Ça s’annonce mal

Nous aurions préféré vous annoncer de bonnes nouvelles, que la croissance économique se renforce, que l’inflation reflue et que la guerre en Ukraine n’aura que des conséquences marginales sur l’économie européenne mais ce ne sera pas le cas. Les statistiques publiées la semaine dernière aux Etats-Unis et en Europe ont confirmé que la croissance a certainement ralenti depuis le début de l’année plus qu’anticipé. Deux facteurs principaux expliquent cela : la guerre menée par la Russie et les pressions inflationnistes qui sont présentes déjà depuis 2021 et ne cessent de se renforcer. La semaine dernière, nous vous annoncions que l’INSEE anticipe un rebond de l’inflation en France à 4,3% en variation annuelle en mars contre 3,6% en février. Ce fut en partie confirmé par les enquêtes de conjoncture publiées par Markit (enquête PMI des directeurs d’achat) et par l’INSEE pour la France. Dans les deux cas, les entreprises ont indiqué s’attendre à ce que les pressions inflationnistes au niveau des intrants (en particulier les matières premières) se renforcent substantiellement dans les mois à venir. Certaines entreprises peuvent répercuter ces hausses sur les consommateurs si elles ont un pouvoir de fixation des prix (pricing power, en anglais). Mais elles ne sont pas toutes dans cette situation. Beaucoup de PMEs et d’ETIs n’auront pas d’autre choix que de rogner sur leurs marges et de couper autant que possible dans les coûts. Le panorama économique qui se dessine en 2022 est beaucoup plus pessimiste que prévu. La croissance économique ralentit. L’inflation grignote le pouvoir d’achat des ménages ce qui nuit à la consommation. S’ajoute à cela le risque géopolitique (Ukraine/Russie et Chine/Taïwan) qui crée aussi beaucoup de perturbations.
Aucune zone économique n’est épargnée. La semaine dernière, l’Office for Budget Responsibility (qui fait partie du Trésor britannique et est chargé d’auditer de manière indépendante les finances publiques du Royaume-Uni) a drastiquement révisé à la baisse sa prévision de croissance du PIB pour 2022. Elle ne devrait être que de 3,8% contre une estimation initiale de 6% publiée en octobre dernier. En 2023, l’atterrissage économique du Royaume-Uni devrait être brutal aussi avec une croissance de seulement 1,8% (proche de ses niveaux d’avant la pandémie). En parallèle, l’inflation devrait atteindre une moyenne de 7,4% cette année avec un pic attendu à 8% avant l’été. Ce qui est certainement le plus déstabilisant, c’est qu’il s’agit de prévisions jugées plutôt optimistes par beaucoup d’analystes et d’économistes. Nous ne sommes pas à l’abri d’une dégradation de la situation plus importante.
Les banques centrales sont dans une situation compliquée. Pour beaucoup d’entre elles, elles vont devoir choisir entre combattre l’inflation ou soutenir la croissance. La Banque Nationale Suisse (BNS) a maintenu comme prévu son taux directeur en territoire négatif, inchangé à -0,75%, jeudi dernier. Toutefois, elle a indiqué être prête à sortir de son immobilisme afin de combattre les pressions inflationnistes qui s’accentuent dans la Confédération mais restent, comparativement, basses. La BNS table sur une inflation à 2,1% cette année. A titre de comparaison, la BCE prévoit une inflation à 5,1% sur la même période en zone euro. Il est donc probable que d’ici la fin de l’année la BNS décide d’augmenter son taux directeur, certainement faiblement. Plusieurs pays émergents ont durci leur politique monétaire au cours de la semaine passée. La banque centrale du Mexique a augmenté son taux directeur de 50 points de base, à 6,5%, entraînant une hausse du peso mexicain dans la foulée. La banque centrale d’Afrique du Sud a été moins agressive avec une augmentation de son taux directeur de seulement 25 points de base à 4,25%. Dans les deux cas, ce n’est que le début. D’autres hausses de taux vont survenir à très court terme. L’objectif est souvent double : lutter contre l’inflation et aussi soutenir la monnaie locale (avec plus ou moins de succès, selon les cas).

Sur le marché des changes, l’euro est toujours en phase de consolidation face au dollar américain. Nous n’anticipons pas de changement majeur dans les séances à venir. Il faudra juste bien surveiller les niveaux qui figurent dans le tableau ci-dessous. Les indicateurs techniques confirment que la tendance est toujours négative à moyen terme, tant que la paire n’aura pas franchi sa moyenne mobile à 200 jours située à 1,1505. C’est évidemment un objectif très lointain. L’EUR/GBP est également en phase de consolidation. Par rapport à la semaine dernière, les niveaux de support et de résistance n’ont quasiment pas changé. Il y a eu en revanche du mouvement sur l’EUR/JPY à la faveur d’une diminution de l’aversion au risque sur le marché des changes. La paire a gagné presque 1,70% en une semaine. Des prises de bénéfices pourraient survenir à court terme.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,07451,09031,11231,1232
EUR/GBP 0,82320,82890,84740,8594
EUR/CHF 0,99961,02191,03761,0505
EUR/CAD 1,33201,34461,39061,4002
EUR/JPY 130,14132,27136,87140,23

+33 (0)1 48 09 09 83

Cette semaine, la guerre en Ukraine sera encore un sujet d’attention pour les cambistes. Toutefois, cela ne devrait pas entraîner d’importantes répercussions sur les taux de change dans l’immédiat. Sur le terrain, le conflit semble s’enliser et aucune perspective de sortie par le haut (via un accord diplomatique) n’est à l’horizon. Du point de vue des statistiques, l’emploi américain en mars (enquête ADP et surtout rapport sur l’emploi du Département du Travail) sera à surveiller. La première estimation de l’inflation en zone euro en mars sera le point d’orgue de la semaine. L’indice des prix à la consommation est prévu en fort rebond, à 6,2% en variation annuelle contre 5,9% en février. Cela risque de compliquer la tâche de la Banque Centrale Européenne et de contraindre l’institution à normaliser plus rapidement sa politique monétaire.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
29/0315:00Confiance du consommateur du Conference Board (Mars)Baisse attendue à 106,6 contre 110,5 le mois précédent.
30/0313:15Créations d’emplois non agricoles ADP (Mars)Le consensus anticipe une baisse à 388k contre 475k en février dernier.
31/0313:30PCE core – mesure privilégiée de l’inflation par la Fed (Février)Le consensus est à 5,1% en variation annuelle contre 5,2% en janvier.
01/0413:30Rapport sur l’emploi américain (Mars)Le taux de chômage est attendu de nouveau en baisse, à 3,7%. Les créations d’emplois devraient ralentir à 400k contre 678k en février.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.