Du bon et du mauvais

Le point macro

Il est toujours aussi difficile d’y voir clair concernant la direction de l’inflation. La semaine qui s’est écoulée a été dominée par les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis. Commençons par la bonne surprise. L’indice des prix à la production est ressorti inférieur au consensus, à 0,5% sur un mois en septembre contre 0,6% attendu. Le marché des changes a salué cette annonce par un regain d’appétit au risque qui a bénéficié temporairement à l’euro, par exemple. La mauvaise surprise, c’est la progression très forte de l’indice des prix à la consommation sur la même période. La hausse atteint 5,4% sur un an, contre 5,3% attendu par le consensus. En excluant les composants les plus volatils, l’inflation est toujours inconfortablement élevée à 4,0% sur un an. L’effet de base explique en partie la hausse des prix. Mais des facteurs structurels sont aussi à prendre en compte. La progression des prix de l’immobilier est de plus en plus perçue par les analystes comme un facteur de risque important pour l’économie américaine.

Le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale américaine a été instructif. Il a confirmé que la banque centrale se tient prête à amorcer un virage de politique monétaire vers « mi-novembre ou mi-décembre » qui va se traduire par une diminution des rachats d’actifs (aussi appelé tapering en anglais). C’était attendu. En outre, plusieurs membres du FOMC, l’organe de décision de la banque centrale, semblent s’éloigner de la thèse de l’inflation « transitoire » mise en avant officiellement. Ils s’interrogent voire s’inquiètent d’un risque de dérapage durable de l’inflation aux Etats-Unis. Ce n’était pas prévu. Cela a renforcé les attentes des opérateurs du marché des changes concernant une première hausse des taux d’intérêt. Désormais, le scénario central repose sur une hausse des taux en décembre 2022. Si l’inflation reste durablement élevée, ce qui est un risque réel, le calendrier pourrait s’accélérer. A moyen terme, le dollar américain devrait être le principal gagnant de la politique de resserrement monétaire qui va s’amorcer dans les semaines à venir outre-Atlantique.

La semaine dernière, nous évoquions les stratégies de carry trade qui consistent à profiter des différentiels de taux d’intérêt. Elles vont revenir à la mode. C’est certain. Les pays émergents sont engagés dans un processus parfois agressif de hausse des taux d’intérêt. Au Chili, la banque centrale a augmenté en une seule fois son principal taux directeur de 125 points de base (!), le faisant passer de 1,50% à 2,75%, pour lutter contre les pressions inflationnistes. La monnaie nationale, le peso chilien, a immédiatement augmenté dans la foulée. Il faut s’attendre à un regain très important de la volatilité sur les monnaies émergentes, à court et à moyen terme. Les monnaies des pays développés ne seront pas épargnées par le retour de la volatilité non plus.

Le point technique

Sur le marché des changes, l’EUR/USD a effectué un rebond technique (hausse de 0,30% sur les cinq dernières séances). Mais la tendance de fond est toujours baissière. C’est validé à la fois par les fondamentaux et par l’analyse technique. A court terme, la zone psychologique des 1,15 sera à surveiller. A plus long terme, les cambistes évoquent déjà la possibilité que l’euro plonge vers les 1,13 dans les mois à venir. La probabilité renforcée d’une hausse des taux par la Réserve Fédérale américaine serait le principal moteur de progression du dollar et par ricochet de baisse de la monnaie unique européenne. Le terrain de jeu pour la paire est connu.

L’EUR/CAD, que nous avons peu évoqué ces dernières semaines, est en chute libre. En variation mensuelle, la baisse atteint presque 4%. Le mouvement devrait continuer dans l’immédiat. Le dollar canadien est porté par la progression impressionnante des prix de l’énergie. En un mois, le pétrole WTI (pour l’Amérique du Nord) a connu un bond de près de 12,5%. Les experts sont unanimes. La hausse des prix de l’énergie ne va pas s’arrêter de sitôt.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,14701,15001,16921,1803
EUR/GBP 0,83130,84170,86180,8646
EUR/CHF 1,05451,06001,08001,0846
EUR/CAD 1,39621,42001,46081,4781
EUR/JPY 127,77128,82133,01133,55

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Les annonces à suivre

Cette semaine ne devrait pas réserver d’importantes surprises. Les chiffres de l’inflation au Royaume-Uni, en zone euro et au Canada vont être scrutés d’aussi près que les chiffres américains de la semaine passée. L’inflation au Royaume-Uni est attendue en repli en septembre à 2,9% sur un an contre 3,2% en août. Si c’est confirmé, cela pourrait réduire les attentes de hausse des taux directeurs outre-Manche. Enfin, la première estimation de l’évolution des PMIs en zone euro et aux Etats-Unis pour le mois d’octobre sera publiée dans les jours à venir. Le pic de croissance est derrière nous. L’enjeu est de savoir quel est le rythme de décélération de l’activité dans les services, et surtout dans le secteur manufacturier. Ce dernier est toujours pénalisé par les problèmes d’approvisionnement et par la hausse fulgurante des prix de l’énergie – deux facteurs a priori conjoncturels.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
18/1015:15Production industrielle (Septembre)Hausse de seulement 0,2% contre 0,4% précédemment.
20/1008:00IPC (Septembre)Progression de 2,9% sur un an contre 3,2% en août.
10:00IPC (Septembre)Hausse à 3,4% sur un an (un niveau très élevé qui risque d’accentuer les tensions au sein de la BCE).
14:30IPC (Septembre)Hausse de 0,1% sur un mois contre 0,2% précédemment.
21/1014:30Indice manufacturier de la Fed de Philadelphie (Octobre)Baisse à 26,00 – probablement du fait des problèmes d’approvisionnement et de la hausse des coûts.
22/1016:00Indice PMI composite Markit (Octobre)Le consensus table sur une hausse à 58,5 contre 56,2 précédemment. A confirmer.
15:45Indice PMI composite Markit (Octobre)Le secteur manufacturier devrait être encore pénalisé par les hausses de prix.

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