Grand écart

Le point macro

Ce sont deux panoramas économiques diamétralement opposés qui se présentent à nous. D’un côté, les Etats-Unis et le Royaume-Uni poursuivent leur processus de réouverture de l’économie grâce à une campagne de vaccination réussie et rapide. Au rythme actuel, le Royaume-Uni devrait avoir vacciné 75% de sa population en juin prochain. Ce niveau sera atteint par les Etats-Unis en juillet. En outre, le marché de l’emploi poursuit son fort rétablissement dans les deux pays. De l’autre côté, l’Europe continentale se referme encore un peu plus, avec de nouvelles mesures de restrictions qui ont été prises dans plusieurs pays européens au cours des derniers jours (Italie, Espagne, France, Pologne etc…). Le confinement à l’œuvre en Europe risque de fortement entamer la confiance des consommateurs et des entreprises. D’où la nécessité de ne pas prêter trop attention aux différentes enquêtes d’opinion publiées récemment et dont les données ont été collectées avant l’annonce des confinements (ex : la confiance du consommateur en zone euro publiée en forte hausse la semaine dernière). Selon toute vraisemblance, la propagation rapide du variant anglais (qui représente désormais environ 80% des cas) va contraindre à ce que les mesures actuelles perdurent au moins jusqu’à fin avril. Si elles s’étalent sur le mois de mai, il faudra alors certainement revoir à la baisse les prévisions de croissance pour les pays concernés (on estime qu’un mois de confinement induit une baisse de 0,3% du PIB sur un an). La réouverture de l’économie devrait par la suite être beaucoup plus graduelle qu’après le deuxième confinement afin d’éviter une nouvelle hausse des infections à seulement quelques semaines du début de la cruciale saison estivale. Beaucoup de pays européens ne peuvent pas se permettre une nouvelle saison estivale gâchée (on pensera particulièrement à l’Espagne où le tourisme représente près de 12% du PIB du pays). Heureusement, le lancement attendu en juin prochain d’un « passeport numérique » de l’UE prouvant l’immunité de son détenteur devrait permettre un redémarrage des voyages intra-européens et sauver l’été 2021.

Néanmoins, il est évident que le décalage de croissance prévisible au deuxième trimestre entre la zone euro et les Etats-Unis (mais également entre la zone euro et le Royaume-Uni) va conduire à un arbitrage de la part des opérateurs de marché. Beaucoup vont placer leurs avoirs là où il y a du rendement, donc plutôt du côté des Etats-Unis. Cette tendance structurelle va fortement soutenir la progression du taux de change du dollar américain dans les semaines à venir.

Le point technique

Nous sommes toujours dans un environnement de marché favorable au dollar américain. Le billet vert a continué de progresser face à un panier de devises (euro, dollar néo-zélandais, dollar australien, livre sterling etc…) sur fond de faible volatilité. La monnaie américaine s’apprécie car les participants du marché s’attendent à une forte croissance des Etats-Unis, mais également à ce que les taux d’intérêt soient remontés plus tôt que prévu par la banque centrale américaine (cette dernière hypothèse est toutefois loin d’être certaine). Les signaux techniques sont toujours baissiers pour l’EUR/USD à moyen terme. Ce n’est pas sans rappeler ce qui s’est produit sur la paire au printemps 2018. Dans ces circonstances, nous maintenons notre objectif de cours à 1,16.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,14641,16001,20191,2204
EUR/GBP 0,83560,84000,86880,8798
EUR/CHF 1,08851,09501,11471,1234
EUR/CAD 1,45001,45241,49371,5042
EUR/JPY 125,86127,53131,10132,54

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Les annonces à suivre

Cette semaine sera plus chargée que la précédente pour le marché des changes. Du 5 au 11 avril se tiennent les réunions de printemps du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale. Ce rendez-vous annuel, en visioconférence cette année du fait de la pandémie, est l’occasion pour les banquiers centraux et grands décideurs économiques d’échanger sur l’avenir du monde. En règle générale, l’intérêt est faible. On prêtera toutefois attention à la publication des dernières prévisions économiques (le 6 avril) et on surveillera aussi l’intervention du président de la Fed, J. Powell (le 8 avril).

Au niveau des statistiques, les dernières estimations concernant l’activité dans les services et le secteur manufacturier en mars pour les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la zone euro seront publiées tout au long de la semaine. La dichotomie observée entre le secteur manufacturier (qui bénéficie de la relance chinoise) et le secteur des services (encore pénalisé par les restrictions) devrait être confirmée. A noter également la publication des prix à la production aux Etats-Unis en fin de semaine – mais avec une importance plus faible pour le marché.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
05/0416:00Indice ISM non manufacturier (Mars)Nouvelle hausse attendue à 57,8 contre 55,3 le mois précédent.
07/0410:30PMI composite et PMI services (Mars)Toujours largement en territoire d’expansion.
08/0410:30PMI construction (Mars)Léger recul attendu à 51,0 contre 53,3 précédemment.
09/0414:30Prix à la production (Mars)Attendu stable à 0,5% en évolution mensuelle.

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