L’Europe se referme (un peu)

Le point macro

Mauvaise nouvelle. Le repli prévu de l’économie européenne au premier trimestre de cette année va perdurer au moins jusqu’à fin avril-début mai. Au cours des deux dernières semaines, les principaux pays européens ont décidé d’introduire de nouvelles mesures de restrictions pour faire face à la troisième vague de la pandémie. La France et la Pologne ont mis en place un nouveau confinement (le troisième pour la France). L’Allemagne et les Pays Bas ont décidé de prolonger leur confinement partiel au moins jusqu’à la troisième semaine d’avril. Le variant britannique, plus contagieux et qui touche des populations plus jeunes, est désormais dominant en Europe. Il représente 67% des infections en France, contre environ 50% il y a un mois de cela. En Allemagne, la proportion est similaire (65%). Etant donné la lenteur du déploiement du vaccin en Europe et les problèmes rencontrés au niveau de la chaine de production, les dirigeants européens n’avaient pas d’autres choix que de mettre en œuvre des mesures plus strictes de lutte contre la pandémie. Ces mesures auront toutefois un impact économique moindre que les deux précédents confinements de mars et de l’automne 2020. Dans bien des cas, l’intention des autorités politiques a consisté à éviter de brider l’activité économique. Néanmoins, cela va inévitablement accentuer le différentiel de croissance entre l’Europe et les Etats-Unis et se traduire, entre autres choses, par un regain de flux de capitaux entrants aux Etats-Unis dans les mois à venir. Ces mouvements de capitaux devraient structurellement soutenir la tendance à la hausse du dollar américain à moyen terme – confirmant ce que nous avions évoqué la semaine dernière.

Du côté américain, la pandémie est maîtrisée pour l’instant, avec une baisse continue des nouvelles infections journalières depuis plusieurs semaines. En tenant compte des mesures budgétaires déjà prises et des discussions autour d’un plan de relance via les infrastructures d’un montant astronomique de 3000 milliards de dollars, tout laisse à penser que le rebond de l’économie américaine va être très puissant, dès le deuxième trimestre de cette année. La question de la propagation de souches mutantes du virus se pose également outre-Atlantique, mais dans des proportions moindres. La rapidité du processus de vaccination permet d’anticiper une levée rapide des mesures de distanciation sociale – probablement dans les semaines à venir.

Le point technique

Sur le marché des changes, la trajectoire de l’euro face au dollar américain est très claire. La baisse amorcée depuis déjà plusieurs mois s’est accélérée au cours des dernières séances (repli en variation hebdomadaire de 2,3% de l’euro face au billet vert). Cette baisse s’explique notamment par le différentiel de croissance anticipée entre les Etats-Unis et la zone euro qui reflète le retard pris par l’Europe dans le processus de vaccination. La paire évolue désormais proche de ses points bas de 2021. Tout indique que la phase baissière n’est pas encore terminée. Du point de vue de l’analyse technique, la cassure la semaine passée de la moyenne mobile à 200 jours située à 1,1854 constitue un important signal baissier. L’objectif à moyen terme est désormais un retour vers les points bas de novembre 2020, dans la zone des 1,1600.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SUPPORTSHEBDORÉSISTANCES HEBDO
S2S1R1R2
EUR/USD1,1600
1,16921,19711,2037
EUR/GBP 0,83730,84800,86400,8693
EUR/CHF 1,08401,09501,11161,1170
EUR/CAD 1,46311,47501,49391,4989
EUR/JPY 126,60127,17130,42131,22

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Les annonces à suivre

Cette semaine sera essentiellement consacrée à l’actualité américaine. Les discussions entre le Congrès et la Maison Blanche sur le programme d’infrastructures vont se poursuivre. A ce stade, personne n’anticipe qu’un accord soit trouvé avant au moins l’été. Plusieurs statistiques américaines, dans l’ensemble très positives, sont attendues ce qui devrait soutenir le dollar américain. L’indice de confiance du consommateur (Conference Board) devrait connaître un bond à 96.0 sous l’effet de la réception des chèques de relance par les ménages américains. Ces chèques, qui ont été versés à la fois par l’administration Trump et par l’administration Biden, ont permis de préserver le pouvoir d’achat de la majeure partie de la population en l’absence de stabilisateurs automatiques similaires à ceux existant en Europe. Le marché de l’emploi devrait également continuer de bien se porter. Le consensus table sur une multiplication quasiment par quatre du nombre de créations d’emplois en mars par rapport à février (à 403K). Tout cela confirme que la reprise américaine est déjà bien installée…alors qu’à l’inverse l’Europe se débat encore avec le virus et une activité économique attendue en berne au deuxième trimestre. La thématique de la surperformance économique de l’Europe par rapport aux Etats-Unis qui prévalait l’été dernier (liée à une meilleure gestion de la pandémie à l’époque) n’a pas fait long feu.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JOURHEUREPAYSINDICATEURA QUOI S'ATTENDRE ?
30/0315:00Confiance du consommateur – Conference Board (Mars)Bond attendu à 96,0 contre 91,3 précédemment (effet des chèques de relance ?)
31/0308:55Evolution du nombre de chômeurs (Mars)Repli : -13K
13:15Créations d’emplois non agricoles (Mars)Bond à 403K contre 117K le mois précédent.
15:00Promesses de ventes de logements (Février)Baisse attendue à -3,5% contre -2,8% précédemment.
01/0415:00Indice ISM manufacturier (Mars)Maintien à un niveau élevé, à 61,0 selon le consensus.

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