147,80 |
Les annonces à suivre
Sur le front des statistiques, c’est une semaine calme qui commence. La publication de l’indice des prix à la consommation en zone euro au mois de mars est la principale statistique à surveiller. Le consensus prévoit une baisse des pressions inflationnistes à 8,2% sur un an contre 8,5% en février. Il s’agit d’une première estimation. Mais il est peu probable que le chiffre annoncé soit révisé par la suite. Une baisse de l’inflation est bienvenue. Toutefois, le chemin à parcourir est encore long afin d’arriver à un niveau plus soutenable (autour de 3-4% sur un an). Par conséquent, nous continuons de penser qu’à court terme la Banque Centrale Européenne va continuer d’augmenter le loyer de l’argent (probablement avec une hausse de 50 points de base de son taux directeur en mai prochain).
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 27/03/2023 | 09:00 | ALL | Indice IFO du climat des affaires (Mars) | Hausse à 91,2 contre une précédente estimation à 91,1. |
Le 28/03/2023 | 15:00 | USA | Indice de confiance des consommateurs du Conference Board (Mars) | Rebond à 108,5 contre 102,9 en estimation précédente. |
Le 31/03/2023 | 10:00 | EUR | Indice des prix à la consommation (Mars) | Il s’agit de la première estimation pour le mois de mars (donc c’est important). Le consensus prévoit une baisse à 8,2% sur un an (contre 8,5% précédemment). |
Le 31/03/2023 | 13:30 | USA | Indice PCE core (Février) | C’est le baromètre le plus suivi de l’inflation par la Fed. Consensus à 0,4% en variation mensuelle contre 0,6% en janvier. |
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