Il y a deux camps. Il y a ceux qui continuent de durcir la politique monétaire à un rythme soutenu car ils considèrent qu’il faut faire davantage pour que l’inflation reflue et renoue progressivement avec la zone des 2-4% (un niveau crédible à moyen terme). On retrouve dans ce camp la Réserve Fédérale américaine (Fed) et la Banque d’Angleterre (BoE). La semaine passée, les deux banques centrales ont augmenté leur taux directeur de 75 points de base chacune (en ligne avec les attentes des analystes). Elles ont laissé entendre que l’ampleur des prochaines hausses de taux dépendra des dernières statistiques qui tomberont. Dans le cas de la Fed, cela implique de surveiller le prochain rapport sur l’emploi qui sera publié début décembre et les deux rapports à venir sur l’inflation (qui seront communiqués avant la prochaine réunion de la Fed fixée au 14 décembre). Pour l’instant, le marché américain de l’emploi est résilient même s’il montre des signes de ralentissement (ce qui est assez normal, étant donné les conditions). Les revendications hebdomadaires au chômage ont légèrement augmenté ces dernières semaines. Elles restent toutefois 10% inférieures à leur niveau du mois de juillet. Cela montre que l’économie américaine est certainement suffisamment solide à court terme pour affronter de nouvelles hausses de taux (d’ampleur comprise entre 50 et 75 points de base).
Il y a également le camp de ceux qui sont plus inquiets désormais par le ralentissement économique (voire la récession) que par l’inflation. La banque centrale de Norvège et la banque centrale australienne en font partie. Elles ont toutes les deux ralenti le rythme d’appréciation de la politique monétaire en augmentant leur taux directeur respectif de seulement 25 points de base la semaine dernière. Dans les deux cas, le risque de récession a été mentionné ainsi que le risque d’éclatement de la bulle immobilière (ce risque est plus aigu en Australie qu’en Norvège selon nous). Nous ne sommes pas encore dans une situation de découplage de la politique monétaire au niveau mondial (qui pourrait raviver les stratégies de carry trade sur les devises et induire un bond de la volatilité sur les principales paires). Mais il est évident que beaucoup de banquiers centraux s’interrogent sur les risques économiques et financiers que fait courir le cycle actuel de hausse du loyer de l’argent. Il n’y a certainement pas de bonne solution. Étant donné l’inflation stratosphérique dans la plupart des pays, seules des conditions monétaires beaucoup plus restrictives sont en mesure de faire diminuer la pression qui résulte de la période de la Covid (déséquilibre de la demande et de l’offre, commerce international chamboulé, marché du travail sous tension etc.). Mais dans bien des cas, cela implique d’accepter un fort ralentissement économique voire une récession. Peu importe ce qui surviendra dans les mois à venir, il y aura de la casse.
Dans le cas de la zone euro, la stratégie de lutte contre l’inflation reste la priorité. Cela a été bien rappelé par la présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE) Christine Lagarde il y a quelques jours de cela. Martins Kazaks, membre du Conseil des gouverneurs (plutôt classé comme un faucon, c’est-à-dire comme étant en faveur d’un durcissement sensible de la politique monétaire) est même allé plus loin lors d’une intervention jeudi dernier. Il a indiqué que la récession est désormais le scénario macroéconomique central pour la zone euro. Nous n’en doutions pas. Mais c’est la première fois qu’un membre de la BCE le reconnaît publiquement. Même si la crise énergétique est moins intense que prévu cet hiver, nous n’échapperons manifestement pas à une longue contraction du PIB (ce sera plus difficile pour certains pays de la zone euro que pour d’autres évidemment). En France, il est probable que le bouclier tarifaire (qui devrait être maintenu jusqu’en 2027 selon le projet de budget actuellement en débat au Parlement !) combiné à la garantie électricité à destination des entreprises vont permettre d’éviter une trop forte baisse du pouvoir d’achat et des faillites d’entreprises en forte progression. En revanche, la situation est plus complexe en Allemagne puisque le pays est historiquement très dépendant pour ses approvisionnements énergétiques de la Russie. En outre, il a décidé de sortir (certainement à tort) du nucléaire. Sur le plan macroéconomique, il vaut mieux s’attendre au pire dans les mois à venir. Nous aurons peut-être une bonne surprise, après tout.
Sur le marché des changes, il n’y a pas de modification notable de tendance. Nous sommes toujours confrontés à un marché en mode aversion au risque (ce qui avantage le dollar américain). L’EUR/USD a repris le chemin de la baisse ces dernières séances. Le prochain seuil à surveiller est la zone de support des 0,9580 qui pourrait être atteinte à court terme. Il est probable que l’euro tente de nouveau un rebond dans les semaines à venir. Mais comme nous l’avons vu à maintes reprises depuis l’été, cela sera éphémère. La paire EUR/GBP a peu évolué. Nous restons dans les mêmes bornes que la semaine dernière (à quelques pips près). Enfin, l’euro a perdu du terrain face au yen japonais en variation hebdomadaire (-1,50%). Cela reflète plus les inquiétudes des cambistes quant à la trajectoire économique en zone euro qu’un retour de la confiance au niveau du yen. Nous continuons de penser que les interventions répétées de la Banque du Japon (BoJ) pour soutenir la monnaie de l’archipel sont vouées à l’échec à moyen terme. En octobre, la BoJ a dépense un montant record de 42 milliards d’euros pour défendre sa monnaie. C’est juste inédit.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 0,9334 | 0,9580 | 0,9922 | 1,0078 |
EUR/GBP | 0,8335 | 0,8506 | 0,8848 | 0,9018 |
EUR/CHF | 0,9520 | 0,9657 | 0,9932 | 1,0103 |
EUR/CAD | 1,2929 | 1,3172 | 1,3658 | 1,3901 |
EUR/JPY | 141,61 | 142,92 | 146,64 | 149,05 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Sur le marché des changes, il n’y a pas de modification notable de tendance. Nous sommes toujours confrontés à un marché en mode aversion au risque (ce qui avantage le dollar américain). L’EUR/USD a repris le chemin de la baisse ces dernières séances. Le prochain seuil à surveiller est la zone de support des 0,9580 qui pourrait être atteinte à court terme. Il est probable que l’euro tente de nouveau un rebond dans les semaines à venir. Mais comme nous l’avons vu à maintes reprises depuis l’été, cela sera éphémère. La paire EUR/GBP a peu évolué. Nous restons dans les mêmes bornes que la semaine dernière (à quelques pips près). Enfin, l’euro a perdu du terrain face au yen japonais en variation hebdomadaire (-1,50%). Cela reflète plus les inquiétudes des cambistes quant à la trajectoire économique en zone euro qu’un retour de la confiance au niveau du yen. Nous continuons de penser que les interventions répétées de la Banque du Japon (BoJ) pour soutenir la monnaie de l’archipel sont vouées à l’échec à moyen terme. En octobre, la BoJ a dépense un montant record de 42 milliards d’euros pour défendre sa monnaie. C’est juste inédit.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
---|---|---|---|---|
10/11 | 14:30 | Indice des prix à la consommation (Octobre) | Légère décrue attendue en variation annuelle à 8,1% contre 8,2% en septembre | |
11/11 | 08:00 | Publication du PIB au troisième trimestre | Sans surprise, contraction du PIB (-0,2% par rapport au trimestre précédent) | |
08:00 | Production manufacturière (Septembre) | Repli de 1,6% en août. La tendance négative devrait perdurer. | ||
08:00 | Indice des prix à la consommation (Octobre) | Consensus des analystes à 10,0% en variation annuelle contre 10,4% en septembre |
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