Ça s’en va et ça revient

Le président russe Vladimir Poutine a soufflé le chaud et le froid toute la semaine dernière concernant l’évolution des négociations avec l’Ukraine. Il apparaît de plus en plus évident qu’une issue diplomatique n’est pas à portée de main. Les troupes russes continuent de se positionner dans plusieurs parties de l’Ukraine et, parfois, refusent l’ouverture de corridors humanitaires pour évacuer la population civile. Les cambistes qui ont un temps cru à une sortie par le haut rapide ont vite déchanté ces dernières séances.

Le retour de l’inflation est l’autre sujet de préoccupation. Et ça ne changera certainement pas dans un avenir proche. Les mois à venir vont être rudes pour les consommateurs et les entreprises du Vieux-Continent. C’est, en substance, le message envoyé par l’indice du sentiment économique publié par la Commission Européenne mercredi dernier. C’est une statistique importante car elle est utilisée par les économistes pour leurs prévisions de croissance du PIB. En mars, le sentiment économique s’est effondré de 5,4 points à 108,5. Tous les secteurs sont touchés mais la baisse la plus importante concerne la confiance du consommateur. Les entreprises continuent de s’inquiéter de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et prévoient une baisse de la production voire, dans certains cas, une cessation temporaire d’activité du fait de la difficulté d’obtenir des intrants. La résurgence des confinements stricts en Chine n’arrange, bien-sûr, pas la situation (Shanghai est confinée depuis le 28 mars). Tout cela va alimenter l’inflation qui est déjà galopante dans plusieurs pays de la zone euro. En Espagne, l’indice des prix à la consommation a atteint 9,8% en variation annuelle en mars. C’est le niveau le plus élevé depuis 1985. C’est aussi beaucoup plus haut que ce qu’attendait le consensus des analystes (8%). En France, l’inflation est aussi inconfortablement élevée mais elle reste nettement inférieure, à 5,1%. La combinaison entre une hausse généralisée des prix qui nuit à la consommation et les difficultés persistantes au niveau des chaînes d’approvisionnement risque de fortement perturber l’activité économique au deuxième trimestre. Nous n’excluons pas que le PIB de la zone euro soit en territoire négatif sur la période avril à juin avant un rebond au troisième trimestre. On le voit, le panorama économique s’est fortement dégradé en l’espace de quelques mois. Début janvier, tout le monde s’accordait à dire que le rebond économique serait encore puissant en 2022 grâce aux avancées de la vaccination et à la moindre gravité du variant Omicron. C’était sans compter sur la politique zéro Covid en Chine et l’invasion russe de l’Ukraine.

Malgré la hausse de l’inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) ne semble pas prête à durcir plus rapidement que prévu sa politique monétaire. L’institut considère que les pressions inflationnistes n’ont pas vocation à perdurer et sont essentiellement liées à la guerre en Ukraine. C’est fortement contestable. Lors d’une intervention mercredi dernier, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a également nié qu’il y ait un risque de stagflation en zone euro (qu’on peut définir comme une baisse forte de la croissance économique accompagnée d’une inflation généralisée et galopante). De plus en plus d’économistes considèrent pourtant que c’est un scénario crédible, en particulier pour l’Allemagne au regard de la publication des dernières statistiques (indices IFO du climat des affaires et ZEW du climat économique). De notre point de vue, la BCE sera contrainte dans les mois à venir à calibrer sa politique monétaire différemment et à reconnaître que l’inflation va être un problème durable et difficile à résoudre en zone euro. Il n’est pas improbable que les politiques européens (surtout en Allemagne) se mêlent de politique monétaire s’ils jugent que la BCE tarde à réagir. A moyen terme, cela pourrait se traduire par une politique monétaire plus restrictive qui, en théorie, peut soutenir le taux de change de l’euro face aux autres monnaies (évidemment, d’autres facteurs sont aussi à prendre en considération).

Dans l’immédiat, l’EUR/USD continue d’évoluer dans un grand range compris entre 1,0816 (principale zone de support) et 1,1296 (principale zone de résistance). La paire devrait connaître une évolution latérale dans les séances à venir. Il n’y a aucune annonce attendue susceptible de changer la donne. En variation hebdomadaire, l’euro a affiché des gains importants face à au yen (1,16%) en raison de la diminution de l’appétit au risque et face à la livre sterling (1,23%). Le mouvement de hausse de l’EUR/GBP pourrait être toutefois stoppé au niveau de la résistance située à 0,8519.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,0571,08161,12961,1536
EUR/GBP 0,80380,82290,85190,8612
EUR/CHF 0,99011,00851,03401,0455
EUR/CAD 1,32031,35111,41271,4432
EUR/JPY 128,79132,27137,48139,24

+33 (0)1 48 09 09 83

Cette semaine sera calme au niveau des statistiques. La publication des PMI en zone euro éveillera peu d’intérêt étant donné qu’il s’agit d’une seconde estimation. En règle générale, il n’y a pas d’écart significatif par rapport à la première estimation. La production industrielle en Allemagne en février pourrait confirmer le risque de stagflation que nous avons évoqué pour le pays. Sinon, il n’y a aucune autre statistique vraiment notable. C’est une semaine de transition avant la semaine du 11 avril qui sera un peu plus chargée (plusieurs chiffres portant sur l’inflation aux Etats-Unis sont attendus).

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
05/0410:00PMI composite (Mars)Il s’agit de la seconde estimation. Impact marginal sur les changes.
16:00ISM non manufacturier (Mars)Bon chiffre attendu pour les Etats-Unis : 57,9 contre 56,5 en février.
07/0408:30Production industrielle (Février)Précédent à 2,7% en variation mensuelle. Le chiffre communiqué ne devrait pas prendre en compte l’effet de la guerre en Ukraine.

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