Cette semaine, la Réserve Fédérale américaine fait sa rentrée. Le marché monétaire estime qu’une baisse des taux est quasiment certaine en mai prochain. Et si finalement la banque centrale ne baissait le loyer de l’argent que bien plus tard dans l’année, par exemple au deuxième semestre ? Ce n’est pas improbable. Ce serait en tout cas un facteur de soutien inattendu pour le dollar américain.
Tout le monde s’est focalisé sur la Banque Centrale Européenne (BCE) la semaine dernière. Mais il n’y avait finalement rien à attendre. Comme prévu, elle s’est abstenue de s’engager sur un calendrier précis de baisse des taux. Elle continue de s’inquiéter d’une éventuelle boucle prix-salaire (qui n’est pas vraiment perceptible au niveau de l’ensemble de la zone euro) et des retombées sur l’inflation de la paralysie du commerce international (trafic au niveau du Canal de Suez qui est quasiment stoppé). Il faudra certainement attendre plusieurs mois avant d’y voir plus clair. La Banque du Canada (BoC) était l’autre banque centrale qui s’est réunie la semaine passée. Là encore, aucun changement de politique monétaire. En revanche, elle a indiqué que le cycle de hausse des taux est terminé. L’avenir s’annonce compliqué : l’inflation des services a atteint un pic mi-2023 mais l’inflation reste encore élevée dans certains pans de l’économie et, pour ne rien arranger, le scénario d’un hard landing (récession) se précise. Le Canada n’est pas le seul pays développé dans cette situation. Les derniers indicateurs d’activité PMI pour la zone euro (notamment pour la France et l’Allemagne) dressent un tableau plutôt noir de la situation économique. L’Allemagne devrait être en récession toute l’année 2024 et la France risque également d’entrer en récession (contraction du PIB au quatrième trimestre 2023 et probablement aussi au premier trimestre 2024). La bonne nouvelle, c’est que l’amplitude éventuelle de la récession devrait être limitée (rien à avoir avec la crise financière de 2007-2008 ou même la crise de la dette en zone euro).
La vraie information de la semaine dernière, ce sont les tentatives de la Chine de soutenir une partie de l’économie. Le marché boursier chinois s’effondre depuis août dernier – signe du manque de confiance des investisseurs internationaux dans l’économie du pays. Les flux de capitaux sortants atteignent des niveaux records. Afin de freiner la baisse, le gouvernement envisage un plan de soutien d’environ 287 milliards de dollars consistant notamment en des achats d’actions de la part des fonds d’investissement locaux. Pour l’instant, ce n’est pas efficace. Le sentiment boursier est toujours négatif. Surtout, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse de 50 points de base du taux de réserve obligatoire des banques, effectif à partir du 5 février prochain. Cela va permettre, en théorie, d’injecter dans le circuit économique près de 1000 milliards de yuans. Cela peut paraître beaucoup. Mais au regard de la taille de l’économie chinoise, c’est peu. Une partie devrait être allouée afin de soutenir le secteur de l’immobilier, qui est toujours en difficulté. Une autre partie va permettre d’accroître la liquidité juste avant le nouvel an chinois (début le 10 février). Habituellement, cette période de fêtes coïncide par une baisse de la liquidité et une tendance à la hausse du yuan (forte demande de cash). Selon nous, l’objectif de la Chine est d’éviter un accident de liquidité, alors que l’économie a de nombreux points de fragilité. Cela n’augure en rien une relance massive, en particulier via le budget. En décembre dernier, et ce fut confirmé par la suite, Pékin a annoncé refuser toute hausse des dépenses publiques en 2024 de la part du gouvernement central et des gouvernements locaux. Ceux qui espèrent une relance comme en 2015 vont être déçus. La croissance chinoise va certainement se stabiliser dans les années à venir autour de 4% par an. C’est peu au regard du stade de développement économique de la Chine.
Le point technique
Sur le marché des changes, le dollar index a atteint un point haut d’un mois dans la foulée de la victoire de Trump. Si on ajoute à cela les incertitudes concernant le rythme de baisse des taux des deux côtés de l’Atlantique (un sujet que nous avons longuement évoqué la semaine dernière), tout conduit logiquement à une baisse de l’EUR/USD. La paire affiche un repli de 1,4% depuis le début de l’année. Nous nous attendons à ce que le mouvement de baisse se poursuive. Face à ses autres contreparties, l’euro est en hausse. La progression de l’EUR/JPY est le phénomène le plus marquant de la semaine écoulée (+2,8% depuis le début de l’année). Maintenant que les cambistes ont compris que la Banque du Japon ne va pas normaliser prochainement sa politique monétaire, les vendeurs s’en donnent à cœur joie sur le yen japonais. L’euro est également en progression face au dollar canadien (CAD) – mais dans des proportions moindres. Cela s’explique surtout par une baisse du CAD, la devise étant pénalisée par le niveau très bas des matières premières, en particulier du pétrole. C’est, selon nous, un phénomène durable.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
Supports | hebdo | Résistances | hebdo | |
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S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 1,0600 | 1,0677 | 1,1009 | 1,1099 |
EUR/GBP | 0,8413 | 0,8499 | 0,8683 | 0,8712 |
EUR/CHF | 0,9288 | 0,9309 | 0,9503 | 0,9699 |
EUR/CAD | 1,4488 | 1,4589 | 1,4834 | 1,4899 |
EUR/JPY | 157,44 | 159,09 | 161,77 | 162,88 |
Les annonces à suivre
Sur le marché des changes, nous restons dans un environnement favorable au dollar américain (hausse de 0,40% face à l’euro en variation hebdomadaire, par exemple). Cela s’explique en partie par le maintien d’un risque géopolitique élevé mais surtout par le renforcement des positions acheteuses par les investisseurs juste avant la réunion de la Réserve Fédérale les 30 et 31 janvier. La résistance de l’économie américaine, qui a une nouvelle fois été prouvée par la publication du PIB américain au quatrième trimestre, est un autre élément de soutien. Le maintien d’un dollar élevé devrait conduire la paire EUR/USD à rallier la zone de 1,07 à court terme, selon nous. Beaucoup de paires continuent également de rester dans une situation de range. C’est le cas de l’EUR/GBP et de l’EUR/CHF. Enfin, les positions vendeuses continuent de s’accumuler sur le yen japonais. Le marché monétaire prévoit une possible normalisation de la politique de taux au Japon dans le meilleur des cas au deuxième trimestre. Mais cela pourrait être repoussé à plus tard. Dans tous les cas, pour l’instant, il n’y a pas suffisamment de visibilité sur la politique monétaire nippone pour que le yen se reprenne. La hausse de l’EUR/JPY devrait continuer dans les séances et les semaines à venir.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
Jour | Heure | Pays | Indicateur | À quoi s'attendre ? |
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Le 30/01/2024 | 16:00 | USA | Confiance des consommateurs du Conference Board (Janvier) | Précédent à 110,7. |
Le 31/01/2024 | 14:15 | USA | Enquête ADP sur l’emploi (Janvier) | Précédent à 164k. Attention, fiabilité faible. |
Le 31/01/2024 | 14:30 | USA | Réunion de la banque centrale | Aucun changement au niveau des taux attendu. |
Le 01/02/2024 | 13:00 | UK | Réunion de la banque centrale | Aucun changement au niveau des taux attendu. |
Le 02/02/2024 | 14:30 | USA | Rapport sur l’emploi du Département du Travail (Janvier) | Précédent à 216k (tout à fait honorable) et taux de chômage à 3,7% de la population active. |
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