Tic tac

C’est le baroud d’honneur des banques centrales cette semaine. La Fed, la BCE, la BNS et la BoE vont se réunir. Mais ne vous attendez pas à des surprises. Elles devraient toutes maintenir leurs taux directeurs échangés et surtout être peu loquaces sur la direction que la politique monétaire va prendre l’an prochain. Nous savons tous que les taux directeurs vont baisser. Mais il est encore trop tôt pour connaître le timing exact et l’ampleur.

C’est la dernière ligne droite pour les banques centrales cette semaine. Quatre des principales banques centrales mondiales, la Réserve Fédérale (Fed), la Banque Centrale Européenne (BCE), la Banque Nationale Suisse (BNS) et la Banque d’Angleterre (BoE) doivent se réunir. Le statu quo monétaire est systématiquement attendu, pour des raisons différentes. En Suisse, l’inflation a reflué plus vite que prévu sous la cible de 2% de la banque centrale. Elle n’a donc aucune raison d’augmenter de nouveau les taux directeurs. Au Royaume-Uni, c’est plutôt le ralentissement économique à l’œuvre et le risque de récession qui vont inciter la BoE à ne pas bouger les taux. Aux États-Unis, l’économie est de manière surprenante très résiliente, comme nous l’avons montré la semaine passée, et le processus de désinflation se poursuit à un bon rythme donc pourquoi faire la hausse de taux de trop. Enfin, la BCE laisse la porte ouverte à une nouvelle hausse des taux, si nécessaire. Mais tout le monde a conscience que c’est du bluff. Avec le recul marqué du crédit, qui est l’un des principaux contributeurs à la croissance économique, la BCE a toutes les raisons du monde de s’inquiéter du ralentissement de l’activité qui sévit. Alors que les perspectives d’investissement des entreprises américaines sont bien orientées pour l’année prochaine, en zone euro, elles sont au plus bas du fait de difficultés d’accès au crédit. L’octroi de crédit aux entreprises dans l’Union renoue avec ses points bas de 2015. Ce n’est pas une bonne nouvelle.
Les cambistes vont être évidemment tentés d’obtenir des informations sur le prochain cycle d’assouplissement monétaire. C’est le sujet pour l’année 2024. Quand les banques centrales vont-elles baisser les taux directeurs ? Il est probable que, dans la plupart des cas, elles s’abstiennent de donner des indications précises. C’est trop tôt. Le marché monétaire anticipe maintenant une baisse significative des taux à partir du printemps 2024. Nous sommes revenus, après des semaines de forte volatilité, aux anticipations de début août dernier. Mais peut-être pour de meilleures raisons. La baisse prévue des taux est justifiée par le ralentissement de l’inflation plutôt que par le risque d’une récession prochaine. Nous considérons que le cycle d’assouplissement sera, à maints égards, différents des précédents, principalement pour deux raisons :

  • Nous pensons que c’est la BCE qui va ouvrir le bal des baisses de taux, potentiellement dès le mois de mars 2024. Historiquement, sur les neuf derniers cycles économiques, c’est la Fed qui fut la première à baisser les taux à huit reprises. Il y a donc juste une seule exception. La baisse des taux se justifie plus en zone euro qu’aux États-Unis. Il apparaît que l’économie européenne est plus sensible au durcissement du loyer de l’argent que l’économie américaine. Cela s’explique certainement par le fait que le gouvernement fédéral a eu abondamment recours au déficit budgétaire (7% du PIB cette année), ce qui a permis de compenser l’effet nuisible sur l’activité économique des taux élevés. Ce n’est pas la même configuration en zone euro. En outre, le différentiel de croissance va jouer un rôle majeur. Nous nous attendons, comme c’est généralement le cas, à ce que l’économie américaine surperforme l’économie de la zone euro. Par conséquent, c’est surtout en zone euro qu’il y aura un besoin plus important de baisse des taux.
  • Les banques centrales sont moins pressées que lors des précédents cycles à baisser massivement les taux. Le marché monétaire anticipe que les baisses des taux seront de l’ordre de 100 points de base l’an prochain des deux côtés de l’Atlantique. Mais c’est oublier que l’inflation est là. Même si elle nuit de façon marginale à l’économie réelle, c’est une nouvelle donnée à prendre en compte pour les banques centrales. Un niveau d’inflation supérieur à ce qui prévalait avant la Covid va inciter les banques centrales à agir par prudence, afin de ne pas permettre que les pressions inflationnistes ne ressurgissent.

Le point technique

Comment tout cela va se traduire sur le marché des changes ? La baisse des taux plus rapides en zone euro qu’aux États-Unis va dans le sens d’un affaiblissement de l’euro. C’est cohérent avec le scénario que nous avons mis en avant depuis plusieurs semaines : le marché est trop pessimiste à l’égard du dollar américain et l’euro est surévalué par rapport aux fondamentaux économiques. Nous pensons que le niveau optimal pour l’EUR/USD est à 1,05. Nous doutons qu’il soit atteint d’ici la fin de l’année. Mais c’est une cible cohérente pour le début d’année prochaine, surtout si la BCE agit avant la Fed. En outre, si l’économie américaine surperforme celle de la zone euro, cela va accentuer les flux de capitaux entrants aux États-Unis. C’est un facteur structurel qui a tendance à soutenir à long terme le dollar américain. Nous sommes donc très sceptiques par rapport aux prévisions de certains économistes et analystes qui prévoient un cycle baissier durable pour le dollar américain en raison de la baisse de la productivité aux États-Unis, du ralentissement économique et du processus de dédollarisation. Ces arguments ne nous semblent pas valables. Certains sont même factuellement faux. Les dernières données montrent que la productivité américaine augmente. C’est une surprise. Mais c’est bien en train de se produire.

Les supports et résistances affichés ci-dessous indiquent respectivement les points bas et hauts au sein desquels les cours devraient évoluer dans le courant de la semaine.

 SupportshebdoRésistanceshebdo
S2S1R1R2
EUR/USD1,05991,06551,08451,0999
EUR/GBP 0,84450,84880,86900,8745
EUR/CHF 0,93090,93350,96440,9698
EUR/CAD 1,44441,45131,47451,4813
EUR/JPY 152,50153,99157,55158,15

Les annonces à suivre

Outre les banques centrales qui restent le point d’attention majeur cette semaine, il faudra garder en tête que le paramètre politique va s’imposer comme une donnée centrale sur les marchés financiers dans les semaines à venir. Les primaires pour l’élection présidentielle américaine de novembre 2024 commencent le 15 janvier prochain (primaire de l’Iowa). On va donc rapidement parler de Donald Trump, de ses esclandres, et de protectionnisme économique. Sans surprise, ce dernier aspect est au cœur de son programme économique. Cela va certainement susciter un regain de volatilité sur les paires en USD en 2024, surtout si l’hypothèse d’une condamnation à de la prison devient une réalité pour Donald Trump. Nous aborderons plus en détail ce sujet passionnant dans les semaines à venir.

Vous trouverez ci-dessous les publications et événements qui devraient avoir un impact majeur sur l’évolution du cours des devises.

JourHeurePaysIndicateurÀ quoi s'attendre ?
Le 12/12/202314:30USAIndice des prix à la consommation (Novembre)Précédent à 3,2% sur un an.
Le 13/12/202314:30USAIndice des prix à la production (Novembre)Précédent à -0,5% sur un mois.
Le 13/12/202319:00USARéunion de la banque centraleAucun changement de la politique monétaire à court terme.
Le 14/12/202309:30SUIRéunion de la banque centraleAucun changement de la politique monétaire à court terme.
Le 14/12/202313:00UKRéunion de la banque centraleAucun changement de la politique monétaire à court terme.
Le 14/12/202314:15EURRéunion de la banque centraleAucun changement de la politique monétaire à court terme.

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