Le chiffre encourageant de l’inflation en zone euro au mois de mars réactive la possibilité d’une baisse des taux par la BCE dès cette semaine. Mais nous ne croyons pas à ce scénario. Comme à son habitude, l’institution devrait faire preuve de patience et atteindre d’avoir le chiffre de l’inflation en avril avant d’agir. Autrement dit, nous tablons toujours sur une première baisse des taux en juin.
Enfin des bonnes nouvelles ! Les statistiques d’activité PMI pour les Etats-Unis et la Chine indiquent un renversement de situation sur le front économique. C’est également le cas des données portant sur le commerce international de marchandises. Le pire est derrière nous, une timide reprise se dessine. Elle devrait être stimulée à partir de l’été par l’amorce d’un cycle de baisse de taux dans les grandes économies développées (Etats-Unis, zone euro, Suisse, Canada et potentiellement Royaume-Uni).
Dans le détail, les statistiques de la semaine dernière sont bonnes. L’inflation continue de refluer en zone euro. L’indice des prix à la consommation harmonisé hors éléments volatils a chuté pour la première fois en deux ans sous le seuil symbolique de 3%, à 2,95% en mars sur un an. C’est en-dessous de la prévision des économistes de la Banque Centrale Européenne (BCE). C’est donc très encourageant. Dans la plupart des pays membres de l’Union, le processus de désinflation se poursuit à un rythme soutenu. Sur la période considérée, l’inflation est ressortie à 2,5% en France, 2,3% en Allemagne et même 1,3% en Italie. Cela réactive le scénario d’une possible baisse des taux par la BCE dès cette semaine. Nous n’y croyons toutefois pas. Christine Lagarde a été limpide sur le fait qu’il faut patienter et qu’une décision sera prise en juin. Nous ne voyons pas en quoi la BCE aurait intérêt à se précipiter désormais. Attention aux comparaisons qu’on peut constater entre l’inflation en zone euro et aux Etats-Unis. Les chiffres sont trompeurs. Des deux côtés de l’Atlantique, la méthodologie pour mesurer l’inflation est différente. Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la consommation intègre notamment le prix des loyers – ce qui reflète certainement mieux la dynamique des prix. Ainsi, si on omet cette donnée précieuse, l’inflation américaine serait bien inférieure à ce qu’elle est réellement et au niveau de la zone euro, probablement autour de 1,9%. La méthodologie…c’est important ! Cela permet de savoir de quoi on parle.
Aux Etats-Unis d’ailleurs, la situation sur le marché de l’emploi n’a rien à voir avec un scénario de fort ralentissement économique. Au contraire. Les derniers chiffres de l’emploi montrent qu’après des mois de décélération, la progression des salaires est restée stable en mars (5,1% sur un an) pour les gens en poste et pour ceux qui changent de job, il y a même une réaccélération depuis deux mois (progression de 10% en mars sur un an). Avec de telles pressions à la hausse sur les salaires, il est évident que la Réserve Fédérale (Fed) n’est pas pressée de baisser les taux. Il y a toujours des craintes que l’inflation rebondisse.
En Chine, l’évolution de la politique monétaire est difficile à cerner. Pendant des mois, la banque centrale (PBoC) a semblé s’accommoder d’une dépréciation mesurée du yuan. Logique. Cela permet, en théorie, de relancer les exportations qui sont le moteur traditionnel de l’économie chinoise. Mais on a constaté depuis environ deux semaines que la PBoC demande aux banques locales d’acheter des yuans afin de limiter la dépréciation. Ce n’est certainement pas un changement de politique de taux de change. Mais il est probable que la PBoC n’ait pas apprécié l’ampleur de la dépréciation du yuan depuis le début d’année qui est certainement jugée trop rapide.
Enfin, dans les pays émergents, le processus de baisse des taux, souvent entamé depuis l’an dernier, continue. La semaine dernière, le Chili a baissé son taux directeur pour la sixième fois consécutive, de 75 points de base, à 6,50%. A l’inverse des pays développés où il y a parfois un débat sur la politique monétaire à mener face à d’éventuelles tensions inflationnistes qui pourraient persister, ce débat n’existe pas dans les pays émergents. Admirablement, la plupart d’entre eux a réussi à faire refluer rapidement l’inflation. C’est ce qui explique aussi pourquoi les pays émergents (hors Chine) devraient afficher une croissance galopante cette année autour de 3,8% selon le consensus Bloomberg alors que les économies développées, à l’exception notable de l’économie américaine, font face à une croissance anémique.
Le point technique
Vous vous souvenez certainement que beaucoup d’analystes en début d’année annonçaient une chute durable du dollar américain. Pour l’instant, ça ne s’est pas matérialisé sur le marché des changes. Le dollar est irrésistiblement fort. Le dollar index est même en hausse de 4% depuis le début de l’année, avec une progression notable face aux devises du G10 (les dix premières économies mondiales). Comment expliquer cela ? Essentiellement le différentiel de taux. Le rendement du loyer de l’argent offert par la Fed contribue à attirer les capitaux étrangers, ce qui soutient structurellement le dollar. Oui, mais la Fed va probablement baisser ses taux en juin. Que va-t-il se passer ? Nous pensons que le dollar va rester fort et que la perspective de l’élection présidentielle du 5 novembre et du retour d’une politique ultra-protectionniste vont servir de nouveau catalyseur à la hausse – le dollar étant, n’oublions pas, une valeur refuge en période d’incertitude.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0611 | 1,0644 | 1,0999 | 1,1045 |
EUR/GBP | 0,8350 | 0,8401 | 0,8644 | 0,8702 |
EUR/CHF | 0,9433 | 0,9599 | 0,9899 | 0,9945 |
EUR/CAD | 1,4323 | 1,4490 | 1,4801 | 1,4900 |
EUR/JPY | 160,45 | 162,11 | 165,67 | 166,12 |
Les annonces à suivre
Nous doutons fortement que les banques centrales du Canada et de la zone euro agissent cette semaine. Elles devraient faire preuve de patience et entamer le pivot seulement au mois de juin. D’une certaine manière, nous assistons à une forme de coordination de politique monétaire entre les banques centrales.
Il sera également intéressant de savoir si l’inflation américain a reflué en mars. Elle avait légèrement augmenté en février, essentiellement du fait de l’effet de base. L’absence de baisse significative compliquerait évidemment la tâche de la Fed alors qu’on constate, en parallèle, une reprise des hausses de salaire.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 10/04/2024 | 14:30 | USA | Indice des prix à la consommation (Mars) | Précédent à 3,2% en variation annuelle. |
Le 10/04/2024 | 15:45 | CAN | Réunion de la banque centrale | Maintien du taux directeur à 5%. |
Le 11/04/2024 | 14:15 | EUR | Réunion de la banque centrale | Maintien des taux directeurs inchangés. Taux de dépôt à 4%. |
Le 11/04/2024 | 14:30 | USA | Prix à la production (Mars) | Précédent à 0,6% en variation mensuelle. |
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