L’euro fort inquiète la BCE

Le point macro

Du point de vue des fondamentaux économiques, la donne n’a pas drastiquement changé depuis fin juillet. La sortie de récession se précise un peu partout dans le monde mais les incertitudes liées aux perspectives d’investissement des entreprises et de consommation des ménages ne sont pas levées. Ce qui devait arriver est en train de se produire. Plusieurs indicateurs publiés au cours des derniers jours semblent confirmer que la reprise s’est un peu essoufflée en août et en septembre dans certains pays, particulièrement les Etats-Unis. En témoigne l’emploi américain. La remontée de l’emploi privé dans les services se poursuit mais plus lentement qu’il y a quelques mois de cela, et reste à un niveau inférieur de 9% par rapport à début 2020. Même situation si on regarde le niveau d’emploi dans l’industrie qui est inférieur de 5% à celui du début d’année. C’est peu ou prou la même chose pour l’économie française. Cela confirme le scénario de la « reprise en aile d’oiseau » esquissé par la Banque de France il y a quelques mois de cela. Concrètement, après un bond rapide de l’activité en sortie immédiate de la récession, les principales économies mondiales sont désormais entrées dans une phase de reprise très progressive de l’activité qui va durer probablement plusieurs années avant de pouvoir espérer retrouver le niveau d’activité d’avant crise.

Le point technique

Au cours des dernières semaines, le vrai changement a eu lieu au niveau du marché des changes et de la monnaie unique européenne. La semaine dernière, l’EUR/USD a franchi pour la première fois depuis mai 2018 le seuil psychologique des 1,20, mais cette envolée fut éphémère puisqu’elle a été rapidement suivie par une consolidation de la paire dans la zone des 1,18-1,19 qu’on a connu une grande partie de l’été. Cette consolidation était liée à des prises de bénéfice de la part des cambistes (beaucoup avaient un objectif à 1,20) et à des propos de plusieurs membres du Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) s’inquiétant de la force de la monnaie unique. On sait qu’un taux de change autour de 1,20 commence à nuire à la compétitivité de la plupart des économies européennes (à l’exception notable de l’Allemagne). Il s’agit donc d’une zone de prix que ne souhaiterait pas voir durablement franchie la BCE dans la phase actuelle de reprise fragile. Selon les calculs de la banque américaine Goldman Sachs, la hausse des derniers mois de l’euro devrait déjà amputer la croissance de la zone euro d’un quart de point de pourcentage par an au cours des deux prochaines années. A moyen-terme, nous anticipons le maintien d’un range sur la paire EUR/USD compris entre 1,18 et 1,20, comme ce fut le cas une grande partie du mois d’août.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,15471,17051,19621,2020
EUR/GBP 0,88210,88690,90920,9228
EUR/CHF 1,05531,06461,08081,0862
EUR/CAD 1,52161,53001,56711,5748
EUR/JPY 123,45124,45126,61127,77

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Les annonces à suivre

Cette semaine, l’attention des cambistes se portera essentiellement sur la réunion de la BCE qui aura lieu jeudi. Aucun changement au niveau de la politique monétaire n’est attendu. En revanche, le ton employé par Christine Lagarde lors de la traditionnelle conférence de presse sera suivi de près. Ce sera le principal market mover de la semaine, c’est-à-dire l’évènement de marché susceptible d’entrainer de fortes fluctuations sur les changes et pour lequel il faudra prévoir une stratégie de couverture. La banque centrale est dans une situation compliquée. Les derniers chiffres de l’inflation pour le mois d’août ont surpris à la baisse, avec une estimation initiale pour l’inflation sous-jacente (hors prix du pétrole) à 0,4%, soit très loin de la cible de la BCE et de son scénario central d’évolution des prix en zone euro dévoilé en juin dernier. S’ajoute à cela la récente hausse de l’euro face au dollar américain qui induit une baisse de l’inflation importée et compromet donc d’autant la capacité de la banque centrale à atteindre son objectif d’inflation à long terme « proche mais inférieur à 2% ». Il est donc probable que Christine Lagarde adopte un ton accommodant lors de cette réunion, laissant la porte ouverte à de nouvelles mesures de soutien d’ici la fin de l’année via une hausse de l’enveloppe allouée au programme de rachats d’actifs d’urgence face à la pandémie (actuellement doté d’un montant total de 1700 milliards d’euros). Nous anticipons également, en lien avec les récents propos tenus par le chef économiste de la BCE, Philip Lane, qu’elle confirme que l’institution surveille de près la hausse de l’euro depuis quelques mois qui est source d’incertitudes concernant la reprise économique. Autrement dit, la session européenne de ce jeudi a de fortes chances de se traduire par un regain de volatilité sur les paires en euro, particulièrement l’EUR/USD.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
08/0916:00Décision de politique monétaireMaintien du taux directeur à 0,25%.
10/0913:45Communiqué de la Banque Centrale EuropéennePolitique monétaire inchangée
14:30Conférence de presse de Christine LagardeLe marché table sur un ton accommodant, laissant la porte à de nouvelles mesures de soutien, suite aux récents chiffres décevants de l’inflation.
11/0914:30IPC core (Août)Baisse de l’inflation sous-jacente à 0,2% contre 0,6% précédemment, confirmant une énième fois que la pandémie constitue d’abord un choc déflationniste.

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