Les principaux fondamentaux de l’économie américaine sont bons. L’inflation reste toujours le principal point noir toutefois. Les chiffres publiés pour le mois d’août la semaine dernière ont provoqué un petit vent de panique sur les marchés financiers et ont poussé à la hausse le dollar index (qui permet de mesurer l’évolution du dollar face à un panier de devises majeures). L’indice des prix à la consommation (IPC) a baissé moins que prévu (8,3% en variation annuelle contre un consensus à 8,1%). Les prix de l’essence ont continué de diminuer, comme au mois de juillet. Mais l’inflation sous-jacente (qui exclut les éléments les plus volatils comme l’énergie et l’alimentation) a progressé plus que prévu (0,6% en variation mensuelle – soit le double de ce que les analystes avaient anticipé). C’est le signe que l’inflation se répand dans tous les segments de l’économie, en particulier dans les services. L’indice des prix à la production (IPP), qui est souvent considéré comme un indicateur avancé de l’IPC, a chuté sans surprise mais reste très élevé à 8,7% en variation mensuelle. Il n’y a pas de raison de se réjouir. Cela renforce le scénario à court terme d’une nouvelle hausse des taux par la Réserve Fédérale américaine (dès cette semaine). Chez Mondial Change, nous estimons qu’une hausse de 75 points de base est appropriée et fortement probable. Cependant, une minorité d’analystes anticipent une action plus agressive, de l’ordre de 100 points de base (30% des analystes adhèrent à ce scénario selon le marché monétaire). Au-delà de l’ampleur de la hausse des taux en septembre, les récentes données de l’inflation américaine confirment deux choses. Premièrement, la politique monétaire n’est certainement pas encore suffisamment restrictive pour avoir un effet réel sur la dynamique d’inflation. Il faudra beaucoup plus de hausses de taux pour y parvenir dans les mois à venir. Deuxièmement, l’inflation est très volatile à court terme. Son évolution dépend d’une myriade de facteurs, parfois éloignés comme la politique zéro Covid en Chine qui peut entraîner des conséquences sur les chaînes logistiques. Il faudra certainement attendre encore quelques mois afin de savoir avec certitude si le pic d’inflation est bien derrière nous aux Etats-Unis (c’est notre avis). Il y a deux bonnes nouvelles toutefois. Les ventes au détail au mois d’août ont progressé de 0,3% en variation mensuelle aux Etats-Unis. C’est une bonne performance qui souligne que le consommateur américain se porte encore bien malgré la hausse des prix. Les ventes au niveau du secteur des services sont notamment soutenues. Enfin, les revendications hebdomadaires au chômage ont chuté plus que prévu à 213000. C’est le plus bas niveau depuis le mois de juin et la cinquième semaine consécutive de repli. Cela indique que le marché du travail outre-Atlantique est toujours en pleine forme (attention, il faut aussi garder à l’esprit que le marché de l’emploi est un indicateur en retard par rapport au cycle économique).
Plus près de nous, l’inflation britannique est toujours hors de contrôle. Au mois d’août, l’IPC est ressorti à 9,9% en variation annuelle. L’inflation sous-jacente a atteint un nouveau point pendant ce cycle économique à 6,3% en variation annuelle contre un consensus à 6,2%. Le pic d’inflation est attendu proche de 13% (scénario optimiste) et devrait s’accompagner d’une longue récession durant cinq trimestres et entraînant une baisse du PIB de l’ordre de 2,1% selon les estimations de la Banque d’Angleterre. La France n’est pas à l’abri de la récession. La banque internationale Barclays est la première institution de renom à annoncer l’entrée en récession du pays l’an prochain (contraction du PIB de l’ordre de 0,7%). C’est réaliste. Mais l’ampleur et la durée de la récession vont fortement dépendre de l’évolution de la crise énergétique et de la possibilité de rationnements au cours de l’hiver. Il est certainement encore trop tôt pour savoir avec exactitude ce que nous réserve l’année 2023 sur le plan macroéconomique. Pour l’instant, le gouvernement français exclut la possibilité d’une récession et table sur une croissance de 1% l’an prochain selon le projet de loi de finance 2023 (qui sera officiellement présenté le 26 septembre). Entre-temps, de nouvelles mesures de soutien ont été annoncées dont une extension du bouclier tarifaire pour un coût de 16 milliards d’euros. Selon nos calculs, le gouvernement français a mis sur la table plus de 60 milliards d’euros depuis septembre 2021 pour ‘accommoder’ les entreprises et les ménages face à la hausse des prix de l’énergie. Ce n’est qu’un début, certainement.
Sur le marché des changes, le dollar roi est toujours la norme. La devise américaine a atteint de nouveaux points hauts face à plusieurs monnaies la semaine dernière (en particulier face au dollar canadien, au dollar néo-zélandais, à la livre sterling et à la couronne norvégienne). L’aversion au risque qui s’accompagne d’une montée des taux d’intérêt au niveau mondial (surtout du taux d’intérêt à 10 ans de la dette américaine) va continuer de pousser le dollar à la hausse. Face à l’euro, le dollar affiche une hausse de 5,6% en variation mensuelle. La paire EUR/USD évolue autour de la parité depuis plusieurs séances. Mais une baisse plus accentuée est inévitable. Nous sommes toujours baissiers sur l’EUR/USD (c’est le cas depuis plusieurs mois). Nous n’anticipons aucun changement de direction à moyen terme. Du point de vue de l’analyse technique, le niveau de support à surveiller cette semaine se situe à 0,9860.
Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.
SUPPORTS | HEBDO | RÉSISTANCES | HEBDO | |
---|---|---|---|---|
S2 | S1 | R1 | R2 | |
EUR/USD | 0,9781 | 0,9860 | 1,0287 | 1,0440 |
EUR/GBP | 0,8435 | 0,8575 | 0,8856 | 0,8989 |
EUR/CHF | 0,9199 | 0,9413 | 0,9840 | 1,0150 |
EUR/CAD | 1,2867 | 1,3031 | 1,3524 | 1,3670 |
EUR/JPY | 140,60 | 141,00 | 144,83 | 146,91 |
+33 (0)1 48 09 09 83
Cette semaine, il n’y aura pas que la Réserve Fédérale américaine qui va durcir sa politique monétaire. D’autres vont le faire. La Banque Nationale Suisse devrait emboîter le pas de la Banque Centrale Européenne (hausse de 75 points de base). Elle possède une marge de manœuvre certaine puisque le risque de récession de la Confédération helvétique est marginal. La Banque d’Angleterre devait initialement se réunir la semaine dernière. Ce fut reporté à cause du décès de la reine Elizabeth II. Elle devrait également augmenter son taux directeur de 75 points de base. Il y a quelques années de cela, des hausses de telle ampleur étaient inimaginables. La norme était d’augmenter précautionneusement les taux de 25 points de base. C’était avant que nous entrions dans l’ère de l’inflation durable. Il va sans dire que la multiplication des réunions de banques centrales cette semaine accroît la probabilité d’assister à un fort rebond de la volatilité sur les taux de changes.
Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.
JOUR | HEURE | PAYS | INDICATEUR | A QUOI S'ATTENDRE ? |
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21/09 | 20:00 | Communiqué de presse de la banque centrale et mise à jour des projections macroéconomiques | Hausse du taux directeur attendue à 75 points de base. | |
20:30 | Conférence de presse de J. Powell | Il est peu probable que Powell donne une direction claire concernant la trajectoire de hausse des taux à moyen terme. | ||
22/09 | 09:30 | Réunion de la banque centrale | La Banque Nationale Suisse pourrait emboiter le pas de la Banque Centrale Européenne et opter pour une hausse du taux directeur de 75 points de base. | |
13:00 | Réunion de la banque centrale | Hausse probable du taux directeur de 75 points de base. |
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