La BCE laisse perplexe

Le point macro

Le moins qu’on puisse dire c’est que les politiques tardent à réagir alors que tous les indicateurs économiques, comme la semaine dernière la production industrielle en France, indiquent que l’activité économique stagne de nouveau dans les pays développés du fait de la mise en œuvre de nouvelles mesures de distanciation sociale. Aux Etats-Unis, les négociations sur le nouveau plan de relance piétinent. Au Royaume-Uni, les tergiversations du Premier ministre Boris Johnson à propos du Brexit fragilisent la livre sterling. Enfin, en France, on se rend compte que près de la moitié du plan de relance de 100 milliards d’euros correspond à des dépenses déjà prévues. Une nouvelle fois, ce sont donc les banques centrales qui ont pris le relais la semaine passée, la Banque du Canada et la Banque Centrale Européenne notamment.

La Banque du Canada a, sans surprise, maintenu son taux directeur inchangé. Deux sources de risque ont été mentionnées : le ralentissement marqué du marché immobilier et la force du dollar canadien (surtout face au dollar américain) qui pourrait nuire à la reprise économique. Même si la banque centrale n’a pas donné d’indications concernant la suite à donner au programme de rachats d’actifs engagés depuis le printemps, tous les analystes s’attendent à ce qu’il soit augmenté dans les mois à venir du fait de la fragilité de la reprise économique mondiale qui se dessine.

De son côté, la Banque Centrale Européenne a fait le service minimum lors de la sa réunion et de sa conférence de presse de jeudi dernier. Les attentes des cambistes étaient élevées, notamment suite au chiffre désastreux de l’inflation en août (inflation sous-jacente à un point bas de 0,4%) et du fait du renforcement récent de l’euro face au dollar américain (+4,8% en trois mois). Les attentes ont été déçues. Christine Lagarde a semblé confiante sur la trajectoire de l’inflation et a à peine mentionner le taux de change comme risque baissier pour la reprise. Finalement, cette réunion a laissé le marché perplexe, ce qui explique certainement pourquoi le taux de change de l’EURUSD se situe à proximité de ses niveaux de lundi dernier (autour de la zone des 1,18-1,19). Une augmentation du programme de rachats d’actifs d’urgence face à la pandémie, que nous évoquions dans notre dernier billet publié avant la réunion, est toujours d’actualité pour le mois de décembre de notre point de vue. La combinaison entre une inflation durablement basse et des risques baissiers importants sur la croissance obligent la BCE à soutenir davantage la reprise économique en zone euro.

Le point technique

L’EURUSD devrait continuer de suivre une évolution latérale dans la zone des 1,18-1,19 en l’absence de market movers (annonce susceptible de provoquer une forte fluctuation des cours). Etant donné que les banques centrales des deux côté de l’Atlantique sont en mode pilotage automatique, on ne voit pas à court terme ce qui pourrait provoquer une sortie du range.

Il faudra en revanche faire particulièrement attention à la paire EURGBP en lien avec les derniers remous du Brexit et alors que nous nous approchons de la date limite du 15 octobre fixée par Londres pour parvenir à un accord avec l’UE. La COVID a éclipsé ces derniers mois le Brexit mais puisque nous entrons dans la zone à risque, le sujet devrait devenir une préoccupation majeure à la fois des entreprises exposées au marché britannique et des cambistes. Les dernières tergiversations de Londres ont abouti à une nette décrue de la monnaie britannique face à l’euro (-3,3% en variation hebdomadaire). Après avoir récemment franchi la résistance située à 0.9135, nous nous attendons à ce que la paire EURGBP poursuive son appréciation en direction des 0,9285 et 0,9387.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,16461,17001,19731,2107
EUR/GBP 0,88140,88640,92850,9387
EUR/CHF 1,05501,06811,08791,0944
EUR/CAD 1,52951,53801,57331,5952
EUR/JPY 124,25125,01126,80127,84

Pour des conseils personnalisés sur les tendances et couvertures de change, contactez notre salle de marché :

+33 (0)1 48 09 09 83

Les annonces à suivre

Cette semaine sera une nouvelle fois consacrée aux banques centrales qui poursuivent leur rentrée. Tout porte à croire que la Banque d’Angleterre va maintenir son statu quo de politique monétaire afin de conserver des munitions pour intervenir en cas de no deal. Si ce scénario venait à se réaliser, une nouvelle augmentation du programme de rachats d’actifs dès début 2021 est assuré, ce qui pourrait au moins limiter les conséquences financières immédiates d’un hard Brexit.

Le point d’intérêt concernant la réunion de la Réserve Fédérale américaine portera surtout sur la mise à jour des projections économiques. Après la publication de nombreuses statistiques indiquant que la reprise ralentit, il sera intéressant de connaître les attentes de la banque centrale américaine pour les prochains mois. Notons qu’à l’inverse de la situation en zone euro, aux Etats-Unis le risque inflationniste est bien présent et doit être pris en compte par la Fed dans sa gestion du QE et des taux directeurs.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
15/0911:00Indice ZEW du sentiment économique (Septembre)Reflux attendu à 58,0 vs 71,5 précédemment.
16/0920:00Décision de politique monétaire et mise à jour des projections économiquesLe focus se portera sur la trajectoire de reprise économique attendue par la banque centrale américaine.
20:30Conférence de presse de J. PowellTon accommodant et grande prudence concernant l’évolution économique du fait du coronavirus.
17/0913:00Décision de politique monétaire de la Banque d’AngleterreStatu quo avec taux directeur principal maintenu à 0,10%.

Les informations présentées sur cette publication, vous sont communiquées à titre purement informatif et ne constituent ni un conseil d’investissement, ni une offre de vente, ni une sollicitation d’achat, et ne doivent en aucun cas servir de base ou être pris en compte comme une incitation à s’engager dans un quelconque investissement.