Du bon et du mauvais

Nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle. Par laquelle souhaitez-vous commencer ? Par la bonne nouvelle. Finalement, le pic d’inflation a peut-être été atteint. C’est un ouf de soulagement. Aux Etats-Unis, l’indice PCE core (qui est la mesure préférée de l’inflation de la Réserve Fédérale américaine) a chuté de 60 points de base depuis son point haut atteint à 5,3 % en février. Il s’agit du troisième indicateur en l’espace d’un peu moins d’une semaine qui semble indiquer un repli de l’inflation (les attentes d’inflation mesurées par l’Université du Michigan aux Etats-Unis ont été révisées à la baisse et l’indice des prix à la consommation en Allemagne en juin est finalement ressorti inférieur aux attentes, à 7,6% contre un consensus à 8,0%). Bien évidemment, il faudra certainement plusieurs trimestres (voir plus) pour que l’inflation renoue avec des niveaux plus soutenables, autour de 3-4%. Un retour proche des 2% (qui prévalait avant la pandémie) est un horizon très lointain, selon nous. Mais ces premiers signaux sont encourageants à la fois pour les entreprises et pour les consommateurs qui ont de plus en plus de mal à gérer leurs dépenses et leurs investisseurs dans cette situation inédite (pour les plus jeunes d’entre nous, il faut parfois remonter à nos grands-parents pour expérimenter de tels niveaux de hausse des prix). Cela ne devrait toutefois pas avoir de conséquences sur la politique monétaire à court terme. Toutes les principales banques centrales mondiales (à l’exception des banques centrales de Chine et du Japon) vont continuer de durcir agressivement leur politique monétaire pour faire refluer davantage les pressions inflationnistes. En zone euro, la présidente de la Banque Centrale Européenne, Christine Lagarde, a indiqué souhaiter une hausse du taux directeur de 25 points de base en juillet. Mais elle fait face à une fronde interne. Les faucons (ceux qui souhaitent une hausse des taux plus rapide, similaire au processus entamé aux Etats-Unis) ont publiquement milité pour une augmentation de 50 points de base (ce fut notamment le cas de Martins Kazaks, président de la banque centrale de Lettonie).
Nous avons également une mauvaise nouvelle à partager avec vous. Après l’inflation qui a créé beaucoup de remous sur les marchés financiers, la récession est désormais la nouvelle peur. Le risque de récession est faible en zone euro. C’est plutôt la croissance molle (assez similaire à ce qui prévalait avant la Covid) qui devrait être la norme. En revanche, les signaux sont négatifs du côté américain et beaucoup d’analystes anticipent une récession aux Etats-Unis en 2023. Sans surprise, le dollar américain (USD) est le grand gagnant dans ce contexte-là. La semaine passée, l’euro et la livre sterling ont tous les deux atteint un point bas de deux semaines face à l’USD. Nous assistons à un phénomène bien connu sur le marché des devises : la fuite vers la qualité. Lorsque les investisseurs craignent un scénario noir sur le front économique, ils recyclent leurs capitaux sur le marché américain qui fait office de valeur refuge. Cela a pour conséquence directe de soutenir le taux de change du billet vert. Ce qui est paradoxal, c’est que le repli sur le marché américain intervient même lorsque c’est l’économie américaine qui est en difficulté. Plusieurs facteurs renforcent le risque de récession outre-Atlantique : l’affaiblissement du marché immobilier (les chiffres du mois de mai sont très mauvais), la forte baisse de la valorisation dans le coté et dans le non coté, l’inflation qui se répand dans tous les secteurs de l’économie et la chute de l’activité dans le secteur des services telle que mesurée par l’indicateur PMI. Nous doutons toutefois qu’une récession survienne aux Etats-Unis cette année. L’économie américaine part d’une situation très favorable : plein-emploi, niveau élevé de la croissance du PIB (contrairement à la zone euro) et des statistiques en temps réel qui confirment que la croissance va ralentir mais que le risque de récession est faible à ce stade (l’indicateur GDPNow de la Réserve Fédérale d’Atlanta qui, comme son nom l’indique, estime l’évolution de l’activité économique en fonction des indicateurs qui sont publiés est à 0,3% au deuxième trimestre par rapport au premier). Nous nous attendons à un ralentissement économique très net aux Etats-Unis au début de l’année 2023 (ce qui remettrait en cause peut-être la politique de hausse des taux de la Réserve Fédérale américaine). Mais nous continuons de penser que le risque d’une récession est faible, à ce stade. Les traders, les investisseurs et les analystes aiment jouer à se faire peur.

Sur le marché des changes, l’euro continue de suivre une trajectoire baissière face au dollar américain. En variation hebdomadaire, la paire affiche un repli de 1,47%. A court terme, la ligne de tendance proche des 1,0640 continue d’exercer une pression baissière sur la paire. Les prochains niveaux techniques à prendre en compte sont situés à 1,0382 (point bas du 30 juin), 1,0358 (point bas du 15 juin) et 1,0348 (point bas du 13 mai). A long terme, tant que la paire EUR/USD n’aura pas franchi le cap des 1,1106 (qui correspond à la moyenne mobile à 200 jours), on voit mal comment la tendance baissière pourrait s’inverser. Ajoutons à cela que les fondamentaux sont plutôt en faveur d’une poursuite de la baisse de la monnaie unique (aversion au risque).

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,03581,03821,0641,0811
EUR/GBP 0,83690,84900,87460,8890
EUR/CHF 0,96000,98231,01291,0250
EUR/CAD 1,32291,33381,36011,3740
EUR/JPY 138,24149,13143,62146,18

+33 (0)1 48 09 09 83

L’emploi américain sera le principal point d’attention cette semaine sur le marché des changes. En raison de la fête nationale américaine le 4 juillet, l’enquête ADP sur l’emploi privé sera publiée exceptionnellement jeudi et non mercredi. En outre, ADP a prévu de ne pas publier d’enquête portant sur le mois de juillet (avec publication normalement au mois d’août) afin de modifier sa méthodologie. Vous l’aurez compris, il ne faudra certainement pas prêter trop attention au chiffre communiqué ce jeudi. En revanche, les cambistes surveilleront de près le rapport officiel du Département du Travail vendredi. Au cours du mois de juin (qui correspond à la période couverte), plusieurs grandes entreprises américaines ont annoncé d’importants licenciements. Pour autant, cela ne devrait pas, à ce stade, remettre en cause la dynamique globale. Le taux de chômage est prévu stable à 3,6% (ce qui correspond au plein-emploi). Les créations d’emplois devraient également être bien orientées (250 000 selon le consensus). Sauf écart important avec les estimations du consensus, le rapport ne devrait pas provoquer de regain de volatilité sur les devises.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
05/0710:30Indicateurs PMI (Juin)Deuxième estimation donc impact marginal sur les taux de change.
06/0716:00Rapport JOLTS sur les nouvelles offres d’emplois (Mai)Stable à 11,400M.
07/0714:15Création d’emplois non agricoles ADP (Juin) Le consensus des analystes prévoit 300 000 créations d’emplois en juin contre 128 000 en mai.
08/0714:30Rapport sur l’emploi américain du Département du Travail (Juin)La dynamique est toujours positive : taux de chômage stable attendu stable à 3,6% et créations d’emplois à 250 000 (contre 390 000 en mai).

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