L’inflation est encore là

Beaucoup d’échéances électorales cette semaine avec le second tour des législatives en France et l’élection générale du 4 juillet au Royaume-Uni. Cela peut créer de la volatilité. Mais le vrai enjeu, c’est le retour des pressions inflationnistes.

On pensait que la bataille contre l’inflation élevée était presque gagnée. En réalité, c’est plus compliqué qu’on le croit. Au Canada, l’inflation a surpris à la hausse en augmentant de 2,9% sur un an en mai contre 2,6% anticipés. Il est probable que la Banque du Canada réfléchisse à deux fois avant de baisser de nouveau les taux. Même chose en Australie à tel point que le marché monétaire prévoit désormais que la banque centrale australienne…pourrait augmenter ses taux en août ! Pourquoi nous intéressons-nous au Canada et à l’Australie ? Ce sont deux petites économies ouvertes qui sont généralement de bons indicateurs avancés des changements conjoncturels de l’économie mondiale. Le message qui est envoyé est clair : les pressions inflationnistes sont encore présentes. Un seul exemple : le prix du fret maritime continue de grimper à 4510 dollars contre 1200 dollars en fin d’année 2023.
Pour l’instant, les pressions inflationnistes ne devraient pas entraîner des conséquences sur la direction de la politique monétaire en Europe et aux États-Unis. Côté européen, il est acquis que la Banque Centrale Européenne (BCE) va baisser ses taux en septembre de 25 points de base. Au Royaume-Uni, une première baisse des taux semble envisageable en août au regard de la détente observée sur le marché de l’emploi. Nous pensons également que la Réserve Fédérale (Fed) va baisser au moins à une occasion son taux directeur cette année. Le calendrier est plus compliqué du fait de l’élection présidentielle américaine. Si on ne prenait en compte que la macroéconomie, une baisse des taux serait idéale en décembre – l’économie américaine n’a pas besoin de soutien immédiat. Mais c’est prendre le risque d’être confronté à une situation politique complexe si le scrutin de novembre est contesté. Le moins mauvais des scénarios selon nous repose sur une baisse des taux de 25 points de base en septembre suivi par une pause jusqu’au début de l’année 2025. Ici et là, les pressions inflationnistes pourraient aussi retarder le cycle d’assouplissement. Un papier de recherche publié par la BCE la semaine dernière indique par exemple qu’il faudra peut-être attendre encore un peu avant de crier victoire face à l’inflation.
Au Japon, les autorités ne cessent de mettre en garde contre l’effondrement du yen face au dollar américain (et dans une moindre mesure face à l’euro). Jusqu’à présent, cela n’a eu aucun effet sur le marché des changes. Le rapport hebdomadaire de la CFTC (équivalent du régulateur boursier américain) confirme que les investisseurs institutionnels sont toujours positionnés à la vente sur le yen. Nous doutons de plus en plus que le Japon souhaite réellement un yen fort. Tant que les ventes au détail sont un peu en berne, l’économie nippone est essentiellement stimulée par les exportations, dont la dynamique dépend en partie de l’effet taux de change. Ce sont d’ailleurs les exportations qui ont évité à l’archipel de sombrer en récession au début d’année. De notre point de vue, ce que le Japon peut espérer de mieux, c’est une stabilisation du yen…à un niveau très bas. Ce fut le cas au moment de la crise financière mondiale. Pour l’EUR/JPY, cela signifie une stabilisation dans un range compris entre 167 et 170 – qui nous paraît optimal. C’est notre scénario central. Néanmoins, on ne peut rien exclure c’est pourquoi il faut bien penser à adapter sa couverture de change en cas d’exposition à la monnaie japonaise.
Enfin, une bonne nouvelle pour le yuan. L’internationalisation de la devise chinoise continue. Elle avait connu un arrêt brutal à la suite de la triple dévaluation d’août 2015. Selon les données des douanes chinoises publiées la semaine dernière, la part de marchandises et de services payés en CNH par le pays est supérieure de 30% à son pic de 2015.

Le point technique

Le principal phénomène survenant sur le marché est la fin du carry trade. Les stratégies de carry trade ont besoin de deux conditions indispensables pour réussir : forte divergence au niveau des taux et volatilité faible. Ces conditions ne sont plus réunies de manière optimale désormais. Le différentiel de taux s’est comprimé entre les principales économies et un contexte macroéconomique plus incertain a aussi induit un retour de la volatilité. Celle-ci devrait continuer d’augmenter en deuxième partie d’année avec l’émergence du risque politique (particulièrement l’élection présidentielle américaine). Ce contexte est, en revanche, très favorable pour le dollar américain qui offre un taux de rendement plus élevé que 62% des devises du marché des changes, selon Bloomberg. Nous sommes donc toujours haussiers pour le dollar face aux principales devises du G10, euro compris. Pour l’EUR/USD, cela devrait se traduire par une baisse vers 1,05.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,05541,06011,08121,0900
EUR/GBP 0,83110,83330,86550,8688
EUR/CHF 0,93880,94120,96450,9701
EUR/CAD 1,44771,45111,47871,4867
EUR/JPY 167,88169,11171,99172,56

Les annonces à suivre

La semaine dernière était plutôt calme sur le front des données. Ce ne sera pas le cas cette semaine. L’emploi américain est certainement la statistique la plus importante à suivre. Des données avancées indiquent un ralentissement de la dynamique d’emploi et des hausses de salaire. Si cela se confirme, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la Fed qui pourrait baisser ses taux en septembre. La politique sera aussi au rendez-vous avec le second tour des élections législatives en France (ne pas surestimer l’effet sur le marché des changes !) et l’élection générale du 4 juillet au Royaume-Uni (faible effet sur la livre sterling).

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 02/07/202411:00EURIndice des prix à la consommation (Mai)Précédent à 2,6% sur un an.
Le 03/07/202414:30USACréations d’emplois non agricoles ADP (Juin)Précédent à 152K.
Le 05/07/202414:30USAChiffres de l’emploi par le Département du Travail (Juin)Précédent à 272K.

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